Le Troisième Reich, T2
femmes…
J’attribue cela au fait que dans le premier cas on évite
des inhibitions : la femme se serre plus étroitement contre la personne
gelée. Dans ce cas aussi, le retour à la pleine conscience s’est opéré
remarquablement vite. Un seul sujet n’a pas repris conscience, et on n’a noté
qu’un très faible degré de réchauffement. Ce sujet est mort en présentant des
symptômes d’hémorragie crânienne, ce que devait confirmer l’autopsie.
Pour résumer, cet infâme meurtrier concluait que le
réchauffement d’un homme « gelé » à l’aide de femmes « progresse
très lentement » et que les bains chauds sont plus efficaces.
Seuls les sujets à qui leur état physique permet des
relations sexuelles se réchauffent étonnamment vite et retrouvent avec une
rapidité surprenante leur bien-être physique.
Selon les dépositions des témoins au « procès des médecins »,
quelque 400 expériences de « refroidissement » furent conduites sur
300 personnes ; sur ce nombre 80 à 90 moururent sur-le-champ et les autres,
à l’exception d’un très petit nombre, furent supprimées, quelques-unes étant
devenues folles. Mais le docteur Rascher lui-même ne put témoigner à son procès.
Il poursuivit ses travaux meurtriers, se livrant à de nouvelles recherches, trop
nombreuses pour les citer toutes, jusqu’en mai 1944, date où il fut arrêté avec
sa femme par les S. S., non pour s’être livré à des « expériences »
criminelles, semble-t-il, mais pour avoir menti sur la façon dont leurs enfants
étaient venus au monde.
Himmler, qui vénérait tant les mères allemandes, ne pouvait
admettre une telle fourberie. Il avait sincèrement cru que Frau Rascher avait
commencé à avoir des enfants à l’âge de quarante-huit ans, et il fut outré en
apprenant qu’elle les avait tout bonnement volés. Le docteur Rascher fut donc
incarcéré parmi les détenus politiques du camp de Dachau qui lui était si
familier, et sa femme fut expédiée à Ravensbrück, où le docteur s’était procuré
les prostituées nécessaires à ses expériences de « réchauffement ». Aucun
d’eux ne survécut ; on croit qu’un des derniers actes de la vie d’Himmler
fut d’ordonner leur exécution.
Un certain nombre de témoins de ce genre survécurent pour
affronter leur jugement. Sept d’entre eux furent condamnés à mort et pendus. Ils
défendirent jusqu’au bout leurs expériences criminelles en affirmant qu’il s’agissait
d’actes patriotiques qui avaient servi leur pays. Le docteur Herta Oberheuser, seule
femme accusée au « Procès des Médecins », fut condamnée à vingt ans
de prison. Elle avait reconnu avoir fait des piqûres mortelles à « 5 ou 6 »
Polonaises parmi les centaines qui subirent d’atroces tortures au cours des « expériences »
variées faites à Ravensbrück.
Un certain nombre de médecins, tels que le fameux Pokorny qui
avait voulu stériliser des millions d’ennemis, furent acquittés. Quelques-uns, peu
nombreux, exprimèrent des remords. Au cours d’un second procès, où l’on jugea
des médecins subalternes, le docteur Edwin Katzenellenbogen, ancien membre de
la faculté de l’école médicale de Harvard, demanda à la Cour de le condamner à
mort : « Vous m’avez mis sur le front la marque de Caïn, s’exclama-t-il.
Un médecin qui aurait commis les crimes dont on m’accuse mérite d’être tué… »
On le condamna à la prison à vie (90).
LA MORT DE HEYDRICH
ET LA FIN DE LIDICE
Vers le milieu de la guerre, un premier châtiment vint frapper
les maîtres criminels de l’Ordre nouveau, coupables d’avoir décimé les nations
conquises : Reinhard Heydrich, chef de la Sûreté et de la S. D., chef
adjoint de la Gestapo, policier diabolique au long nez et au regard d’acier, ce
génie de la « solution définitive », Heydrich-le-Bourreau, comme on l’avait
surnommé dans les territoires occupés, trouva une mort violente.
Assoiffé de pouvoir, intriguant en secret pour évincer son chef
Himmler, il s’était fait nommer, en plus de ses autres fonctions, Protecteur
par intérim de la Bohême et de la Moravie. L’ex-protecteur, le pauvre vieux
Neurath, avait été mis en congé de maladie illimité par Hitler en septembre
1941, et Heydrich l’avait remplacé sur l’ancien trône des rois de Bohême au
Hradschin, le château de Prague. Pas pour longtemps, toutefois.
Dans la matinée du 29 mai 1942, alors qu’il se
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