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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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riposte : « La meilleure défense est de s’en tenir
à l’attaque. »
    Plus facile à dire qu’à faire, certes ! Le 4 décembre,
le froid atteint 35°au-dessous de zéro. Le lendemain, – 38°. Guderian, dont la
IIe armée blindée vient d’échouer dans son assaut par le sud, annonce que le
gel immobilise ses chars. Au nord de Tula, ses arrières sont menacés, également
ses flancs droit et gauche.
    Le 5 décembre marque une date critique entre toutes. Tout
le long du front semi-circulaire de 320 kilomètres qui enserre Moscou la
Wehrmacht est arrêtée. Non seulement arrêtée, mais refoulée, annonce Guderian à
von Bock. De son côté, ce dernier avertit Halder que « ses troupes ont
atteint la limite de l’endurance ». Brauchitsch, au bord du désespoir, prie
le chef de l’état-major général de le libérer de son commandement. Jour noir et
amer pour les généraux du Reich !
    « C’est la première fois, écrivit plus tard Guderian, que
je me vis contraint de prendre une telle décision [132] et nulle ne me fut plus dure. L’attaque de Moscou a échoué, l’endurance et les
sacrifices de nos braves soldats ont été vains. Nous avons essuyé une très
grave défaite (16). »
    Ce soir-là, au P. C. de la IVe armée de von Kluge, Blumentritt
comprend que l’heure cruciale vient de sonner. « A la toute dernière
minute, écrira-t-il plus tard, notre espoir de vaincre la Russie en 1941 s’est
écroulé. »
    Le 6 décembre, le général Georgi Joukov, qui, depuis six
semaines, remplace le maréchal Timochenko au commandement du front central, assène
à la Wehrmacht un coup magistral sur toute la longueur du front de Moscou (320
kilomètres). Il met en mouvement 7 armées et 2 corps de cavalerie – en tout 100
divisions – composés de troupes fraîches ou déjà aguerries, remarquablement
équipées et entraînées à combattre dans la neige par des températures polaires.
Une gigantesque masse de forces, dont Hitler et ses chefs ne soupçonnaient même
pas l’existence : infanterie, cavalerie, artillerie, blindés, aviation, se
déchaîne d’un seul coup avec une puissance et une furie irrésistibles. De ce
choc, l’armée allemande et le Reich ne se relèveront jamais complètement.
    A plusieurs reprises, durant les dernières semaines de ce
décembre mortel et les premiers jours de janvier 1942, les armées allemandes
battues, refoulées, sur un front sans cesse percé par les Russes, semblèrent
condamnées au même sort que la Grande Armée napoléonienne, cent trente ans
auparavant. A certains stades des combats, il s’en fallut d’un cheveu.
    Peut-être la volonté de granit d’Hitler et sa rigueur inhumaine
épargnèrent-elles aux armées du Troisième Reich une débâcle totale ? Plus
certainement, la bravoure du soldat allemand. Quoi qu’il en soit, les armées
soviétiques, débordées pour un temps, témoignent tout à coup d’une redoutable
vigueur. Moscou n’est pas conquis, ni Leningrad, ni Stalingrad, ni le Caucase (et
son pétrole), cependant qu’entre l’U. R. S. S., l’Amérique et la
Grande-Bretagne les portes demeurent ouvertes.
    Après deux ans de victoires ininterrompues, les armées
hitlériennes doivent baisser pavillon devant une puissance supérieure. Ce n’est
pas tout : « Le mythe de l’invincibilité germanique est renversé »,
écrit Halder. Il voyait juste. Les armées allemandes remporteront, il est vrai,
de nouvelles victoires au cours des mois d’été, mais jamais le mythe ne
ressuscitera. La puissance d’Hitler, alors à son apogée, va petit à petit s’effriter
et tomber en poussière sous les coups des nations qu’il avait voulu asservir.
    Fin décembre, tandis que sur les plaines glacées et le long des
routes bloquées par des murailles de neige les armées du Reich tournent bride, refoulées
par la contre-offensive soviétique, un impitoyable jeu de massacre se déroule
dans les rangs du haut commandement et des généraux en campagne de la Wehrmacht.
Le maréchal von Rundstedt, ainsi que nous le savons déjà, est relevé de son
commandement pour avoir osé battre en retraite à Rostov. Von Bock, accablé par
ses maux d’estomac, est remplacé le 18 décembre par le maréchal von Kluge,
commandant de la IVe armée, décimée et balayée une fois pour toutes des parages
de Moscou. Guderian lui-même, le prestigieux Guderian, créateur des armées
blindées qui devaient révolutionner la guerre moderne, est

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