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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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gaz, des centrales électriques, des dépôts et des kilomètres de docks.
Toute cette vaste zone fut bientôt embrasée.
    Dans une localité (Silvertown), la population fut entourée par
les flammes et dut être évacuée par eau. A vingt heures dix, la nuit tombée, une
seconde vague de 250 bombardiers arriva et reprit l’attaque, qui fut poursuivie
par des vagues successives jusqu’à l’aube du dimanche matin. Le lendemain soir,
à dix-neuf heures trente, l’attaque fut reprise par 200 bombardiers et elle se
poursuivit toute la nuit. 842 personnes furent tuées et 2 347 blessées, d’après
l’historien officiel britannique, au cours des deux premières nuits, et de
graves dégâts furent infligés à la vaste cité (36). L’assaut se poursuivit
toute la semaine suivante, nuit après nuit [85] .
    Alors, stimulée par ses succès, la Luftwaffe décida d’exécuter
un grand assaut de jour sur la capitale en feu. Décision qui conduisit, le
dimanche 15 septembre, à l’une des batailles décisives de la guerre.
    Environ 200 bombardiers allemands, escortés par trois fois
autant de chasseurs, apparurent au-dessus de la Manche vers midi, se dirigeant
sur Londres. La chasse anglaise avait suivi le rassemblement des assaillants
sur ses écrans de radar et était prête. Les Allemands furent interceptés avant
d’avoir pu approcher la capitale. Quelques avions réussirent à passer mais
beaucoup furent dispersés et d’autres abattus avant d’avoir pu lâcher leurs
bombes. Deux heures plus tard, une formation allemande encore plus forte revint ;
elle aussi fut déroutée. Les Anglais prétendirent avoir abattu 185 appareils
allemands ; le chiffre réel, comme on l’a appris après la guerre par les
archives de Berlin, était beaucoup plus faible : 56, mais, sur ce total, 34
étaient des bombardiers. La R. A. F. ne perdit que 36 appareils.
    Le moment était arrivé où la Luftwaffe ne pouvait plus, maintenant
qu’elle avait laissé à la chasse anglaise une semaine pour se rétablir, mener à
bien une attaque de jour importante sur l’Angleterre. Cela étant, l’espoir d’un
débarquement sérieux s’estompait. Le 15 septembre, donc, marqua un
tournant décisif de la bataille d’Angleterre. Le lendemain, Gœring ordonna un
changement de tactique qui prévoyait l’emploi des bombardiers dans la journée, non
plus pour bombarder mais simplement pour appâter la chasse anglaise ; il
se vanta que les chasseurs ennemis « allaient être liquidés en 4 ou 5
jours (37) ». Mais Hitler et les commandants de l’armée et de la marine
étaient moins optimistes ; deux jours après la décisive bataille aérienne,
le 17 septembre, le Führer remit «  Otarie  » à une date
indéterminée.
    Pendant 57 nuits consécutives, du 7 septembre au 3 novembre,
Londres eut à supporter le terrible pilonnage de 200 bombardiers par jour en
moyenne, si bien que Churchill était persuadé, comme il le révéla plus tard, que
la ville serait bientôt réduite en cendres ; la plupart des autres villes
d’Angleterre, Coventry surtout, devaient subir de lourds dégâts tout au long de
cet automne et de cet hiver épouvantables ; mais le moral des Anglais ne
flancha jamais et la production d’armement ne diminua pas, comme Hitler l’avait
espéré.
    La production des usines d’aviation en Angleterre, l’un des
principaux objectifs des bombardiers de la Luftwaffe, surpassait en réalité
celle des Allemands en 1940 avec 9 924 avions contre 8 070. Les
pertes allemandes en bombardiers avaient été si sévères qu’elles ne purent
jamais être comblées et, en fait, la Luftwaffe, comme le démontrent les
rapports confidentiels allemands, ne se remit jamais du coup qu’elle reçut dans
le ciel de l’Angleterre cet été et cet automne-là.
    La marine allemande, désemparée par les pertes au large de la
Norvège au début du printemps, était incapable, comme ses chefs l’ont toujours
admis, de s’assurer la maîtrise des mers pour une invasion de l’Angleterre. Sans
cette maîtrise et sans la suprématie aérienne, l’armée allemande était dans l’impossibilité
de traverser le détroit. Pour la première fois, Hitler avait été arrêté, ses
plans de nouvelles conquêtes déjoués, et cela au moment même où il était
certain que la victoire finale lui était acquise.
    Il n’avait jamais imaginé – et nul autre jusqu’alors – qu’une
bataille décisive pût se décider dans les airs.

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