Le Troisième Reich, T2
quelques cas d’assassinat ou de
massacre dont furent victimes un petit nombre d’entre eux, mais la chose fut en
général due à l’excès de sadisme et de cruauté de certains commandants. Tel fut
le cas de la tuerie ordonnée de sang-froid, qui coûta la vie à 71 prisonniers
américains dans un champ près de Malmédy, en Belgique, le 17 décembre 1944,
au cours de la bataille des Ardennes.
En d’autres occasions, Himmler lui-même ordonna le meurtre de
prisonniers occidentaux, par exemple des 50 aviateurs anglais repris au
printemps de 1944, après s’être évadés d’un camp de prisonniers situé à Sagan. A
Nuremberg, Gœring devait déclarer qu’il « considérait cet incident comme
le plus grave de toute la guerre », et le général Jodl le qualifia de « pur
assassinat ».
En fait, il semble que cette action ait fait partie d’une
politique délibérée que les Allemands adoptèrent lorsque les bombardements
anglo-américains sur l’Allemagne prirent, à partir de 1943, une intensité considérable.
Cette politique consistait à encourager l’assassinat des aviateurs alliés
tombés sur le sol allemand. On incita les civils à lyncher les aviateurs dès qu’ils
touchaient terre avec leurs parachutes ; plusieurs Allemands passèrent en
jugement après la guerre pour s’être livrés à de tels actes.
En 1944, lorsque les bombardements anglo-américains atteignirent
leur point culminant, Ribbentrop insista pour que les aviateurs abattus fussent
exécutés sommairement, mais Hitler prit une décision relativement moins cruelle.
Le 21 mai 1944, d’accord avec Gœring, il ordonna simplement que les
aviateurs ayant tiré à la mitrailleuse sur des trains de voyageurs ou sur des
civils, ou sur des avions allemands forcés d’atterrir, fussent exécutés sans
passer en cour martiale.
Parfois, les aviateurs pris étaient simplement remis entre les
mains de la S. D. pour subir le « traitement spécial ». Ce fut le cas
de 47 aviateurs américains, anglais et hollandais, tous officiers, qui furent
purement et simplement assassinés au camp de concentration de Mauthausen, en
septembre 1944. Un témoin oculaire, Maurice Lampe, déporté, décrivit ainsi la
scène à laquelle il assista :
« Les 47 officiers furent conduits pieds nus à la
carrière… Au pied des marches, les gardes chargèrent des pierres sur le dos de
ces malheureux qui durent les porter jusqu’au sommet. Ils accomplirent le
premier voyage en portant des pierres pesant chacune environ soixante livres, tandis
que les coups pleuvaient sur eux… Au second voyage, on les chargea de pierres
plus lourdes encore et, quand ces malheureux succombaient sous le fardeau, on
les frappait à coups de pied et de gourdins… Le soir, vingt et un corps
gisaient le long de la route. Les 26 autres moururent le lendemain matin (37). »
Ce genre d’« exécution » était courant à Mauthausen, et
bon nombre de prisonniers de guerre, entre autres, en furent victimes.
A partir de 1942 – c’est-à-dire lorsque la situation militaire
commença de se retourner contre lui, Hitler ordonna d’exécuter les commandos
alliés faits prisonniers, en particulier dans l’Ouest. (Les partisans
soviétiques faits prisonniers étaient sommairement exécutés, comme si la chose
allait de soi.) L’ordre « ultra-confidentiel » du Führer sur les
commandos, daté du 19 octobre 1942, se trouve parmi les documents nazis
pris par les Alliés :
« A dater d’aujourd’hui, tous les ennemis arrêtés par
les troupes allemandes alors qu’ils se trouvent en prétendues missions de
commando en Europe ou en Afrique, même s’ils sont en uniforme, qu’ils soient
armés ou non, capturés en plein combat ou arrêtés en fuite, seront exécutés
sans exception (38). »
Dans une directive complémentaire datée du même jour, Hitler
expliquait à ses généraux la raison de cet ordre. Devant les succès remportés
par les commandos alliés :
« J’ai été contraint de donner des ordres très stricts
afin que soient détruites les troupes de sabotage ennemies et de déclarer que
toute inobservance de ces ordres sera sévèrement punie… Il faut que l’ennemi
comprenne bien que ses troupes de sabotage seront exterminées, sans exception, jusqu’au
dernier homme.
« Ceci signifie que leurs chances d’en réchapper
vivants sont nulles… En aucune circonstance, (ils) ne doivent s’attendre à être
traités conformément au règlement
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