Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
Bamberg, il confiait à son
journal :
    Hitler parle deux heures. J'ai l'impression qu'on m'a
battu. Quel est donc cet Hitler-là? Un réactionnaire? Extrêmement maladroit et
instable. Se trompant complètement sur le problème russe. L'Italie et
l'Angleterre sont nos alliés naturels! Horrible!... Nous devons anéantir la
Russie!... On ne doit même pas effleurer la question des biens des nobles.
Terrible!... Je ne peux dire un mot. J'ai l'impression qu'on m'a tapé sur la
tête...
    Certainement une des plus grandes déceptions de ma vie. Je
n'ai plus une foi absolue en Hitler. C'est cela qui est terrible : on m'a
retiré mes assises.
    Pour montrer à qui il était fidèle, Gœbbels accompagna Strasser
à la gare et s'efforça de le consoler. Une semaine plus tard, le 23 février, il
note : « Longue conférence avec Strasser. Résultat : nous ne devons pas envier
à ceux de Munich leur victoire à la Pyrrhus. Nous devons reprendre notre lutte
pour le socialisme. »
    Mais Hitler avait, mieux que Strasser, jugé à sa valeur le
bouillant petit Rhénan. Le 29 mars, Gœbbels notait : « Ce matin, une lettre
d'Hitler. Je dois faire un discours le 8 avril à Munich. » Il arriva là-bas le
7 avril. « La voiture d'Hitler m'attend, écrivit-il toujours dans son journal.
Quelle réception royale! Je vais prendre la parole en ce lieu historique qu'est
le Buergerbräu. » Le lendemain, en effet, il parla de la même estrade que le
chef. Il nota tout cela dans son journal à la date du 8 avril :
    Hitler téléphone... sa bonté malgré l'incident de Bamberg
nous fait honte à tous... à deux heures, nous nous rendons au Buergerbräu .
Hitler est déjà là. Mon cœur bat à se rompre. J'entre dans la salle. Tonnerre
d'acclamations ! Et puis je parle pendant deux heures et demie... les gens
hurlent et crient. A la fin, Hitler me serre dans ses bras. Je me sens
heureux... Hitler est toujours à mon côté.
    Quelques jours plus tard, Gœbbels capitula complètement. « 13
avril : Hitler a parlé pendant trois heures. Brillamment. Il en arrive à vous
faire douter de vos propres opinions. L'Italie et l'Angleterre sont nos
alliées. La Russie veut nous dévorer... Je l'aime... Il a soigneusement
réfléchi à tout. Son idéal : un juste dosage de collectivisme et
d'individualisme. Quant à la terre... tout appartient au peuple. La production
doit être créatrice et individualiste. Les trusts, les transports, etc.,
doivent être socialisés... je suis maintenant à l'aise avec lui... je m'incline
devant le grand homme, le génie politique. »
    Quand Gœbbels quitta Munich le 17 avril, il était l'homme
d'Hitler et devait rester son partisan le plus loyal jusqu'à son dernier
souffle. Le 20 avril, il adressa au Führer un petit mot
d'anniversaire : « Cher et vénéré Adolf Hitler! J'ai tant
appris de vous... vous avez fini par me faire voir la lumière... » Et ce
soir-là, il nota dans son journal : « Il a trente-sept ans. Adolf Hitler, je vous aime parce que vous êtes à la fois grand et simple. Ce
sont les caractéristiques du génie. »
    Gœbbels passa une bonne partie de l'été avec Hitler, à Berchtesgaden, et son journal est plein de nouvelles louanges du
chef. En août, il rompit publiquement avec Strasser dans
un article paru dans le Völkischer Beobachter .
    C'est aujourd'hui seulement que je vous reconnais pour ce
que vous êtes : des révolutionnaires en paroles mais pas en actes (il
s'adressait aux Strasser et à leurs partisans)... ne parlez donc pas tant d'idéaux
et ne vous bercez pas de l'illusion que vous êtes les inventeurs et les
défenseurs de ces idéaux... ce n'est pas pour faire pénitence que nous nous
rangeons derrière le Führer. Nous... nous inclinerons devant lui... avec le
viril orgueil des anciens Normands qui se dressent devant leur suzerain
allemand. Nous estimons qu'il est plus grand que nous tous, plus grand que vous
et que moi. Il est l'instrument de la Volonté Divine qui façonne l'Histoire
grâce à une passion neuve et créatrice.
    A la fin octobre 1926, Hitler nomma Gœbbels Gauleiter de Berlin. Il lui donna pour consigne d'éliminer les bagarreurs en
chemises brunes qui avaient entravé le développement du mouvement à Berlin et
de conquérir la capitale allemande au national-socialisme. Berlin était « rouge
». La majorité de ses électeurs étaient socialistes et communistes. Nullement
démonté, Gœbbels, qui venait d'avoir vingt-neuf ans, et qui en un peu plus d'un
an était

Weitere Kostenlose Bücher