Le Troisième Reich, T2
de la Convention de Genève… Dans le cas où il
serait nécessaire, pour obtenir des informations, d’en épargner un ou deux, ceux-ci
devront être fusillés aussitôt après leur interrogatoire (39). »
Ce crime particulier devait être gardé strictement secret. Le
général Jodl joignit ses instructions à la directive d’Hitler et souligna la
phrase : « Cet ordre s’adresse uniquement aux généraux commandants en
chef et ne doit en aucun cas tomber entre les mains de l’ennemi. » Les
commandants en chef avaient reçu l’ordre d’en détruire tous les exemplaires
après en avoir pris connaissance.
Il dut néanmoins s’imprimer dans leur esprit, car ils prirent
grand soin de l’exécuter. Citons-en un ou deux exemples parmi tant d’autres.
Dans la nuit du 22 mars 1944,2 officiers et 13 hommes du
267e bataillon Spécial de Reconnaissance de l’armée U. S. A. s’approchèrent de
la côte italienne, à bord d’une embarcation de la marine, et débarquèrent
derrière les lignes allemandes. Ils avaient pour mission de détruire un tunnel
situé entre La Spezia et Gênes. Ils étaient tous en uniforme et ne portaient
pas le moindre vêtement civil sur eux. Pris deux jours plus tard, ils furent
fusillés par un peloton d’exécution, le 26 mars, sans avoir passé en
jugement, sur l’ordre direct du général Anton Dostler, commandant le 75e corps d’armée
allemand. Jugé par un tribunal militaire U. S. peu après la guerre, celui-ci se
justifia en disant qu’il avait simplement obéi à l’ordre d’Hitler concernant
les commandos. Il déclara que, s’il n’avait pas obéi, il aurait passé lui-même
devant une cour martiale [190] .
Environ 15 membres d’une mission anglo-américaine – dont un
correspondant de guerre de l’Associated Press – tous en uniforme, qui avaient
été parachutés en Slovaquie, en janvier 1945, furent exécutés au camp de
concentration de Mauthausen, sur les ordres du docteur Ernst Kaltenbrunner, successeur
de Heydrich à la tête de la S. D. Kaltenbrunner devait comparaître au Procès de
Nuremberg [191] .
Sans le témoignage d’un adjudant du camp qui avait assisté à leur exécution, leur
meurtre aurait pu demeurer ignoré, car la plupart des dossiers relatifs aux
exécutions massives qui eurent lieu dans ce camp furent détruits (40).
LA TERREUR NAZIE
DANS LES TERRITOIRES CONQUIS
Le 22 octobre 1941, un journal français, Le Phare , publiait
la note suivante :
« De lâches criminels, à la solde de l’Angleterre et
de Moscou, ont assassiné le feldkommandant de Nantes, dans la matinée du 20 octobre.
Les assassins n’ont pas encore été arrêtés.
« En expiation de ce crime, j’ai donné l’ordre de
fusiller 50 otages, pour commencer… 50 autres otages seront fusillés dans le
cas où les coupables ne seraient pas arrêtés d’ici au 23 octobre à minuit. »
En France, en Belgique, en Hollande, en Norvège, en Pologne et
en Russie, ce genre de note devint familier dans les pages des journaux ou sur
les affiches rouges bordées de noir. La proportion, publiquement proclamée par
les Allemands, ne variait jamais : 100 contre 1 – 100 otages fusillés pour
chaque Allemand tué.
Encore que le système des otages remonte à des temps très
anciens – les Romains l’affectionnaient particulièrement – il n’était plus
guère pratiqué de notre temps, si ce n’est par les Allemands au cours de la
première guerre mondiale et par les Anglais aux Indes et en Afrique du Sud, lors
de la guerre des Bœrs. Toutefois, l’armée allemande le remit en honneur sur une
grande échelle au cours de la seconde guerre mondiale.
Des douzaines d’ordres secrets, signés du général Keitel et d’officiers
de moindre importance, furent produits à Nuremberg ; ils donnaient l’ordre
de prendre et de fusiller des otages. « Il est important, décrétait Keitel
le 1er octobre 1941, que ceux-ci comprennent des personnalités marquantes
ou des membres de leurs familles. » Le général von Stuelpnagel, commandant
en chef allemand pour la France, insistait un an plus tard sur le fait que « plus
les otages que l’on exécute seront connus, plus fort sera l’effet préventif
exercé sur les auteurs des crimes ».
En tout, 29 660 otages français furent exécutés par les
Allemands au cours de la guerre, et ce chiffre ne comprend pas les 40 000
qui « moururent » dans les prisons françaises. Pour la Pologne, le
chiffre des otages
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