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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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moment
d’imaginer comment le reconstituer… La situation oblige Kluge à proposer un
recul général. Discussion houleuse avec le Führer, qui ne cède pas :
« Le front restera où il est quelles que soient les conséquences… »
    3 janvier 1942  : situation de plus en plus
critique, du fait de la trouée russe entre Maloyaroslavets et Borovsk. Le front
nord s’émiette. Kuebler [134] et von Bock demandent instamment la permission de se replier. Nouvelle scène
dramatique : le Führer accuse les généraux de manquer de cran en face des
décisions qui s’imposent. (Quelles troupes auraient été capables de tenir bon
par 36°au-dessous de zéro ?) Conclusion du Führer : il se réserve de
décider, lui seul, si un nouveau repli est nécessaire.
    Certes, Hitler pouvait obliger les troupes allemandes à tenir
bon, mais il n’était pas plus capable d’enrayer l’avance soviétique que de
faire reculer la marée de l’océan. Dans une heure de panique, certains
officiers du haut commandement suggérèrent l’emploi de gaz asphyxiants, entre
autres le colonel Ochsner, note Halder le 7 janvier. Le
froid mit-il obstacle à ce projet ? C’est possible. Toujours est-il qu’il
tomba à l’eau.
    8 janvier  : jour très critique, note Halder. La percée soviétique à Sukinichi (sud-ouest de Moscou) rend
la position de la IVe armée intenable. Pendu au téléphone du matin au soir, Kluge conjure Hitler de consentir au recul du front.
    A la tombée de la nuit, l’ex-caporal lui accorde de mauvaise grâce
la permission de se replier « pas à pas » afin de protéger ses
communications.
    Pas à pas ? Non : au pas de course, par la faute de l’Armée
Rouge, qui accélère ses poussées, ses percées et ses encerclements. A la fin
février, les troupes allemandes, qui avaient reçu de leur Führer la
promesse de célébrer Noël au Kremlin, s’en étaient éloignées de 120 à 300
kilomètres. Le bilan de « l’équipée russe » établi le 28 février
par Halder est instructif. Total des pertes en hommes :
1 005 636, soit 31 pour 100 des effectifs engagés. Tués : 202 251.
Blessés : 725 642, plus de 112 627 cas de gelures des membres. Disparus :
46 511. Les pertes subies en Russie par les Italiens, Roumains et Hongrois
ne sont pas comprises dans ce sinistre relevé.
    Au début du printemps, une accalmie se produisit sur l’ensemble
des lignes, et les Allemands reçurent des renforts d’artillerie et de blindés
qui allaient leur permettre de reprendre l’offensive, au moins dans certains
secteurs. Mais jamais plus ils ne retrouvèrent la force d’attaquer sur toute la
longueur de l’immense front de bataille. L’amer tribut de la campagne d’hiver
et, par-dessus tout, la contre-offensive de Joukov anéantissaient cet espoir.
    Les documents saisis en 1944 nous prouvent qu’Hitler savait
depuis longtemps la partie perdue. La Russie ne serait conquise ni en six mois,
ni jamais. Alors que ses armées se trouvaient aux portes de Moscou, il avait
déjà abandonné l’espoir de l’abattre avant 1942 et élaborait de nouveaux plans
pour l’année suivante. Halder les résume brièvement :
     
    « Objectifs 1942 : tout d’abord le Caucase et la
frontière russe méridionale. Époque : de mars à avril. Au nord, après l’achèvement
de la campagne 1941 : Vologda ou Gorki [135] ,
mais seulement à la fin de mai. J’envisage aussi d’autres objectifs. La
capacité de nos voies ferrées décidera. La construction
    A quoi bon un mur oriental si l’Union Soviétique est vaincue, se
demande Halder, logique. J’ai l’impression, ajoute-t-il, que
le Führer ne croit plus à la défaite des Russes ; pas
davantage à la nôtre, ce qui nous mènera à une paix de compromis.
    Le rappel à la réalité dut être sévère pour le conquérant nazi, qui,
le 3 octobre, lançait sa solennelle proclamation au peuple allemand :
« Je déclare aujourd’hui sans aucune réserve que notre ennemi de l’Est est
vaincu et ne se relèvera jamais ! »
    Entre-temps, de l’autre côté du globe, se passait un événement
qui transforma la guerre européenne en guerre mondiale, et, bien qu’il l’ignorât
encore, allait sceller le destin d’Hitler et celui du Troisième Reich : le 7 décembre, les bombardiers japonais attaquaient Pearl Harbour…
    En toute hâte, le Führer quitta la « Tanière
du Loup », son G. Q. G. de Prusse-Orientale, pour regagner Berlin. Le
moment était

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