Le Troisième Reich, T2
près de six mois
dans des chenils, des urinoirs et d’anciens fournils. Les chenils mesuraient
trois pieds de haut, sur neuf de long et six de large. Chaque chenil abritait
cinq hommes. Pour s’y introduire, les prisonniers devaient ramper à quatre
pattes… Il n’y avait pas d’eau dans le camp (26) [186] . »
Quelque 2 500 000 travailleurs forcés – en majorité
slaves et italiens – furent envoyés dans des fermes allemandes et, quoique
leurs conditions d’existence, du fait des circonstances, fussent meilleures que
celles de leurs camarades employés dans des usines, elle était fort loin d’être
idéale – ou même humaine. Parmi les documents pris par les Alliés, on a
retrouvé une directive concernant « le traitement des travailleurs
agricoles de nationalité polonaise » – elle donne une idée du traitement
dont ils faisaient l’objet. Bien qu’il s’agisse, dans cette directive, des
Polonais – elle est datée du 6 mars 1941, c’est-à-dire avant que les
Russes fussent disponibles – elle servit de modèle pour les travailleurs des
autres nationalités.
« Les travailleurs agricoles de nationalité polonaise n’ont
désormais plus le droit de se plaindre ; en conséquence, aucune
réclamation ne sera admise par les services officiels. Il leur est formellement
interdit de se rendre à l’église… Formellement interdit d’aller au théâtre, au
cinéma, ou à toute autre manifestation culturelle…
« Toute relation sexuelle avec des femmes ou des jeunes
filles leur est strictement interdite. »
Conformément à un édit d’Himmler promulgué en 1942, les
relations sexuelles avec une femme allemande étaient punies de mort [187] .
Il était formellement interdit aux travailleurs agricoles
étrangers d’utiliser « les chemins de fer, les autobus ou tout autre moyen
de transport public ». Cette interdiction visait apparemment à empêcher qu’ils
ne s’échappent des fermes auxquelles ils étaient affectés.
« Tout changement d’emploi arbitraire est strictement
interdit. Les travailleurs agricoles devront travailler le temps exigé par leur
employeur. La durée du travail n’est pas limitée pour eux.
« Les employeurs sont autorisés à faire usage des
châtiments corporels à l’égard des travailleurs étrangers qu’ils emploient… Dans
la mesure du possible, ces derniers doivent être tenus à l’écart de la
communauté et être logés dans les écuries, etc… Aucun remords ne doit venir
entraver cette action (28). »
Les femmes slaves prises et envoyées en Allemagne pour y servir
de domestiques furent, elles aussi, traitées en esclaves. Dès 1942, Hitler
avait donné l’ordre à Sauckel de s’en procurer un demi-million « afin de
soulager les ménagères allemandes ». Le commissaire au Travail obligatoire
établit les conditions dans lesquelles ces femmes travailleraient.
« Elles n’ont pas le droit de revendiquer des moments
de liberté. Les travailleuses domestiques venant de l’Est ne pourront quitter
le foyer auquel elles seront affectées que pour les besoins de leur service… L’accès
des restaurants, cinémas, théâtres et autres établissements similaires leur est
formellement interdit. Il leur est également interdit de pénétrer dans une
église (29)… »
Dans le cadre du programme nazi de travail obligatoire, les
femmes étaient presque aussi nécessaires que les hommes. Sur les quelque 3
millions de civils russes contraints à servir les Allemands, les femmes
représentaient plus de la moitié. La plupart furent envoyées dans des fermes
pour accomplir les gros travaux et dans des usines.
La réduction de millions d’hommes et de femmes des pays conquis
au simple rôle d’esclaves du Troisième Reich n’était pas uniquement une mesure
exceptionnelle du temps de guerre. Les déclarations d’Hitler, de Gœring, d’Himmler
et des autres que nous avons déjà citées – et il ne s’agit là que d’un
échantillonnage très réduit – montrent clairement que, si l’Allemagne nazie
avait survécu, l’Ordre nouveau aurait signifié le règne de la Race supérieure
allemande sur un vaste empire s’étendant de l’Atlantique aux monts Oural. Sans
aucun doute, les Slaves de l’Est auraient connu le sort le plus dur.
Ainsi que le déclarait Hitler en juillet 1941, soit à peine un
mois après l’attaque qu’il avait déclenchée contre l’Union Soviétique, son plan
d’occupation de ce pays
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