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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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spécial d’Hitler arriva à Munich à
trois heures quarante de l’après-midi. C’est là que lui parvinrent les premiers
rapports, nettement optimistes (22), concernant le débarquement. Partout, les
Français opposaient une résistance acharnée et, à Oran et Alger, repoussaient
les assaillants, cependant que l’amiral Darlan, ami de l’Allemagne, soutenu par
le gouvernement de Vichy, organisait la défense. Les premières réactions d’Hitler
furent quelque peu incohérentes. Il décréta notamment l’envoi immédiat de
renforts aux troupes allemandes de l’île de Crète, pourtant éloignée du nouveau
théâtre des hostilités, et donna ordre à la Gestapo d’amener les généraux
Weygand et Giraud à Vichy et de les y garder à vue [170] .
    Il fit aussi prier Ciano et Pierre Laval de venir le trouver à
Munich le lendemain. [171]
    Pendant vingt-quatre heures, Hitler joua avec l’idée d’un
projet d’alliance avec la France, dans l’espoir d’obtenir sa participation à la
guerre contre l’Angleterre et l’Amérique et aussi afin d’affermir la résolution
de résistance du gouvernement de Pétain au débarquement allié sur le sol d’Afrique
du Nord. Un geste du vieux maréchal vint étayer ses espérances. Le dimanche 8 novembre,
celui-ci rompit les relations diplomatiques avec les États-Unis et avertit leur
chargé d’affaires que les forces françaises résisteraient de tout leur pouvoir
à l’invasion anglo-américaine. Les documents de l’O. K. W. datés de ce dimanche
8 novembre soulignent le désir d’Hitler d’obtenir la « collaboration
à longue portée » des Français. Le soir même, le chargé d’affaires d’Allemagne
à Vichy, Krug von Nidda, soumit une proposition dans ce sens à Pétain (23).
    Le lendemain, changeant d’avis, le Führer déclare à Ciano qu’il
ne se fait aucune illusion sur la résistance française aux Alliés et décide :
1°d’occuper la totalité de la France ; 2°de s’emparer de la Corse ; 3°de
créer une tête de pont en Tunisie. Cette décision fut communiquée à Pierre
Laval dès son arrivée à Munich, le 10 novembre, mais sans précision sur la
date d’exécution. Ce Français, traître à son pays, promit tout de suite de
faire pression sur Pétain pour le faire accéder aux souhaits du Führer, mais
suggéra de mettre ceux-ci à exécution sans attendre l’approbation du vieillard
sénile. A vrai dire, Hitler en avait bien l’intention.
    Ciano a laissé dans son journal un portrait du chef du
gouvernement de Vichy qui, après la Libération, fut condamné pour crime de
haute trahison et fusillé :
    « Dans le vaste salon, au milieu d’officiers en
uniformes, Laval, avec sa cravate blanche et sa tenue de paysan endimanché, semble
singulièrement déplacé. Il essaye de prendre un ton détaché, raconte son voyage
en voiture. Il a, paraît-il, dormi presque tout le temps, etc… Ses histoires
tombent à plat. Hitler le traite avec une politesse glacée…
    « Le pauvre homme, placé sans le savoir devant le fait
accompli, ne pouvait s’imaginer qu’au moment même où il fumait son cigare en
conversant avec ses hôtes, ordre était donné aux troupes allemandes d’occuper
la zone dite libre du territoire français. Personne ne lui en souffla mot. Le
lendemain et pas avant, me dit Ribbentrop, Laval serait informé qu’en raison de
certains renseignements reçus au cours de la nuit, le Führer s’était vu
contraint de prendre cette mesure (24). »
    L’occupation de la zone libre fut chose faite dès le lendemain, 11 novembre,
sans autre incident qu’une futile protestation de Pétain. En même temps, les
Italiens occupaient la Corse, et des troupes allemandes aéroportées se
mettaient en route avec mission de s’emparer de la Tunisie avant que les Gls d’Eisenhower
ne pussent les devancer.
    Enregistrons ici une nouvelle et typique fourberie hitlérienne :
le 13 novembre, le conquérant nazi avait promis au maréchal Pétain que ni
les Allemands, ni les Italiens n’occuperaient la base navale de Toulon, où la
flotte française se trouvait immobilisée depuis l’armistice. Exactement douze
jours plus tard – les documents de l’O. K. W. prouvent la préméditation – il
décida de déclencher sans délai l’Opération Lila [172] ,
c’est-à-dire l’occupation de Toulon et la saisie des bâtiments de guerre
français.
    Au matin du 27 novembre, les troupes allemandes
attaquèrent le port militaire,

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