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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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cas, quand les prisonniers ne pouvaient plus suivre, en raison de leur faim
et de leur épuisement, on les abattait sous les yeux horrifiés de la population
civile et on abandonnait leurs cadavres sur place. Dans de nombreux camps, aucun
abri n’avait été prévu pour les prisonniers. Ils gisaient à ciel ouvert sous la
pluie ou la neige…
    « Il convient enfin de mentionner le massacre des
prisonniers de guerre… Ces bourreaux… ignorent tout de la politique. Ainsi, dans
divers camps, on a tué tous les « Asiatiques (32) »…
    Et pas seulement les Asiatiques… Peu après le début de la
campagne de Russie, un accord fut conclu entre l’O. K. W. et le Service de
Sûreté S. S. laissant à ce dernier le soin de « passer au crible »
les prisonniers russes. L’objectif en fut dévoilé dans la déposition écrite d’Otto
Ohlendorf, un des principaux tueurs du S. D. Comme la plupart des hommes qui
entouraient Himmler, c’était un intellectuel dévoyé. Il avait, en effet, des
diplômes universitaires à la fois en droit et en économie politique, et il
avait été professeur à l’Institut des Sciences économiques appliquées.
    « Tous les fonctionnaires juifs et communistes (déclarait
Ohlendorf) devaient être enlevés des camps de prisonniers de guerre et exécutés.
A ma connaissance, cet ordre fut suivi tout au long de la campagne de Russie (33). »
    Mais non sans difficulté : il arrivait que les prisonniers
russes fussent à ce point épuisés qu’ils ne pouvaient même pas marcher jusqu’au
lieu de leur exécution. Cela souleva une protestation de la part de Heinrich
Mueller, chef de la Gestapo, un officier fringant, tiré à quatre épingles, mais
aussi un tueur de sang-froid [188] .
    « Les commandants des camps de concentration se
plaignent de ce que 5 à 10 pour 100 des Soviétiques destinés à être exécutés
arrivent aux camps morts ou agonisants… On a noté, en particulier, que, pendant
le parcours de la gare au camp, un grand nombre d’entre eux s’effondrent d’épuisement ;
ils sont morts ou agonisants, et il faut les faire ramasser par un des camions
qui suivent le convoi. On ne peut empêcher que la population allemande s’aperçoive
de ces faits. »
    La Gestapo se moquait de savoir que les prisonniers mourussent
de faim et d’épuisement – sauf quand cela privait les exécuteurs de leurs
victimes, mais elle ne voulait pas que le peuple allemand en fût témoin.
« Gestapo Mueller », nom sous lequel il était connu en Allemagne, ordonna
en conséquence :
    « A dater d’aujourd’hui (9 novembre 1941), les
Russes soviétiques, visiblement marqués par la mort et pour cette raison
incapables de supporter l’effort ne fût-ce que d’une courte marche, ne seront
désormais pas transférés aux camps de concentration pour y être exécutés (34). »
    Morts ou seulement affamés et épuisés, les prisonniers ne
pouvaient plus travailler ; aussi lorsqu’en 1942 il devint évident pour
les Allemands que la guerre allait durer infiniment plus longtemps qu’ils ne s’y
étaient attendus et que les soldats soviétiques constituaient une réserve de
main-d’œuvre dont le besoin se faisait fortement sentir, les nazis
abandonnèrent leur politique d’extermination et décidèrent de les faire
travailler. Himmler expliqua ce changement de politique aux S. S. à Posen, en
1943.
    « A cette époque (1941) nous ne voyions pas cette
masse humaine sous le jour où nous la voyons maintenant, celui d’une matière
brute, d’une main-d’œuvre. Ce que nous ne saurions regretter en pensant en
termes de générations, mais qui est actuellement déplorable en raison de la
perte de main-d’œuvre que cela signifie, c’est que les prisonniers soient morts
d’épuisement et de faim par dizaines et centaines de mille (35). »
    On allait désormais les nourrir pour les mettre en état de
travailler. Dès décembre 1944,750 000 prisonniers russes, dont un grand
nombre d’officiers, peinaient dans les fabriques d’armement, les mines (200 000)
et les fermes. Ils étaient durement traités, mais, du moins, ils avaient le
droit de vivre. On abandonna même l’idée du général Keitel, lequel avait
proposé que l’on marquât au fer les prisonniers russes [189] .
    Le traitement réservé aux prisonniers de guerre occidentaux, en
particulier aux Anglais et aux Américains, fut relativement plus doux que celui
appliqué aux Russes par les Allemands. Il y eut

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