Le Troisième Reich, T2
trois jours, atteignait 135
kilomètres. Les Italiens fuyaient en débandade, et la IIIe armée roumaine, sévèrement
étrillée le 19 novembre, se désagrégeait. Non seulement les armées du Don
battirent en retraite, mais aussi les armées de Hoth, les plus proches de
Stalingrad. Ces retraites en chaîne mettaient en danger l’armée du Caucase, qui,
si les Russes parvenaient à Rostov (sur la mer d’Azov), serait complètement
encerclée.
Le 27 décembre, Zeitzler lança un dernier avertissement au Führer :
« A moins que vous n’ordonniez une retraite immédiate du
front du Caucase, nous aurons bientôt sur les bras un second Stalingrad. »
Contre son gré, Hitler donna l’ordre sollicité.
Le groupe d’armées de Kleist comprenait la
1re et la XVIIe armée, rentrées bredouilles de leur mission, c’est-à-dire la
conquête des gisements de pétrole de Grozny. Après avoir entrevu le but à
portée de la main, elles aussi durent tourner bride.
Les revers allemands en Russie et italo-allemands en Afrique du
Nord française, donnèrent à réfléchir à Mussolini. De son côté, Hitler
souhaitait s’entretenir avec lui et l’invita à venir le rejoindre à Salzbourg. Il
accepta, « à condition, dit-il à Ciano, de prendre mes repas seul. Je ne
tiens pas à ce que cette bande de goinfres allemands s’aperçoivent que je me
nourris de riz au lait [174] ».
L’heure était venue, jugeait-il, de décider Hitler à faire la
part du feu en négociant un accord avec Staline et de concentrer les ressources
de l’Axe à la défense des Balkans, de l’Europe occidentale et de ce qui restait
de l’Afrique. « Ne nous y trompons pas, dit-il un jour à Ciano, 1943 sera
l’année du coup de collier américain. »
Hitler, retenu à son Q. G. de Prusse-Orientale, ne put recevoir
Mussolini. Ciano fit donc seul le long voyage de Rastenburg avec mission d’exposer
au dictateur les propositions de son beau-père. Hitler les repoussa avec un
profond dédain et assura à son visiteur que, sans affaiblir le moins du monde
le front russe, il était en mesure d’envoyer en Afrique du Nord les renforts
voulus, puisque « il faut nous y maintenir à tout prix », insista-t-il.
En dépit des déclarations optimistes du conquérant, Ciano trouva
le moral allemand plutôt bas. Il écrit :
« L’atmosphère du G. Q. G. est accablante. Aux
mauvaises nouvelles s’ajoutent le décor lugubre de cette forêt humide et sombre
et l’épreuve de la vie commune dans des baraques de fortune… Personne n’essaie
de dissimuler l’angoisse que provoquent les percées de l’Armée Rouge. Les
Allemands tentent ouvertement d’en rendre l’Italie responsable. »
Au moment précis de cette entrevue, les survivants de la VIIIe
armée italienne, en plein sauve-qui-peut, fuyaient à toutes jambes et, lorsque
l’un des membres de la suite de Ciano posa à un officier de la Wehrmacht la
question : « Les Italiens ont-ils subi de lourdes pertes ? »,
l’interlocuteur répondit : « Aucune perte, ils ont détalé (26) ».
Sans exactement détaler, les troupes allemandes du Caucase et du
Don battaient en retraite aussi rapidement que possible afin d’éviter l’encerclement.
Chaque jour les éloignait un peu plus de Stalingrad et le moment vint où les
Russes n’eurent plus qu’à réoccuper la ville. Tout d’abord, cependant, ils
offrirent aux condamnés de la VIe armée la chance d’en sortir vivants.
Dans la matinée du 8 janvier 1943, trois jeunes officiers
de l’Armée Rouge, tenant un drapeau blanc, pénétrèrent dans les lignes allemandes
et présentèrent au général Paulus l’ultimatum du général Rokossovski, commandant
des armées soviétiques du Don. Paulus avait vingt-quatre heures pour se décider.
Après avoir fait observer que la VIe armée encerclée, coupée de
ses communications, ne pouvait plus être ni relevée, ni ravitaillée, le
document concluait :
« La situation de vos troupes est désespérée. Elles
souffrent de la faim, du froid et d’un épuisement total. Le cruel hiver de
Russie ne fait que commencer. Le gel, les vents polaires, les tempêtes de neige
approchent. Vos soldats sont démunis de vêtements chauds et vivent dans des
conditions inhumaines… Pour toutes ces raisons, et afin d’éviter d’inutiles
effusions de sang, nous vous soumettons les conditions de capitulation
suivantes… » Les conditions stipulées étaient honorables. Tous
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