Le Troisième Reich, T2
échange de notes
diplomatiques à ce propos. Expliquez en détail au ministre des Affaires
étrangères que les fournitures américaines envoyées par cargo à la Russie ne
sont ni importantes ni de haute qualité, et que, si nous déclenchons une guerre
contre les États-Unis, nous nous emparerons de tous ses bâtiments à destination
de l’U. R. S. S. Veuillez tenter d’aboutir à une entente sur ces bases.
Toutefois, si Ribbentrop exigeait une garantie formelle de
notre part à ce sujet, vous devrez prendre en notre nom l’engagement de
principe d’empêcher tout transit de matériel de guerre américain vers la Russie
par les eaux japonaises. Obtenez de l’Allemagne son accord sur un texte
additionnel expliquant que nous ne saurions appliquer de façon plénière cet
engagement tant que, pour des raisons stratégiques, nous resterons dans l’obligation
d’éviter les hostilités entre l’U. R. S. S. et le Japon. Si le gouvernement
allemand refuse son accord sur ce qui précède et fait dépendre formellement son
acquiescement de notre entrée en guerre et d’un traité nous engageant à ne pas
conclure de paix séparée, nous ne pourrons faire autrement que d’ajourner la
conclusion de notre accord (37). »
Les Japonais se faisaient bien inutilement du souci. Pour des
raisons inconnues des généraux nippons et de n’importe qui, raisons défiant d’ailleurs
toute logique, Hitler négligea d’exiger la participation du Japon à la guerre
germano-russe. L’eût-il fait, le cours des événements aurait pris sans doute
une tout autre tournure.
Quoi qu’il en soit, en ce samedi soir 6 décembre 1941, le
Japon s’apprêtait à assaillir les États-Unis dans le Pacifique. Où ? Quand ?
Ni Washington ni Berlin ne le savaient exactement. Le matin, l’Amirauté
britannique avait informé le président Roosevelt qu’une vaste flotte japonaise
mettait le cap sur l’isthme de Kra, via golfe du Siam, manœuvre qui faisait
prévoir une première attaque contre la Thaïlande et peut-être la Malaisie. A
neuf heures du soir, le président Roosevelt adressait à l’empereur du Japon un
message personnel l’adjurant de se joindre à lui pour trouver le moyen de « dissiper
les sombres nuages amoncelés ».
Il l’avertissait aussi qu’un coup de force japonais dans le
Sud-Est asiatique créerait une situation « impensable ». A la même
heure, les officiers appartenant aux services de renseignement de l’amirauté
rédigeaient leurs derniers rapports sur la position des principales unités
navales nippones. La plupart se trouvaient dans les ports japonais, disaient-ils,
y compris tous les porte-avions et autres bâtiments de l’escadre qui, à cette
minute précise, naviguaient déjà à moins de 300 milles de Pearl Harbour, tandis
que les bombardiers prêts à décoller n’attendaient que le lever de l’aube.
Entre-temps, l’amirauté apprenait au président Roosevelt et à
Cordell Hull la destruction des codes de l’ambassade japonaise. Toujours le 6 décembre,
les services du chiffre de l’amirauté étaient parvenus à décoder et à traduire
au fur et à mesure de sa transmission sur les ondes un intéressant message de Tojo, émis en quatorze fractions tout le long de l’après-midi
et, à neuf heures trente, un officier de marine apportait à la Maison Blanche
la traduction des treize premiers fragments.
« C’est la guerre… », dit Roosevelt à Harry Hopkins
présent dans son cabinet de travail.
Le message n’indiquait ni exactement où, ni exactement quand l’assaut
allait avoir lieu et l’amiral Nomura en personne l’ignorait. Non loin de là, sur
le front d’Europe orientale, Hitler l’ignorait tout autant. En fait, il en
savait moins que Roosevelt.
HITLER DECLARE LA GUERRE
AUX ETAT-UNIS
L’attaque japonaise de la flotte américaine du Pacifique à Pearl
Harbour, le 7 décembre 1941, à sept heures trente (heure locale), prit
Berlin par surprise tout autant que Washington. Bien qu’Hitler et Ribbentrop
eussent promis respectivement à Matsuoka et à Oshima l’entrée en guerre de l’Allemagne
contre les États-Unis lorsque le Japon aurait lui-même entamé les hostilités, une
telle promesse était restée à l’état verbal et, d’autre part, les Japonais n’avaient
soufflé mot à leur partenaire allemand de l’opération Pearl Harbour [148] .
Rappelons qu’à ce moment-là, sur le front russe, Hitler s’occupait
à rallier ses généraux
Weitere Kostenlose Bücher