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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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les piaillements d'un
verbiage parlementaire, mais bien dans le tumulte et le tonnerre, autour de
Paris investi. Ce fut la proclamation de notre volonté, déclarant que les
Allemands, princes ou gens du peuple, étaient résolus à édifier un Reich et,
une fois encore, à porter la couronne impériale à des hauteurs symboliques...
Les fondateurs de l'État bismarckien ne furent ni des déserteurs ni des
embusqués, mais les régiments du front.
    Cette origine sans précédent, ce baptême du feu conférèrent
au Reich naissant un halo de gloire historique tel que seules les nations les
plus anciennes peuvent parfois — rarement — s'en enorgueillir.
    Et quel essor dès lors commença !
    L'indépendance sur les frontières créa le pain quotidien à
l'intérieur du pays. La nation devint riche en hommes et en biens. L'honneur de
l'État et, en même temps, celui du peuple entier furent protégés par une armée
dont l'existence montrait le progrès réalisé sur l'ex-Union Allemande (24).
    C'était là l'Allemagne que voulait restaurer Hitler. Dans Mein
Kampf , il s'étend longuement sur ce qu'il croit avoir causé sa chute : sa
tolérance envers les Juifs et les marxistes; le matérialisme sordide et
l'égoïsme de la classe moyenne; l'influence néfaste des « flatteurs et lécheurs
» dans l'entourage du trône; la « catastrophique politique d'alliances
allemande », qui enchaînait le pays aux Habsbourg dégénérés et aux Italiens peu
sûrs au lieu de le lier à l'Angleterre; l'absence d'une politique
fondamentalement « sociale » et raciale. Il promettait que le
national-socialisme remédierait à ces maux.

RACINES INTELLECTUELLES
DU TROISIEME REICH
    Voyons cependant d'où, l'histoire mise à part, Hitler tira ses
idées. Quoique les adversaires qu'il avait en Allemagne ou au-dehors fussent
trop occupés, ou trop stupides, pour s'en soucier beaucoup quand il en était
encore temps, il avait absorbé d'une façon ou d'une autre, comme tant
d'Allemands, une bizarre mixture des concepts fumeux et empreints de
mégalomanie mis en circulation par leurs penseurs durant le XIXe siècle.
Hitler, qui souvent se procura leurs œuvres par l'intermédiaire d'un pseudophilosophe
tel qu'Alfred Rosenberg ou de son ami le poète ivrogne Dietrich Eckart, se jeta
dans cette littérature avec l'enthousiasme fiévreux d'un néophyte. Pis, il
résolut de la mettre en pratique si l'occasion s'en présentait.
    Nous avons vu cette idéologie tournoyer dans l'intellect du
futur Führer : glorification de la guerre et de la conquête; pouvoir absolu de
l'État autoritaire; reconnaissance des Aryens, ou Allemands, comme étant la
race supérieure; haine des Juifs et des Slaves; mépris de la démocratie et de
l'humanitarisme. Elle n'était pas originale chez lui, encore que sa façon de
l'appliquer le fût. Elle avait été émise par cet étrange assemblage de
philosophes, d'historiens et de professeurs mal équilibrés qui s'imposèrent à
l'esprit allemand pendant le siècle qui précéda Hitler, avec les conséquences
désastreuses qui en résultèrent non seulement pour les Allemands, mais aussi
pour une grande partie de leurs semblables.
    Certes, il y eut parmi les Allemands des hommes qui comptent
parmi les sommets du monde occidental : Leibniz, Kant, Herder, Humboldt,
Lessing, Gœthe, Schiller, Bach, Beethoven, et qui contribuèrent remarquablement
à sa civilisation. Mais la culture germanique qui prit le pas au XIXe siècle,
coïncidant avec la montée de l'Allemagne prussienne et continuant sous Bismarck
et Hitler, repose d'abord sur Fichte et Hegel, puis sur Treitschke, Nietzsche,
Richard Wagner et une constellation d'étoiles de deuxième grandeur, dont il est
assez étonnant de constater que les moindres ne furent pas un étrange Français
et un Anglais excentrique. Ils entraînèrent l'Allemagne à une rupture
spirituelle avec l'Occident, brèche qui n'a pas encore été comblée jusqu'à ce
jour.
    Én 1807, après l'humiliante défaite infligée à la Prusse par
Napoléon à Iéna, Johann Gottlieb Fichte commença de prononcer ses fameux Discours
à la nation allemande , à l'université de Berlin, où il était titulaire de
la chaire de philosophie. Ils remuèrent et rassemblèrent un peuple divisé et
vaincu, et leurs échos retentirent encore pendant le Troisième Reich;
l'enseignement de Fichte fut pour l'Allemagne comme un vin capiteux. Ce
philosophe considérait les Latins, les Français surtout, et les

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