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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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trop
loin. S’emparer de Moscou avant l’hiver ne lui suffit pas. Il donne ordre au
maréchal von Leeb d’accomplir simultanément trois missions : s’emparer
de Leningrad, opérer la jonction avec les armées finlandaises et, poursuivant
son avance, couper la ligne ferroviaire de Mourmansk. Ce n’est pas tout : toujours en même temps , il intime à von Rundstedt l’ordre de « nettoyer »
la côte de la mer Noire, prendre Rostov, occuper les zones pétrolifères de
Maïkop et pousser vers Stalingrad, afin de trancher le dernier lien de
communication reliant Moscou au Caucase.
    Von Rundstedt, lui, fait remarquer que ce programme implique une
avance de plus de 600 kilomètres au-delà du Dnieper et laisse son flanc gauche
dangereusement découvert. « Les Russes sont incapables d’opposer une
sérieuse résistance au sud », réplique l’ex-caporal. Von Rundstedt ne
tardera pas à constater le contraire.
    Conformément au plan prévu, la ruée allemande sur Moscou se
déchaîna avec la soudaineté et la furie d’un typhon. En l’espace de quinze
jours, dans ce que Blumentritt appelle une « Bataille de manuel
stratégique », les Allemands encerclent deux armées soviétiques – entre
Vyazma et Bryansk, – font 650 000 prisonniers, s’emparent de 5 000
canons et 1 200 chars. Le 20 octobre, l’avant-garde blindée de
Guderian se trouve à 60 kilomètres de Moscou. Les ministères soviétiques et les
ambassades étrangères sont évacués en hâte à Kouibychev, sur la Volga.
    De l’hôpital où l’immobilise une clavicule fracturée à la suite
d’une chute de cheval, Halder lui-même, malgré son habituelle pondération, prévoit
qu’avec un peu d’audace, et si les conditions atmosphériques favorables se
maintiennent, Moscou doit être pris avant l’hiver. Cependant, les pluies d’automne
commencent à sévir et la Rasputitza – la saison de la boue – s’installe.
La gigantesque machine motorisée doit ralentir son train et souvent faire halte.
Les chars lourds, retirés de la bataille, sont employés à dégager les canons et
les caissons de munitions embourbés. Les chaînes de remorque font défaut pour
cette besogne et les avions de transport de la Luftwaffe, qui, pourtant, auraient
mieux à faire, doivent larguer des rouleaux de câbles.
    Le général Blumentritt, chef d’état-major de la IVe armée
commandée par von Kluge, décrit ainsi ces tribulations :
    « Les fantassins pataugent, glissent, et tous les
véhicules sur roues s’embourbent jusqu’au moyeu. Chaque pièce d’artillerie doit
être tirée par un attelage de plusieurs chevaux. Même les tracteurs à chenilles
n’avancent que difficilement. Une grande partie de notre artillerie lourde est
restée enlisée dans cet océan de boue gluante… L’état d’épuisement de nos
troupes s’imagine sans peine (10)… »
    Pour la première fois, les carnets d’Halder et les rapports des
généraux laissent percer le doute, voire le découragement ; la contagion
gagne les combattants. « Alors que Moscou est presque en vue, avoue
Blumentritt, le moral des officiers et des hommes commence à baisser. La
résistance ennemie s’accentue et les combats deviennent plus féroces… Plusieurs
de nos compagnies sont réduites à 60 ou 70 hommes. L’hiver vient à grands pas, et
nous n’avons pas encore reçu d’équipements chauds… Derrière les lignes, les
forêts et les marécages se peuplent de partisans dont l’action se fait durement
sentir. A chaque instant, nos colonnes de ravitaillement sont attaquées. »
    Le spectre de la Grande Armée commence à hanter les nuits des
conquérants germaniques. Les généraux lisent et relisent les mémoires de Caulaincourt
et son sinistre récit de la désastreuse campagne de Napoléon, prélude de sa
chute.
    Cependant, le 21 novembre, les colonnes blindées de von
Kleist s’emparent de Rostov-sur-le-Don. « Les portes du Caucase nous sont
ouvertes ! » proclame Gœbbels, à son de trompe. Elles
ne le resteront pas longtemps.
    Le 26, l’Armée Rouge reprend Rostov, et les Allemands, attaqués
à la fois sur deux flancs (sud et nord), battent en retraite précipitée jusqu’au
Mius où, précédemment, von Rundstedt avait décidé d’établir son front d’hiver. Le
recul représente 80 kilomètres.
    Cette retraite de Rostov marqua une seconde croisée des chemins
dans l’histoire du Troisième Reich. Pour la première fois,
l’armée allemande subissait

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