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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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commençaient à s’accuser.
    Le Duce promit à Gœring l’envoi en mars de deux divisions
italiennes sur le front russe, à condition que l’Allemagne se chargeât de l’artillerie.
En même temps, il laissa percer de telles alarmes à l’endroit des défaites de
son partenaire que celui-ci jugea le moment venu de l’assurer personnellement
de l’invulnérabilité de l’Allemagne. L’entrevue eut lieu les 29 et 30 avril
à Salzbourg, dans le palais baroque de Klessheim, naguère le siège des
princes-évêques, à présent décoré de meubles, tapis et tapisseries soustraits à
la France. « Tout cela n’a pas dû leur coûter cher », ne manque pas d’insinuer
Ciano, qui remarque aussi : « Le Führer m’a paru las, vieilli : ses
cheveux grisonnent. L’hiver russe l’a profondément marqué [157] . »
    Vint alors le sempiternel numéro exécuté par Hitler et
Ribbentrop à l’adresse de Mussolini. Tout allait pour le mieux dans le meilleur
des mondes en Russie, en Afrique, en Europe occidentale, sur terre et sur mer.
    « L’imminente offensive dirigée contre le Caucase nous
livrera ses gisements de pétrole, assura Ribbentrop. Quand les stocks
soviétiques de pétrole seront épuisés, nous aurons la Russie à notre merci… Ensuite
ce sera le tour de la Grande-Bretagne, qui courbera l’échine afin de sauver les
vestiges de son empire émietté… L’Amérique ? Un énorme bluff. »
    Tout en écoutant plus ou moins patiemment son collègue
germanique, Ciano pensa, à juste titre, que c’était l’Allemagne qui bluffait et
non l’Amérique. A la pensée de ce que leur nouvel ennemi était capable de leur
infliger, « un frisson doit leur parcourir l’échine ».
    « Comme toujours, note Ciano, Hitler parle, parle, parle.
Mussolini souffre et rage en silence. Habituellement, c’est lui qui pérore et
il supporte mal le renversement des rôles. Le second jour, après déjeuner, alors
que tout avait été dit, le Führer reprend la parole pendant une heure quarante
sans interruption ! Tout y passe : la guerre, la paix, la religion, la
philosophie, l’art et l’histoire. Mussolini consulte machinalement sa montre… Pauvres
Allemands qui ont à subir cette épreuve tous les jours, alors qu’ils
connaissent par cœur chaque mot, chaque geste, chaque pause. Après une lutte
épique, le général Jodl finit par s’endormir sur un canapé. Keitel dodeline du
chef, mais réussit à garder les yeux ouverts. Il est placé trop près d’Hitler
pour se permettre de céder au sommeil (12). »
    En dépit de ces avalanches verbales, peut-être à cause d’elles, Hitler
obtint la promesse d’un envoi de chair à canon italienne sur le front russe. De
son côté, Keitel remporta un plein succès auprès des vassaux balkaniques. Son
recrutement de 52 divisions se répartit ainsi : 27 divisions roumaines, 13
hongroises, 9 italiennes, 2 tchécoslovaques et 1 espagnole. Halder et la
majorité des généraux ne comptaient que modérément sur ces divisions étrangères,
dont, à leur avis, les vertus guerrières étaient sujettes à caution, pour ne
pas dire plus. Mais, en raison de la pénurie d’hommes, ils acceptèrent de
mauvaise grâce leur incorporation à la Wehrmacht. Nous savons aujourd’hui que
cette décision allait contribuer à la débâcle finale.
    Quoi qu’il en fût, l’été de 1942 marqua un rebondissement de l’heureuse
fortune de l’Axe. Avant même le déclenchement de l’offensive du Caucase et de
Stalingrad, le célèbre Afrika Korps de Rommel remportait en Afrique une
sensationnelle victoire [158] .
    En une brusque offensive, son célèbre Afrika Korps – 2
divisions blindées, 1 division d’infanterie motorisée, plus 8 divisions
italiennes dont l’une blindée – repousse d’un seul coup l’armée des « rats
du désert » britanniques jusqu’à la frontière égyptienne. Le 21 juin,
Rommel s’empare de Tobrouk, position-clé des défenses ennemies, et deux jours
plus tard, pénètre en Égypte. A la fin de juin il atteint El Alamein, à 105
kilomètres d’Alexandrie et du delta du Nil.
    Il parut alors aux Britanniques penchés sur leurs cartes que
plus rien ne l’empêcherait de conquérir l’Égypte, et, de là, si des renforts
lui parvenaient à temps, d’opérer la poussée nord-est, qui lui permettrait de s’emparer
des immenses gisements pétrolifères du Moyen-Orient, puis, toujours plus avant,
d’opérer sa jonction avec les armées

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