Le Troisième Reich, T1
son
compte au service des Finances de Munich entre 1925 et 1933.
Ce service lui signifia le 1er mai 1925 qu'il avait omis de
remplir une déclaration d'impôts pour 1924 et pour le premier trimestre de
1925. Hitler répondit : « Je n'avais pas de revenus en 1924 (il était en
prison), ni dans le premier trimestre de 1925. J'ai subvenu à mes besoins grâce
à un prêt bancaire. » Et la voiture de vingt mille marks? répliqua le
percepteur. Hitler répondit que, pour cela aussi, il avait fait appel à sa
banque. Dans toutes ses déclarations d'impôts, Hitler s'attribuait la
profession d'écrivain et, en cette qualité, tentait de faire passer une
importante proportion de son revenu pour des frais professionnels (il
connaissait sans doute cette habitude qu'ont les écrivains de partout). Sa
première déclaration d'impôts, pour le troisième trimestre de 1925, faisait
état d'un revenu brut de 11 231 RM., avec des frais professionnels s'élevant à
6 540 RM., et des paiements d'intérêts sur emprunts atteignant le total de 2
245 RM., ce qui laissait un revenu net imposable de 2 446 RM.
Dans une explication de trois pages dactylographiées, Hitler
s'efforçait de justifier les sommes importantes qu'il déduisait au titre de
frais professionnels, arguant que, si une grande part de ces dépenses semblait
devoir être imputée à ses activités politiques, ce genre de travail lui
fournissait le matériel dont il avait besoin en tant qu'écrivain politique et
aidait également à la vente de son livre.
Sans mon activité politique, mon nom serait inconnu, et je
n'aurais pas les matériaux nécessaires à la publication d'une œuvre
politique... aussi, dans mon cas, en tant qu'écrivain politique, les dépenses
occasionnées par mon activité politique, qui est la condition nécessaire de mon
métier d'écrivain en même temps que l'assurance du succès financier, ne peuvent
être considérées comme imposables... Le ministère des Finances peut voir que,
sur les revenus de mon livre pour cette période, je n'ai dépensé pour moi-même
qu'une très petite fraction ; je ne possède nulle part de propriété ni
d'autres capitaux que je puisse considérer comme miens [47] .
La nécessité me contraint à réduire mes besoins personnels
au point que je ne bois ni ne fume, que je prends mes repas dans les
restaurants les plus modestes et que, à part le faible loyer de mon
appartement, je n'entreprends aucune dépense qui ne soit imputable à l'exercice
de ma profession d'écrivain politique... L'automobile n'est également pour
moi qu'un moyen vers une fin. Elle seule me permet d'accomplir mon travail
quotidien (8).
Les services des Finances n'autorisèrent que la moitié de ces
déductions et, quand Hitler fit appel devant le Bureau de Révision, la décision
fut maintenue. Par la suite, les autorités fiscales n'admirent que la moitié
des frais qu'il invoquait. Il protesta mais paya.
Le revenu brut déclaré par le chef nazi correspond assez
exactement aux droits d'auteur qu'il percevait sur Mein Kampf : 19 843
RM. en 1925; 15 903 RM. en 1926; 11 494 RM. en 1927; 11 918 RM, en 1928 et 15
448 RM. en 1929. Comme les livres publiés étaient soumis à l'inspection du
fisc, Hitler ne pouvait sans danger déclarer un revenu inférieur à ses droits
d'auteur. Mais que dire de ses autres sources de revenus? Il n'en fut jamais
question. On savait qu'il demandait et obtenait un prix élevé pour les nombreux
articles qu'il écrivait à cette époque pour la presse nazie, pourtant peu
riche.
On récriminait fort dans les milieux du parti à propos des
sommes qu'exigeait Hitler. Ces articles ne figurent pas dans ses déclarations
d'impôts. A mesure que l'on approchait des années 30, l'argent commençait à
affluer dans les caisses du Parti nazi, provenant de quelques gros industriels
bavarois et rhénans attirés par l'opposition qu'Hitler représentait en face des
marxistes et des syndicats. Fritz Thyssen, maître du trust allemand de l'acier,
le Vereinigte Stahlwerke (Aciéries réunies) et Emil Kirdorf, le roi du charbon
de la Ruhr, contribuèrent pour des sommes importantes. Souvent, l'argent était
remis directement à Hitler. On ne saura sans doute jamais combien il en garda
pour lui. Mais le train de vie qu'il menait dans les dernières années avant de
devenir chancelier indique qu'il ne remettait pas à la trésorerie du parti la
totalité des sommes qu'il recevait de ses supporters.
Bien sûr, de 1925 à 1928,
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