Le Troisième Reich, T2
mais les marins français les tinrent en respect
le temps voulu pour permettre aux équipages de saborder les bâtiments. Ainsi échappèrent
à l’Allemagne les navires de guerre français, dont elle avait un pressant
besoin en Méditerranée. Ils furent également perdus pour les Alliés, auxquels
ils auraient apporté un précieux renfort.
Hitler gagna Eisenhower de vitesse dans la course à l’occupation
de la Tunisie, mais ce fut une victoire douteuse. Sur ses instances, 250 000
hommes, Allemands et Italiens, envoyés à la rescousse, y tinrent la tête de
pont. Si quelques mois plus tôt le dictateur déclinant avait envoyé à Rommel un
cinquième des effectifs concentrés en 1942 sur les côtes tunisiennes, le « Renard
du Désert » aurait depuis longtemps dépassé le Nil. Le débarquement
anglo-américain en Afrique du Nord n’aurait pas eu lieu, et la Méditerranée
aurait été irrémédiablement perdue pour les Alliés. Au lieu de cela, la
campagne de Tunisie coûta à l’Axe tous les hommes, tous les canons, tous les
chars amenés en hâte sur ce nouveau théâtre de guerre en ce fatal hiver 1942, et
auxquels furent adjoints les derniers débris de l’Afrika Korps. Le nombre des
prisonniers allemands entassés derrière les grilles des camps battit le record
consécutif au désastre de Stalingrad, qui va faire l’objet du prochain chapitre.
LE DESASTRE DE STALINGRAD
Le 19 novembre, alors qu’Hitler et les principaux chefs de
l’O. K. W. s’attardent agréablement devant le magnifique paysage alpin de
Berchtesgaden, les Russes déclenchent à l’aube, sous les rafales de blizzard, la
grande contre-offensive du Don.
Bien qu’une attaque soviétique dans ce secteur ait été plus ou
moins attendue, ni le Führer ni ses conseillers, Keitel
et Jodl, ne prévoyaient son ampleur. C’est ainsi que
le 8 novembre, après le retentissant discours du Commandant Suprême à la
vieille garde du Buergerbräukeller , ils s’en étaient venus respirer en
paix l’air pur de l’Obersalzberg. Paix brusquement rompue par un appel
téléphonique du général Zeitzler, qui aillait provoquer le retour précipité d’Hitler
à son G. Q. G. de Prusse.
Zeitzler vient de recevoir des nouvelles alarmantes. Dès les
premières heures de l’offensive, les blindés soviétiques, en formation massive,
ont percé les lignes de la IIIe armée roumaine, entre Serafinovitch et
Kletskaya, au nord-ouest de Stalingrad. Au sud de la ville assiégée, d’autres
colonnes puissantes attaquent la IVe armée blindée allemande, la IVe armée
roumaine et les menacent d’une seconde percée. Pour qui sait lire une carte, l’objectif
des Russes est évident, Zeitzler ne s’y trompe pas.
Ses renseignements lui ont appris que, pour l’atteindre, l’ennemi
a massé au sud treize armées et plusieurs milliers de chars d’assaut. Il s’agit
d’isoler Stalingrad et de forcer la VIe armée de Paulus, menacée d’encerclement,
à battre en retraite vers l’ouest. Dès que Zeitzler se rend compte de ce qui se
passe, il adjure Hitler d’ordonner le repli de la VIe armée sur la boucle du
Don où le front ébréché peut encore être reconstitué. Aussitôt, Hitler entre en
fureur : « Je ne quitterai pas la Volga ! Je ne me replierais
pas ! » Hurle-t-il, et, sur-le-champ, il ordonne lui-même à Paulus de
« tenir bon là où il est (25) ». Cette décision décrétée dans la
colère va conduire au désastre.
Le 22 novembre, quatrième jour de la contre-offensive russe,
les nouvelles sont catastrophiques. Les armées russes du Nord et du Sud ont
opéré leur liaison à Kalach, sur la boucle du Don, à 60 kilomètres de
Stalingrad. Dans la soirée, le général Paulus, commandant de la VIe armée, annonce
que les troupes sont encerclées. « Transportez votre Q. G. à l’intérieur
de la ville et établissez une défense en hérisson, répond Hitler. La Luftwaffe
vous ravitaillera par air jusqu’à ce qu’il soit possible de vous relever. »
Manœuvre dérisoire : à présent, 20 divisions allemandes et
2 roumaines sont coupées de leurs communications. Paulus demande un minimum
quotidien de 750 tonnes de vivres et de matériel. Ce chiffre dépasse
considérablement les capacités de la Luftwaffe. Elle ne possède plus une
quantité suffisante d’avions de transport pour faire face à pareille tâche. L’eût-elle
possédée, les tempêtes de neige et, par-dessus tout, les avions de
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