Le Troisième Reich, T2
d’Europe, officier beaucoup plus
jeune et d’un calibre tout différent. Il conserva ce poste, naguère l’un des
plus hauts et des plus puissants de l’armée allemande, surtout en 1914-1918, et
devenu comparable à celui de garçon de bureau d’Hitler, jusqu’à l’attentat
contre le dictateur en juillet 1944 [165] .
Les remaniements apportés à la direction de l’état-major ne
changèrent rien à la situation de l’armée allemande, dont les poussées jumelées
sur Stalingrad et le Caucase se heurtèrent à la résistance soviétique. Tout au
long du mois d’octobre, de violents combats eurent lieu dans les rues mêmes de
Stalingrad. Les Allemands parvenaient à progresser littéralement de maison en
maison, mais à un prix exorbitant. Tous ceux qui possèdent quelque expérience
de la guerre moderne savent que les ruines et les amoncellements de décombres d’une
grande ville facilitent la résistance prolongée de ses défenseurs. Les Russes, acharnés
à disputer pied à pied chaque pan de mur, exploitèrent cet atout au maximum.
Averti par Halder et son successeur, le
Führer connaissait l’état d’épuisement de ses troupes. Qu’importe ; coûte
que coûte il fallait avancer. Des divisions et encore des divisions furent
jetées et englouties dans l’enfer de Stalingrad. Pour Hitler, la prise de
Stalingrad devenait une question de prestige personnel et lorsque Zeitzler, prenant
son courage à deux mains, lui dit qu’en raison, du danger que courait son flanc
Nord, le long du Don, la VIe armée allait devoir se replier jusqu’à la boucle
du Don, Hitler entra en fureur. « Là où un soldat allemand a posé le pied,
il l’y laisse ! » vociféra-t-il.
Le 25 octobre, en dépit de l’irréductible résistance russe
et de pertes considérables, le général Paulus fit savoir au Führer que la prise
de Stalingrad serait chose faite le 10 novembre au plus tard. Rasséréné
par cette assurance, le dictateur donna ordre dès le lendemain, à la VIe et à
la IVe armées combattant au sud de la ville, de se tenir prêtes à effectuer une
poussée à la fois au Nord et au Sud le long de la Volga, aussitôt après la
chute de Stalingrad. Il n’ignorait certes pas la menace pesant sur le flanc du
Don. Les rapports de l’O. K. W. l’avaient éclairé sur ce point. Mais il ne
semble pas en avoir tenu compte, puisqu’il ne fit rien pour y parer.
Certains cette fois de tenir la situation bien en main, l’état-major
général, l’état-major de la Wehrmacht et lui-même abandonnèrent le G. Q. G. d’Ukraine
et revinrent à Wolfsschanze, d’où il serait plus facile de diriger les
opérations du centre et du nord.
A peine s’y trouvaient-ils réinstallés, que de mauvaises
nouvelles lui parvinrent d’un autre front plus lointain : l’Afrika Korps
était en difficulté.
LE DEBARQUEMENT ANGLO-AMERICAIN
Le 31 août, Rommel, surnommé le Renard du Désert des
deux côtés de la barricade, reprenait son offensive dans l’intention de
refouler la VIIIe armée britannique et d’achever sa poussée sur Alexandrie et
le Nil. Par une chaleur tropicale, des combats féroces eurent lieu sur un front
long de 60 kilomètres entre la mer et la dépression de Quattara, mais, dès le 3 septembre,
Rommel débordé dut revenir à la défensive.
Après une longue attente, l’armée britannique d’Égypte venait
enfin de recevoir de considérables renforts – infanterie, artillerie, chars d’assaut,
avions (ces derniers fournis par l’Amérique). Le 15 août, elle était
également pourvue de deux nouveaux chefs : un général excentrique mais de
grande valeur, Sir Bernard Law Montgomery, placé à la tête de la VIIIe armée, et
le général Sir Harold Alexander, stratège habile et brillant administrateur, nommé
commandant en chef des opérations en Moyen-Orient.
Peu après ses revers, Rommel, souffrant de crises hépatiques et d’une
infection nasale, dut aller suivre un traitement au Semmering, station de
montagne du Tyrol. C’est là que, le 24 octobre, Hitler lui envoya son S. O.
S. téléphonique : « Rommel, les nouvelles d’Égypte
sont mauvaises et la situation quelque peu obscure. Personne ne paraît savoir
ce qu’il est advenu du général Stumme [166] . Vous sentez-vous
capable de retourner là-bas et de reprendre votre commandement (20) ? »
Bien que toujours malade, Rommel accepta immédiatement.
Le lendemain même de son retour, l’offensive lancée par
Weitere Kostenlose Bücher