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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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cassé le jour même
de Noël, pour avoir commandé un repli de ses panzers sans demander l’avis
du Tout-Puissant.
    Le général Hœpner, brillant commandant de chars, est brutalement
congédié pour la même raison (repli de son armée devant Moscou), dépouillé de
ses galons avec interdiction de porter désormais l’uniforme. Le général Hans
von Sponeck, décoré de la Croix de fer de 1re classe pour avoir dirigé avec brio
l’invasion des Pays-Bas par les troupes aéroportées, est traduit en conseil de
guerre, dégradé, emprisonné, et, sur les instances du Führer, condamné à mort [133] .
Son crime ? Au cours des opérations de Crimée, il avait ordonné le repli d’une
de ses divisions prise à revers par l’Armée Rouge surgie par la mer.
    Le servile maréchal Keitel, lui-même, n’échappa que de
justesse à l’épuration du haut commandement. Dès les premiers jours de décembre,
une lueur de bon sens l’avait fait conclure à l’urgence d’un repli général
autour de Moscou ; cela pour éviter un désastre bien pire. Lorsque, prenant
son courage à deux mains, il osa exprimer cette opinion au Führer, celui-ci le cravacha d’invectives vociférantes, dont le qualificatif « ramolli »
(parmi les plus anodines), et le jeta à la porte.
    Quelques minutes plus tard, Jodl découvrit le malheureux chef de
l’état-major de l’O. K. W. en train de rédiger sa démission, son revolver d’ordonnance
posé à côté de lui. Il confisqua prestement l’arme et persuada Keitel – à vrai
dire sans beaucoup de mal – de jeter sa démission au panier et de continuer à
encaisser les insultes du Führer, ce qu’il fit avec une
surprenante endurance jusqu’à l’écroulement final (17).
    Écartelé entre la volonté du Führer exigeant
des victoires à jet continu et ses armées devenues incapables d’exécuter ce
programme, von Brauchitsch, atteint d’autre part d’une sévère affection
cardiaque, résolut de se démettre de son commandement. A son retour d’une
inspection du front nord, Halder le trouva déprimé au
possible, dit-il, et ajoute : « Il ne voit aucun moyen de sauver l’armée
de sa position désespérée. » Le 7 décembre, au bout de son rouleau, Brauchitsch
demande au Führer de le relever de son commandement. Le 19,
c’est chose faite.
    Ce que le Führer pensait de l’homme qu’il
avait placé lui-même à la tête de la Wehrmacht, le journal
de Gœbbels nous l’apprend en termes non équivoques : « Le Führer n’éprouve que du mépris envers Brauchitsch, qu’il traite
de capon vaniteux et de crétin (18). » A ses intimes, Hitler déclare :
« Brauchitsch est un polichinelle, non un soldat. S’il était resté à son
poste quelques semaines de plus, nous allions à la catastrophe (19). »
    Qui va remplacer Brauchitsch ? Les milieux militaires s’interrogent
et les spéculations vont bon train, aussi erronées que lors de la succession de
Hindenburg. En effet, le 19 décembre, coup de théâtre : Hitler
annonce au général Halder qu’il prend lui-même le
commandement suprême des forces armées du Reich. S’il le
désire, Halder peut conserver ses fonctions… Il ne demande
que cela, bien sûr. Dorénavant, le dictateur régira personnellement l’armée
comme il régit déjà presque tout le reste en Allemagne.
    « Les petites besognes courantes du commandement
opérationnel, n’importe qui peut s’en charger, dit-il. Le rôle du chef
militaire suprême est de dresser ses armées selon l’idéal national socialiste. Aucun
de mes généraux n’est capable de le remplir comme je veux qu’il le soit. En
conséquence, j’ai décidé de prendre la barre moi-même (20). »
    Ainsi donc, le triomphe d’Hitler sur les officiers de la vieille
école prussienne est complet. L’ex-caporal autrichien est à présent le maître
omnipotent du Reich, ministre de la Guerre, chef suprême
des trois armes. Les généraux ne sont plus que les exécutants d’une stratégie
orchestrée par le Führer et les distributeurs automatiques
de ses volontés. Bientôt, le despote mégalomane ira encore plus loin. Il s’attribuera
un pouvoir que, de mémoire d’homme, aucun empereur germanique, roi, ou
président de république n’a détenu jusque-là.
    Le 26 avril 1942, le Reichstag, qui n’est
plus qu’un bureau d’enregistrement, promulgue une loi conférant à Hitler un
pouvoir absolu de vie et de mort sur n’importe quel citoyen allemand,

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