Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
indiquant la température de l’eau, la température du corps à
la sortie de l’eau, sa température au moment du décès, la durée du séjour dans
l’eau et le temps que le sujet avait mis à mourir. L’homme le plus résistant
avait séjourné 100 minutes dans l’eau glacée ; le moins résistant, 53 minutes.
    Walter Neff, un détenu qui servait d’infirmier au docteur
Rascher, donna au « procès des médecins » une description moins
technique d’une de ces expériences :
    Ce fut la pire expérience jamais tentée. On amena deux
officiers russes. Rascher les fit se déshabiller et les obligea à descendre nus
dans la cuve. Une heure s’écoula, puis une autre ; alors qu’habituellement
le froid faisait perdre conscience aux sujets au bout de 60 minutes au maximum,
les deux hommes réagissaient encore au bout de deux heures et demie. Tous les
appels adressés à Rascher pour qu’il les anesthésie demeurèrent sans effet. Vers
la troisième heure, un des Russes dit à l’autre : « Camarade, je t’en
prie, demande à l’officier de nous tuer ! » L’autre répondit qu’il n’attendait
aucune pitié de ce chien de fasciste. Tous deux se serrèrent la main en se
disant « Adieu, camarade »…
    Un jeune Polonais traduisit ces mots à Rascher, non sans en
modifier quelque peu la forme. Rascher se rendit dans son bureau. Le jeune
Polonais tenta aussitôt de chloroformer les deux victimes, mais Rascher revint
aussitôt en nous menaçant de son fusil… L’expérience dura cinq heures avant que
la mort survînt (85).
    Le médecin responsable en titre de ces premières expériences de
refroidissement par l’eau était un certain docteur Holzlœhner, professeur de
médecine à l’Université de Kiel, assisté par le docteur Finke. Après avoir
travaillé deux mois avec Rascher, ils pensèrent avoir épuisé les diverses
possibilités d’expériences. En conséquence, les trois médecins rédigèrent à l’intention
des services de l’Air un rapport ultra-confidentiel de trente-deux pages, intitulé :
« Expériences de Refroidissement sur des êtres humains », et ils
organisèrent une réunion de savants allemands à Nuremberg les 26 et 27 octobre
1942, afin de leur communiquer leurs découvertes.
    Selon les témoignages apportés au « procès des médecins »,
quatre-vingt-quinze savants allemands, comprenant quelques-uns des hommes les
plus éminents dans ce domaine, y participaient et, bien que les trois médecins
n’aient pas laissé de doute sur le fait que ces expériences avaient coûté la
vie à bon nombre d’êtres humains, cela ne souleva aucune question, aucune
protestation.
    Le professeur Holzlœhner [216] et le docteur Finke abandonnèrent les recherches vers ce moment-là, mais le
persévérant docteur Rascher continua seul, d’octobre 1942 à mai 1943. Il
désirait, entre autres choses, poursuivre ses expériences sur ce qu’il appelait
le « refroidissement à sec ».
    Auschwitz, écrivait-il à Himmler, convient infiniment mieux
à ce genre d’expériences que Dachau parce qu’il y fait plus froid et qu’en
raison des dimensions de son terrain les expériences provoquent moins d’agitation
dans le camp.
    On ne put pourtant répondre à son souhait, aussi le docteur
Rascher se résigna-t-il à poursuivre ses travaux à Dachau.
    Dieu merci (écrivait-il à Himmler au début du printemps
1943), nous avons eu une brève période de froid. Quelques sujets sont restés en
plein air quatorze heures de suite par une température de – 6°; ils ont atteint
une température intérieure de 25°, avec gelure périphérique (86)…
    Au « procès des médecins », le témoin Neff fournit de
nouveau une description des expériences de « refroidissement à sec »
faites par son chef.
    Un soir, on plaça dehors, sur un brancard, un prisonnier
complètement nu. Il était recouvert d’un drap et, toutes les heures, on versait
sur lui un seau d’eau froide. Le sujet resta ainsi étendu en plein air jusqu’au
matin. On prenait périodiquement sa température.
    Par la suite, le docteur Rascher déclara que c’était une
erreur de couvrir le sujet avec un drap et de l’arroser d’eau… A l’avenir, il
ne fallait plus couvrir les sujets. L’expérience suivante fut faite sur dix
prisonniers, exposés à tour de rôle, complètement nus.
    Tandis que les prisonniers gelaient lentement, le docteur
Rascher ou son assistant notait les températures, l’état du

Weitere Kostenlose Bücher