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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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chant. Hitler lui interdit de partir. Il y eut une
scène entre eux, à laquelle assistèrent des voisins, quand Hitler quitta son
appartement de Munich pour se rendre à Hambourg, le 17 septembre 1931. On
entendit la jeune fille crier par la fenêtre à son oncle au moment où il
montait en voiture : « Alors, tu ne veux pas me laisser aller à Vienne ? » Et
on l'entendit répondre : « Non! »
    Le lendemain matin, on trouva Geli Raubal morte dans sa chambre.
La police, après une minutieuse enquête, déclara qu'il s'agissait d'un suicide.
Le médecin légiste expliqua qu'une balle avait pénétré dans la poitrine sous
l'épaule gauche et qu'elle s'était logée dans le cœur : il semblait hors de
doute que la victime eût tiré elle-même. Pourtant, pendant des années, à
Munich, on murmura que Geli Raubal avait été assassinée : par Hitler furieux,
par Himmler pour mettre un terme à une situation devenue gênante pour le parti.
Mais aucune preuve valable ne fut jamais découverte pour confirmer ces rumeurs.
    Hitler était accablé de chagrin. Gregor Strasser raconta plus
tard qu'il avait dû passer les deux jours et les deux nuits suivantes au chevet
d'Hitler pour l'empêcher de commettre un geste désespéré. Une semaine après
l'enterrement de Geli, à Vienne, Hitler obtint du gouvernement autrichien une
autorisation spéciale pour se rendre là-bas; il passa toute une soirée à
pleurer sur la tombe. Pendant des mois, il fut inconsolable.
    Trois semaines après la mort de Geli, Hitler eut sa première
entrevue avec Hindenburg. C'était son premier pas vers les grandes décisions,
vers la Chancellerie du Reich. Ceux qui le connaissaient attribuèrent au
chagrin d'avoir perdu sa nièce bien-aimée l'air égaré qu'il avait en cette
grande occasion : certains de ses amis disaient qu'il ne semblait pas en pleine
possession de ses facultés durant la conversation, qui ne tourna guère à son
avantage.
    Je crois que ce choc personnel fut à l'origine d'un acte de
renonciation, de sa décision de ne plus manger de viande; c'est du moins ce que
semblaient croire certains membres de son plus proche entourage. Il leur
déclara toujours que Geli Raubal était la seule femme qu'il eût jamais aimée,
il parlait toujours d'elle avec le plus profond respect et souvent les larmes
aux yeux. Des domestiques ont dit que sa chambre dans la villa de
l'Obersalzberg, même après que la maison eut été reconstruite et agrandie,
demeura comme elle l'avait laissée. Dans la chambre d'Hitler, ainsi qu'à la
Chancellerie de Berlin, des portraits [46] de la jeune femme étaient accrochés aux murs et, chaque année pour
l'anniversaire de sa naissance et de sa mort, on déposait des fleurs devant
eux.
    Pour un homme brutal, cynique et qui parut toujours incapable
d'aimer une autre créature humaine, cette passion d'Hitler pour la jeune Geli
Raubal demeure l'un des mystères de son étrange existence. Il est à peu près
certain qu'après cela Adolf Hitler ne songea jamais sérieusement au mariage,
jusqu'à la veille de son suicide, quatorze ans plus tard.
    La lettre compromettante adressée par Hitler à sa nièce fut
reprise au fils du propriétaire grâce aux efforts du père Bernhard Stempfle,
prêtre catholique hiéronymite et journaliste antisémite, qui avait aidé le chef
nazi à mettre au point le texte de Mein Kampf . L'argent nécessaire au
rachat de cette lettre, selon Heiden, fut fourni par Franz Xavier Schwarz, le
trésorier du parti. Le père Stempfle fut ainsi l'une des rares personnes à
savoir quelque chose à propos des secrets de l'amour d'Hitler pour Geli Raubal.
    Sans doute ne garda-t-il pas uniquement pour lui ce qu'il savait
: il devait payer cette faute de sa vie quand l'auteur de Mein Kampf devint dictateur d'Allemagne et qu'il entreprit un jour de régler ses comptes
avec certains de ses vieux amis.
    On n'a jamais établi quelles étaient les sources de revenus
d'Hitler durant ces années confortables où il fit l'acquisition d'une villa
dans l'Obersalzberg, d'un luxueux appartement à Munich, où il circulait dans
une somptueuse voiture pilotée par un chauffeur et qu'il avait payée vingt
mille marks (près de 25 000 F). Mais ses déclarations d'impôts, que l'on
retrouva après la guerre, jettent sur ce point quelque lumière. Jusqu'au moment
où, devenu chancelier, il se déclara exempt d'impôts, il ne cessa d'être en
lutte avec les autorités fiscales, et un gros dossier s'était constitué sur

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