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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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agir.
    De son domaine d’Ebenhausen, Hassell écrit le 28 mars dans
son journal : « Je viens d’avoir quelques entretiens avec Jessen [156] ,
Beck et Gœrdeler. Les perspectives ne sont pas brillantes (8). » Comment, sans
plan cohérent, auraient-elles pu l’être ? Alors que s’ouvrait la troisième
année de la guerre, Adolf Hitler, en revanche, mûrissait le sien, farouchement
résolu à le mettre à exécution.

LES DERNIERES GRANDES
OFFENSIVES ALLEMANDES
    Bien que l’invincible obstination du Führer à
interdire tout mouvement de retraite ait entraîné de gigantesques hécatombes d’hommes
et de matériel, provoqué la démoralisation des chefs militaires et abouti, dès
février 1942, à une situation frisant le désastre, il est certain que cette
intraitable volonté de tenir à tout prix contribua à retarder la ruée
soviétique. Le courage et l’endurance traditionnels du soldat allemand firent
le reste.
    A partir du 20 février, l’offensive russe, de la Baltique à
la mer Noire, s’essouffle et, fin mars, saison de la boue, une trêve relative s’étend
le long de ce front sanglant. L’épuisement accable les adversaires. Un rapport
de la Wehrmacht daté du 30 mars révèle ce que vient
de coûter à l’Allemagne la campagne d’hiver. Sur un total de 162 divisions, 8
seulement sont encore en état de combattre, 16 divisions blindées totalisent
entre elles 140 chars en état de marche, effectifs dont dispose normalement une
division (9).
    Tandis que ses troupes se reposent et se rééquipent, le chef
suprême des forces armées du Reich élabore son programme d’été,
moins ample, notons-le, que celui de l’année précédente. Il s’aperçoit à
présent de l’impossibilité de venir à bout de l’Armée Rouge en une seule
campagne. Il se propose alors de concentrer le gros de ses forces au Sud ;
de s’emparer des gisements pétrolifères du Caucase, du bassin du Donetz, des
cultures agricoles du Kouban et, pour couronner le tout, de prendre Stalingrad.
    Les Soviets perdront ainsi la plus grande partie de leurs richesses
agricoles et industrielles, sans parler du pétrole, toutes choses dont ils ne
peuvent se passer s’ils veulent continuer la guerre, et les Allemands encore
moins. « Si je ne m’empare pas du pétrole de Maïkop et de Grozny avant l’offensive
d’été, autant en rester là tout de suite », déclara le Führer à Paulus, commandant
la VIe armée (10).
    Staline aurait pu dire exactement la même chose. Lui aussi avait
besoin du pétrole du Caucase pour continuer à combattre. Stalingrad prenait dès
lors une importance capitale. Que les Allemands s’en emparent, la dernière voie
par laquelle le pétrole parvenait jusqu’en Russie centrale – via mer Caspienne
et Volga – serait désormais bloquée.
    Tout autant que d’essence pour ses chars et ses avions, Hitler
avait besoin d’hommes pour combler les brèches terribles ouvertes dans les
rangs de ses armées. A la fin de l’hiver, le chiffre des tués et des blessés
atteignait 1 167 835, sans compter les malades. Les effectifs de
remplacement ne parvenaient pas à compenser ces pertes. Le haut commandement
fit alors appel aux alliés de l’Allemagne, ou plus exactement à ses vassaux. Keitel,
chargé de battre le rappel, se rendit en hâte à Bucarest et à Budapest pour y
recruter quelques divisions roumaines et hongroises, tandis que Gœring et, finalement,
Hitler en personne demandaient à Mussolini l’appui d’un corps expéditionnaire
italien.
    Gœring, arrivé à Rome à la fin de janvier, renouvelle à l’adresse
du Duce ses rodomontades coutumières : « La Russie sera battue à
plate couture en 1942. L’Angleterre déposera les armes en 1942, etc. »
    « Comme toujours, constate Ciano le 2 février, le
maréchal obèse, constellé d’une panoplie de décorations, s’est montré
insupportable de suffisance. » Et deux jours plus tard : « Gœring
quitte Rome ce soir. Auparavant, nous l’avons reçu à dîner à l’Hôtel
Excelsior . Tout le long du repas, il ne nous a entretenu que de sa
collection de bijoux. A vrai dire, les bagues qu’il porte aux deux mains sont
fort belles… Pour se rendre à la gare, il endossa une vaste pelisse de zibeline
tenant le milieu entre l’accoutrement des chauffeurs d’automobile de 1905 et la
tenue d’Opéra des courtisanes de haut vol (11). »
    La dégradation et la décomposition progressives du personnage n° 2
du Reich

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