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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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rendait, dans
sa Mercedes découverte, de sa maison de campagne au Hradschin, une bombe d’origine
anglaise fut lancée sur lui. Elle fit voler sa voiture en éclats et lui brisa
la colonne vertébrale. Elle avait été jetée par deux Tchèques, Jan Kubis et
Josef Gabeik, de l’armée libre tchécoslovaque formée en Angleterre et qui, tous
deux, avaient été parachutés par la R. A. F. Bien équipés pour leur mission, ils
s’échappèrent grâce à un écran de fumée et trouvèrent refuge auprès des prêtres
de l’église Saint-Charles-Borromée, à Prague.
    Heydrich mourut de ses blessures le 4 juin, et une
véritable hécatombe s’ensuivit, car les Allemands vengèrent sauvagement, selon
les anciens rites teutoniques, la mort de leur héros. D’après un rapport de la
Gestapo, 1 331 Tchèques, dont 201 femmes, furent exécutés sur-le-champ (91).
Les coupables, ainsi que 120 membres de la Résistance tchèque qui se cachaient
dans l’église Saint-Charles-Borromée, furent assiégés par les S. S. et tués
jusqu’au dernier [217] .
    Mais ce furent les Juifs qui payèrent le plus cher ce défi à la
race supérieure. Trois mille d’entre eux furent arrachés au ghetto « privilégié »
de Theresienstadt pour être exterminés. Le jour même de l’attentat, Gœbbels fit
arrêter 500 Juifs sur le petit nombre laissé en liberté à Berlin, et, le jour
de la mort de Heydrich, 152 furent exécutés à titre de « représailles ».
    Mais de toutes les suites qu’entraîna la mort de Heydrich, celle
qui, sans doute, demeurera le plus longtemps dans la mémoire du monde civilisé
est le drame dont le petit village de Lidice fut le théâtre. Lidice est une
bourgade proche de la cité minière de Kladno, située non loin de Prague. Cette
paisible petite localité fut le théâtre de scènes d’une sauvagerie inouïe.
    Le matin du 9 juin 1942, dix camions chargés d’hommes de la
police de Sécurité allemande, placés sous le commandement du capitaine Max
Rostock [218] ,
arrivaient à Lidice et entouraient le village. Défense fut faite à tous les
habitants de quitter les lieux, mais ceux qui se trouvaient absents du village
purent y rentrer. Pris de panique, un jeune garçon de douze ans tenta de s’enfuir.
Il fut abattu. Une paysanne courut vers les champs proches. On la tua d’une
balle dans le dos. Toute la population masculine du village fut enfermée dans
les granges, les étables et le cellier d’un fermier du nom de Horak, qui était
également maire du pays.
    Le lendemain, de l’aube à quatre heures de l’après-midi, on les
emmena dans le jardin situé derrière la grange par groupes de dix, et ils
furent fusillés par les pelotons d’exécution de la police de Sécurité. Au total,
172 hommes et jeunes gens au-dessus de seize ans furent ainsi exécutés. En
outre, 19 résidents du sexe masculin qui travaillaient dans les mines de Kladno
au moment du massacre furent arrêtés par la suite et expédiés à Prague.
    Sept femmes arrêtées à Lidice furent emmenées à Prague, où elles
furent exécutées. Toutes les autres femmes de ce village, au nombre de 195, furent
transportées au camp de concentration de Ravensbrück, en Allemagne, où 7 furent
gazées, 3 « disparurent » et 47 moururent des suites des mauvais
traitements. Quatre femmes sur le point d’accoucher furent d’abord conduites à
la maternité de Prague, où leurs enfants nouveau-nés furent assassinés, puis on
les expédia à Ravensbrück.
    Il restait aux Allemands à disposer des enfants de Lidice dont
les pères étaient morts et les mères en prison. On doit reconnaître qu’ils ne
les fusillèrent pas, même pas les enfants mâles. On les conduisit au camp de
concentration de Gneisenau. Ils étaient 90 en tout et, sur ce nombre, les nazis,
après les avoir fait examiner par les experts raciaux d’Himmler, en choisirent
7 âgés de moins d’un an, pour les envoyer en Allemagne et les faire élever sous
des noms allemands. Par la suite, on fit de même pour les autres.
    « Toute trace de ces enfants a été perdue », conclut
le gouvernement tchécoslovaque dans le rapport officiel qu’il rédigea sur l’affaire
de Lidice à l’intention du tribunal de Nuremberg.
    Heureusement, on devait en retrouver quelques-uns. Je me
souviens avoir lu en automne 1945 les pitoyables appels des mères rescapées, implorant
le peuple allemand de les aider à retrouver leurs enfants et de les renvoyer
dans leur

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