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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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retard
sur les Anglais.
    Nous comprîmes (témoigna plus tard Adolf Galland, le fameux
as de la chasse allemande) que les escadrilles de chasseurs devaient être
contrôlées au sol grâce à un nouveau procédé, car nous entendions des ordres dirigeant
habilement et exactement les Spitfire et les Hurricane sur les formations
allemandes… Pour nous ce fut une surprise des plus amères (33).
    Pourtant, les attaques contre les stations radar anglaises si
désastreuses le 12 août n’avaient pas été reprises et, le 15 août, jour
de son premier revers marquant, Gœring les contremanda, déclarant :
« Il est douteux qu’il y ait intérêt à continuer les attaques de stations
radar, puisque de toutes celles attaquées jusqu’à présent, aucune n’a été mise
hors d’état de fonctionner. »
    Une seconde clef de la défense victorieuse dans le ciel du sud
de l’Angleterre fut la remarquable organisation du commandement central, le
célèbre ground control . C’était le centre nerveux d’où les Hurricane et
les Spitfire étaient guidés par radio-téléphone, pendant la bataille, d’après
les informations toutes fraîches du radar, des postes d’observation au sol et
des pilotes en vol.
    Les Allemands, comme le nota Galland, pouvaient entendre le
bavardage-radio incessant entre les postes de secteur et les pilotes en l’air, et
ils finirent par comprendre l’importance de ces centres de contrôle au sol ;
Le 24 août, ils aiguillèrent leur tactique vers la destruction des postes
de secteur, dont 7 sur les terrains autour de Londres étaient essentiels à la
protection du sud de l’Angleterre et de la capitale elle-même. Ce fut un rude
coup contre la vitalité même de la défense aérienne de l’Angleterre.
    Jusqu’à ce jour, la bataille semblait tourner au désavantage de
la Luftwaffe. Le 17 août, elle perdit 71 avions contre 27 de la R. A. F. Le
lent Stuka, bombardier en piqué, qui avait frayé le chemin aux victoires de l’Armée
en Pologne et à l’ouest, fut pour les chasseurs anglais une proie aussi facile
qu’un canard au repos. Ce jour-là, 17 août, Gœring le retira de la
bataille, réduisant d’un tiers la force de bombardement des Allemands. Entre le
19 et le 23 août, régna une accalmie de cinq jours due au mauvais temps. Gœring,
revisant la situation à Karinhall, sa résidence d’été près de Berlin, ordonna
le 19 à la Luftwaffe de concentrer ses attaques exclusivement sur la R. A. F. dès
que le temps s’améliorerait.
    « Nous avons atteint la période décisive de la guerre
aérienne contre l’Angleterre, déclara-t-il. La tâche essentielle est la défaite
de l’aviation ennemie. Notre premier objectif est l’élimination des chasseurs
ennemis (34). »
    Du 24 août au 6 septembre, les Allemands envoyèrent
une moyenne de 1 000 avions par jour pour atteindre ce but. Pour une fois,
le Reichsmarschall avait raison. La bataille d’Angleterre était entrée dans sa
phase décisive. Malgré le vaillant combat mené par les pilotes de la R. A. F., surmenés
par un mois de sorties quotidiennes, la supériorité des Allemands, purement
numérique, commença à jouer. Cinq terrains de chasseurs avancés, dans le sud de
l’Angleterre, furent gravement endommagés et, ce qui était pis, 6 des 7
postes-clefs furent si sévèrement bombardés que tout le système de transmission
semblait sur le point d’être détruit. L’Angleterre était menacée d’un désastre.
    Le pire était qu’à ce train la chasse de la R. A. F. commençait
à s’affaiblir. Dans la quinzaine cruciale du 23 août au 6 septembre, les
Anglais perdirent 466 chasseurs, détruits ou sérieusement endommagés ; or,
ils ne le surent pas à l’époque, les pertes de la Luftwaffe étaient moindres :
385 avions, dont 214 chasseurs et 138 bombardiers. De plus, la R. A. F. avait
eu 103 pilotes tués et 128 grièvement blessés, le quart des effectifs
disponibles.
    « La balance, écrivit plus tard Churchill, avait penché du
côté opposé à l’aviation de chasse… L’inquiétude était grande. » Encore
quelques semaines comme cela, et le ciel de l’Angleterre n’aurait, plus de
défense organisée. L’invasion suivrait presque certainement.
    Et soudain, Gœring commit sa seconde erreur tactique, comparable
par ses conséquences à l’annulation, par Hitler, le 24 mai, de l’attaque
des blindés sur Dunkerque. Elle sauva la R. A. F. titubante
et marqua l’un des tournants

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