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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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savoir
la promesse allemande de participer aux hostilités contre les États-Unis si le
Japon s’y engageait le premier. Cette promesse ne comportait aucune clause
conditionnelle touchant l’agresseur. Dans quel cas l’Allemagne se trouvait-elle
tenue de participer aux hostilités ? Aucun texte ne le stipulait
expressément. Le Japon possédait là un chèque en blanc sur Berlin et, sans nul
doute, allait exiger qu’il fût honoré. Il le fut, mais après de nouvelles
tergiversations de son tireur, Adolf Hitler.
    Le jour même de son retour à Berlin, le 9 décembre, celui-ci
convoqua le Reichstag en séance extraordinaire, puis, réflexion faite, la remit
au 11. Excédé par les attaques incessantes de Roosevelt contre
sa personne, contre le national-socialisme, et par les agressions de la marine
américaine contre les bâtiments allemands dans l’Atlantique, il était « à
bout de patience ». Sa haine contre l’Amérique et les Américains croissait
de jour en jour et, conjointement, une dangereuse tendance à sous-estimer la
puissance militaire des Etats-Unis [151] .
    En revanche, il surestimait tout aussi dangereusement la
puissance militaire du Japon. Ne s’imaginait-il pas que la marine nippone, la
plus invincible du monde à ses yeux, après avoir disposé des Anglais et des
Américains dans le Pacifique, se tournerait du côté russe, et aiderait l’Allemagne
à achever sa grandissime conquête.
    « L’entrée en guerre du Japon est pour nous un atout
de valeur exceptionnelle, ne serait-ce qu’en raison de la date choisie, dit-il
encore à ses confidents. A l’heure où les rigueurs inattendues de l’hiver russe
pèsent si lourdement sur le moral de nos troupes, et où le peuple allemand
angoissé sent approcher un conflit avec l’Amérique, l’intervention japonaise se
révèle des plus opportunes (43). »
    Le coup soudain et brutal assené à la flotte américaine exalta
son admiration, surtout par son élément de surprise. Il appréciait la manœuvre
pour l’avoir employée lui-même avec succès et fierté, et, en récompense de
cette prouesse, il remit le 14 décembre, au général Oshima, la grand-croix
de l’Ordre du Mérite de l’Aigle d’Or allemand.
    « Voilà comment il faut déclarer la guerre ! approuva-t-il :
cette méthode est la seule efficace ! Elle correspond à mon propre système,
c’est-à-dire : négocier aussi longtemps que possible, mais, si l’on s’aperçoit
que l’adversaire ne cherche qu’à se dérober, à vous humilier, à vous tromper et
se refuse à toute entente, il faut alors frapper le plus brutalement possible, sans
perdre son temps à déclarer la guerre. Je me réjouis d’apprendre la réussite de
la première opération japonaise. Moi-même, en un temps, avec une patience
infinie, j’ai poursuivi des négociations avec la Pologne, par exemple, et aussi
avec la Russie. Quand la mauvaise foi de l’adversaire m’est apparue, j’ai
frappé, sans m’attarder à d’inutiles formalités et, à l’avenir, je continuerai
à agir ainsi (44). »
    Hitler avait une autre raison d’ajouter rapidement les
États-Unis à la formidable liste de ses ennemis. Le docteur Schmidt sut la
découvrir. « J’ai l’impression, écrit-il, qu’Hitler, talonné par son
appétit immodéré de prestige et sentant venir la déclaration de guerre de l’Amérique,
veut prendre les devants (45). »
    Schmidt voyait juste. Le dictateur confirma son jugement le 11 décembre
à la tribune du Reichstag :
    « L’Allemagne frappera toujours la première ! S’exclama-t-il
au milieu des ovations des députés. Toujours l’Allemagne portera le premier
coup ! »
    En vérité, il craignait tellement d’être distancé par l’Amérique
que, le 10 décembre, il admonesta sévèrement Thomsen à propos de ses
indiscrétions susceptibles d’alerter Washington. Ce même 10 décembre, Ribbentrop
rédigeait le texte officiel de la déclaration de guerre qu’il se proposait de
remettre au chargé d’affaires des États-Unis le lendemain, 11 décembre, à
deux heures trente précises. De son côté, Thomsen reçut l’ordre de se présenter
à Cordell Hull à trois heures trente, pour lui remettre une copie de ladite
déclaration et demander son passeport. Ribbentrop terminait son message par une
recommandation formelle : Éviter tout contact avec le Département d’État
avant la remise du document final à Cordell Hull. A tout prix, nous

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