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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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gouvernement antinazi serait capable, croyaient-ils, d’obtenir des
conditions de paix qui laisseraient à l’Allemagne son rang de grande puissance
et lui permettraient peut-être de conserver quelques-uns des gains de la
première heure : l’Autriche, les Sudètes et la Pologne occidentale.
    Toutefois, le texte de la Charte de l’Atlantique élaboré par
Churchill et Roosevelt le 19 août avait porté à leurs illusions un coup
sévère, en particulier le point VIII, stipulant qu’après la guerre l’Allemagne
devrait être désarmée. Aux yeux de Hassell, Gœrdeler, Beck et autres
conspirateurs, ce paragraphe prouvait que les Alliés n’avaient aucune intention
de faire une distinction entre Allemands nazis et Allemands tout court, et
voulaient à la fois vaincre Hitler et condamner l’Allemagne à l’impuissance. En
fait, remarque l’aristocratique Hassell, ex-ambassadeur, tout prêt à trahir le Führer, mais décidé à obtenir des Alliés le maximum d’avantages
en faveur d’une Allemagne non hitlérienne, le point VIII détruit toutes les
chances d’une paix équitable (2).
    Malgré leur désillusion, la promulgation de la Charte de l’Atlantique
éperonna les conspirateurs, ne fût-ce qu’en leur faisant comprendre la
nécessité de renverser Hitler, cependant qu’un gouvernement antinazi avait
encore quelque chance de négocier une paix avantageuse pour une Allemagne
restée maîtresse de la plus grande partie de l’Europe. Il n’y avait pas de
temps à perdre.
    A la fin d’août, les « patriotes germaniques », ainsi
se baptisaient eux-mêmes Hassell, Popitz, Oster, Dohnanyi et Friedrich Olbricht,
résolurent de soumettre aux alliés des « propositions très modérées »
sans néanmoins se départir de certaines exigences, à savoir le rétablissement
des frontières orientales allemandes de 1914, plus la conservation de l’Autriche
et des Sudètes. A la suite de délibérations tenues avec ses complices, Hassell
écrit dans son journal :
    « Nous sommes unanimement persuadés qu’avant peu il
sera trop tard pour déclencher notre action. Lorsque nos dernières chances de
victoire se seront encore réduites et auront disparu tout à fait, il n’y aura
plus rien à faire (3). »
    Quelques tentatives antérieures de persuasion auprès des
généraux en campagne sur le front russe, en vue d’arrêter le Führer avant l’été, s’étaient révélées infructueuses. Des hommes encore ivres
de leurs victoires initiales ne pouvaient songer à renverser le chef qui leur
avait permis de les remporter. Néanmoins, la semence jetée dans leurs esprits n’allait
pas tarder à germer.
    Le siège de la conspiration se trouvait être, cet été-là, le
propre Q. G. du général von Bock, commandant du groupe d’armées en marche sur
Moscou. Le meneur de jeu était l’un des officiers d’état-major de von Bock, le
commandant Henning von Tresckow, dont l’enthousiasme à l’endroit
du nazisme s’était refroidi au point de le jeter dans la conspiration. Il avait
pour lieutenants son propre aide de camp Fabian von Schlabrendorff et deux aides de camp de von Bock, le comte Hans von Hardenberg et le comte Henrich von
Lehndorff, tous deux descendants de très vieilles et grandes familles [155] .
    L’une de leurs tâches était d’amener le maréchal à se saisir
du Führer au cours d’une de ses inspections au Q. G. du
groupe d’armées. Entreprise ardue, car, malgré l’aversion qu’il professait à l’endroit
du régime nazi, il s’y trouvait trop profondément inféodé pour exécuter d’un
seul coup une pareille volte-face, et, d’autre part, sa vanité et son ambition
lui interdisaient de prendre un risque aussi grave à ce premier stade de la
partie. Un jour que Tresckow s’évertuait à le convaincre qu’Hitler entraînait l’Allemagne
à un désastre, Bock s’écria : « Je ne vous permets pas d’attaquer le Führer (4) !  »
    Déçus, mais non pas découragés, Tresckow et son jeune aide de
camp résolurent d’agir seuls et de se saisir du Führer sur
le parcours qu’il devait suivre le 4 août 1941 entre l’aérodrome de Borisov
et le Q. G. de von Bock. Les deux conspirateurs novices avaient compté sans les
mesures de sécurité dont s’entourait le dictateur au moindre de ses
déplacements.
    Encadré de sa garde du corps S. S. personnelle, Hitler refusa
les voitures d’état-major mises à sa disposition par von Bock et utilisa son
propre convoi

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