Le Troisième Reich, T1
démographiques et territoriales. Les
Polonais viendront à Berlin le 30 août. Le 31, rupture des négociations. 1er
septembre, le recours à la force commence. »
[228] Bien que rédigée en termes conciliants, la note britannique était pleine de
fermeté. Le gouvernement de Sa Majesté, disait-elle, « éprouvait le même désir
» que le gouvernement allemand de voir s'améliorer les relations
germano-britanniques, mais « il ne pouvait sacrifier les Intérêts d'autres amis
pour obtenir cette amélioration ». Il comprenait pleinement, poursuivait-elle,
que le gouvernement allemand ne pouvait sacrifier les intérêts vitaux de
l'Allemagne, mais le gouvernement polonais (se trouvait) dans la même
situation. Le gouvernement britannique devait donc faire « d'expresses réserves
» touchant les propositions d'Hitler et tout en recommandant chaudement des
négociations directes entre Berlin et Varsovie considérait qu' « il était
impossible d'établir dès aujourd'hui un contact ». (Texte extrait du British
Blue Book, pp. 142-143.)
[229] Ribbentrop, qui, de l'avis de l'auteur, fut, de tous les principaux accusés de
Nuremberg, celui qui campa la plus piètre figure et produisit la plus
lamentable défense, prétendit à la barre qu'Hitler lui « dicta personnellement
les seize points » et lui avait « expressément interdit de se dessaisir de ces
propositions ». Pourquoi? il ne le dit pas, et on ne le lui demanda pas au
cours du contre-interrogatoire. « Hitler m'avait dit, reconnut Ribbentrop, que
je pouvais très bien n'en communiquer que la substance à l'ambassadeur anglais
si je le jugeais bon. J'allai un peu plus loin : je lui lus toutes les
propositions, du début à la fin (59). Le docteur Schmidt nie que Ribbentrop ait
lu le texte des propositions en allemand à une allure telle qu'il fut impossible
à Henderson de les saisir. Il prétend que le ministre des Affaires étrangères
ne « se pressa pas tant que cela ». Henderson, dit Schmidt, n' « avait pas une
maîtrise particulière de l'allemand », et il se serait peut-être mieux tiré de
ces graves entretiens si ceux-ci avaient eu lieu dans sa propre langue.
Ribbentrop possédait parfaitement l'anglais, mais il refusa d'y recourir
pendant tous ces pourparlers (60).
[230] Le texte des 16 propositions fut télégraphié au chargé d'affaires allemand à
Londres, le 30 août, à vingt et une heure quinze, soit quatre heures avant que
Ribbentrop ne les « débitât » à Henderson. Mais le destinataire reçut l'ordre
de les « garder strictement secrètes et de ne les communiquer à qui que ce fût
avant d'avoir reçu de nouvelles instructions (61) ». Hitler, dans sa note de la
veille, avait promis de les soumettre au gouvernement britannique avant
l'arrivée du négociateur polonais.
[231] Dans une dépêche adressée à Halifax et enregistrée le 31 août à cinq heures
quinze du matin. Henderson rapporta qu'il avait également conseillé à Lipski «
en termes très énergiques » de « téléphoner » à Ribbentrop pour lui demander
les propositions allemandes dans le but de les communiquer au gouvernement
polonais. Lipski lui répondit qu'il lui fallait d'abord consulter Varsovie. «
L'ambassadeur de Pologne, ajoutait Henderson, promit de téléphoner sur-le-champ
à son gouvernement, mais il est si apathique et à ce point paralysé par les
instructions de son gouvernement que je ne puis croire à l'efficacité de son
action (63). »
[232] A la barre de Nuremberg, Gœring prétendit qu'en livrant le texte de l' « offre
d'Hitler » à l'ambassade de Grande-Bretagne il prenait « un risque énorme »,
puisque le Führer en avait interdit la publication. « J'étais le seul, déclara
Gœring au tribunal, à pouvoir assumer un tel risque (64). »
[233] Malgré toute sa pondération naturelle, l'ambassadeur de France appuya en ceci
son collègue britannique. A neuf heures Henderson lui avait téléphoné pour le
prévenir que, si les Polonais n'avaient pas accepté à midi d'envoyer à Berlin
un plénipotentiaire, l'armée allemande déclencherait son attaque. Coulondre se
rendit immédiatement à l'ambassade de Pologne et insista auprès de Lipski pour
qu'il téléphonât à son gouvernement et sollicitât l'autorisation d'entrer
immédiatement en contact avec les Allemands en qualité de « plénipotentiaire ».
Livre Jaune Français, pp. 366-367.
[234] A ce moment, c'est-à-dire le 31 août avant midi, Henderson, à force de
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