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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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fléchissants et ses armées en retraite. La nuit venait
de tomber sur Berlin lorsque les services d’écoute des émissions étrangères
captèrent la nouvelle de l’assaut de Pearl Harbour. Un coup de téléphone de l’attaché
de presse de la Wilhelmstrasse informa aussitôt Ribbentrop de la foudroyante
nouvelle. Furieux d’être dérangé en pleine nuit, il refusa d’y ajouter foi. Cette
histoire est un coup de la propagande ennemie, dit-il en intimant l’ordre de le
laisser tranquille jusqu’au matin (38).
    Lorsque, devant le tribunal de Nuremberg, Ribbentrop affirma :
« L’attaque de Pearl Harbour fut pour nous une complète surprise », il
dit certainement la vérité (une fois n’est pas coutume). « Nous avions
envisagé la possibilité d’un assaut japonais contre Singapour, peut-être contre
Hong-Kong, expliqua-t-il, mais jamais nous n’avions jugé qu’une attaque contre
les États-Unis nous serait favorable (39). »
    Contrairement à sa déclaration au tribunal, l’événement l’avait
extrêmement réjoui ; du moins fût-ce l’impression de Ciano.
    « Cette nuit, appel téléphonique de Ribbentrop, note
le ministre italien dans son journal du 8 décembre. Il est ravi de l’attaque
japonaise. Tellement ravi que je n’ai pu m’abstenir de le féliciter tout en
éprouvant personnellement quelque doute sur les conséquences de l’événement… Mussolini
en est heureux lui aussi. Depuis longtemps il souhaite que se clarifie la
situation entre l’Amérique et l’Axe. »
    A une heure de l’après-midi, le lundi 8 décembre, le
général Oshima vint précisément demander à Ribbentrop de « clarifier la
situation » de l’Allemagne ; cela par une immédiate déclaration de
guerre aux États-Unis. Le texte de sa dépêche à Tokyo nous apporte la réponse
du ministre nazi :
    « Ribbentrop m’apprend que le Führer se trouve
présentement en conférence à son Q. G. en train de discuter sous quelle forme
les modalités de déclaration de guerre à l’Amérique pourront impressionner
favorablement le peuple allemand. Il me promet de transmettre sur-le-champ
votre requête au chancelier et de faire tout son possible pour qu’elle soit
promptement acceptée. »
    Ribbentrop informa en outre l’ambassadeur que, le matin même du 8 décembre,
le Führer avait donné ordre à la Kriegsmarine de couler les bâtiments américains partout où elle les rencontrerait (40).
Pourtant, le dictateur se dérobait encore à une déclaration de guerre
officielle [149] .
    Ses notes personnelles nous apprennent qu’il revint en hâte à
Berlin, le 9 décembre, à onze heures du matin. Aussitôt, Ribbentrop lui
fit remarquer que les termes du pacte tripartite ne l’engageaient nullement à
déclarer la guerre aux États-Unis puisque le Japon était l’agresseur. C’est du
moins ce que le ministre nazi assura à Nuremberg. Voici ses paroles :
    « Le texte du Pacte tripartite engage l’Allemagne à
prêter assistance au Japon en cas d’agression contre lui . J’expliquai au
Führer l’aspect légal de la situation et lui fis comprendre que, d’après les
stipulations du pacte, nous n’étions aucunement obligés de déclarer
officiellement la guerre à l’Amérique. Après mûre réflexion, le Führer me fit
part de son opinion : « Notre refus de participer à la guerre
nippo-américaine reviendrait, politiquement, à la condamnation à mort du pacte
tripartite.
    Mais ceci n’est pas la raison majeure. Le motif principal
de notre entrée en guerre est l’attaque de nos navires par la marine américaine.
De tels actes ont déjà créé, de facto , l’état de guerre. » Dans l’esprit
du Führer, l’imminente déclaration de guerre de l’Amérique à l’Allemagne ne
faisait à ce moment-là aucun doute. Je reçus donc l’ordre de rendre son
passeport à l’ambassadeur des États-Unis (42). »
    Le président Roosevelt et Cordell Hull prévoyaient ce geste. Le 8 décembre,
en dépit de la pression exercée par le Congrès en faveur d’une immédiate
déclaration de guerre à l’Axe, ils avaient résolu d’attendre encore. Le
bombardement de Pearl Harbour venait de leur délier une main, et certains
renseignements leur donnaient à penser que le dictateur nazi délierait l’autre
avant peu [150] .
    Les deux hommes d’État avaient longuement étudié la dépêche (interceptée)
expédiée à Tokyo par Oshima rapportant la déclaration de Ribbentrop, à

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