Le Troisième Reich, T2
constituait « un règlement définitif ». Un an
plus tard, en pleine période de succès en Russie, il admonestait ainsi ses
adjoints :
« En ce qui concerne ces malheureux 100 millions de
Slaves, nous modèlerons les meilleurs d’entre eux selon la forme qui nous
conviendra le mieux et nous isolerons le reste dans leurs propres porcheries ;
et quiconque parlera d’aimer les habitants de ces pays, et de les civiliser, ira
tout droit dans un camp de concentration (30). »
LES PRISONNIERS DE GUERRE
Bien que l’emploi des prisonniers de guerre dans les usines d’armement,
ou pour tous travaux en relation avec les combats qui se déroulaient sur le
front, fût une violation flagrante des conventions de La Haye et de Genève, cet
emploi, en dépit de son importance massive, constituait le dernier des soucis
des Allemands pour leurs millions de prisonniers.
Leur souci primordial et lancinant était de survivre à la guerre.
Les prisonniers russes avaient toutes les chances contre eux. Leur nombre
dépassait celui de tous les autres mis ensemble – environ 5 750 000, dont
il ne restait plus qu’un million à peine lorsque les troupes alliées libérèrent
les camps de P. G. en 1945. Un autre million avait été libéré au cours de la
guerre ou autorisés à servir dans des unités créées par l’armée allemande, 2
millions de prisonniers de guerre russes moururent en captivité… de faim, de
froid, de maladie. On n’a jamais établi ce qu’il était advenu du dernier
million ; à Nuremberg, on a estimé que la plupart d’entre eux étaient
morts pour les raisons ci-dessus énumérées ou qu’ils avaient été exterminés par
le S. D. (Service de Sûreté S. S.). Selon les chiffres trouvés dans les
dossiers allemands, 67 000 auraient été exécutés…, mais il s’agit là sans
aucun doute d’un chiffre incomplet (31).
La plus grande partie des prisonniers de guerre russes – environ
3 millions – fut capturée par les Allemands au cours de la première phase de la
campagne de Russie, lors des grandes batailles d’encerclement qui se
déroulèrent entre le 21 juin et le 6 décembre 1941. On peut admettre
qu’il était difficile pour une armée en plein combat ou progressant rapidement
de prendre soin comme il se doit d’un aussi grand nombre de captifs. Mais les
Allemands ne tentèrent aucun effort dans ce sens. En fait, les dossiers
allemands montrent, ainsi que nous avons pu le voir, que les prisonniers
soviétiques furent délibérément réduits à la famine et laissés en plein air, sans
abri, condamnés à mourir, pendant le terrible hiver glacial et neigeux de
1941-1942.
« Plus il en mourra, mieux cela vaudra pour nous », telle
était l’attitude d’un grand nombre de fonctionnaires nazis, selon une autorité
aussi incontestée que Rosenberg.
Le maladroit ministre des Territoires occupés de l’Est n’était
certes pas un nazi humain, en particulier lorsqu’il s’agissait des Russes, parmi
lesquels, ainsi que nous l’avons vu, il avait été élevé. Mais lui-même en vint
à protester contre le traitement dont les prisonniers de guerre russes étaient
l’objet, dans une longue lettre qu’il adressa le 28 février 1942 au
général Keitel, chef de l’O. K. W.
A cette époque, la contre-offensive russe qui avait repoussé les
Allemands devant Moscou et Rostov avait atteint son avance extrême pour cet
hiver 1942. Ils avaient enfin compris que le pari qu’ils avaient lancé de
détruire la Russie en une seule et courte campagne était perdu ; les U. S.
A. venant de joindre leurs forces à celles des Russes et des Anglais, il était
fort possible qu’ils perdissent la guerre, auquel cas ils auraient à répondre
de leurs crimes.
« Le sort des prisonniers de guerre en Allemagne (écrivait
Rosenberg à Keitel) constitue une tragédie d’une envergure impressionnante. Sur
3 600 000 prisonniers, quelques centaines de milliers seulement sont
encore capables de fournir un travail normal. Un grand nombre sont morts de
faim et de froid. »
Ceci aurait pu être évité, poursuivait Rosenberg. Il y avait
assez de nourriture en Russie pour les alimenter.
« Cependant, dans la majorité des cas, les commandants
de camp ont défendu que l’on mette des vivres à la disposition des prisonniers ;
ils ont préféré les voir mourir de faim. Même en cours de route vers les camps,
on ne laissait pas la population civile ravitailler les prisonniers. Dans bien
des
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