Le Troisième Reich, T2
démissionné « pour raisons de
santé ».
La connaissance de ces événements (écrit-il dans son
journal) serait susceptible d’encourager certains éléments subversifs en
Allemagne ; ils croiraient possible de faire ici ce que Badoglio et ses
partisans ont accompli à Rome. Le Führer a donné à Himmler l’ordre de veiller à
ce que les mesures de police les plus sévères fussent appliquées au cas où un
danger de cette sorte semblerait imminent.
Toutefois, ajoutait Gœbbels, Hitler ne pensait pas que le danger
fût menaçant en Allemagne. Le ministre de la Propagande lui assura que le
peuple allemand ne « considérerait pas la crise romaine comme un précédent ».
Bien que le Führer eût décelé des signes de
faiblesse chez Mussolini lors de l’entretien qui s’était déroulé quelques jours
plus tôt, il fut absolument pris au dépourvu quand les nouvelles de Rome
commencèrent à arriver au G. Q. G., dans l’après-midi du 25 juillet. On
apprit d’abord que le Grand Conseil fasciste s’était réuni, et Hitler se
demanda pourquoi : « Quelle peut bien être l’utilité de conseils de
ce genre ? demanda-t-il. Que font-ils, sinon jacasser ? »
Ce même soir, ses pires craintes se confirmèrent. « Le Duce
a donné sa démission, annonça-t-il à ses conseillers militaires stupéfaits, au
cours d’une conférence qui commença à vingt et une heures trente. Badoglio, notre
ennemi le plus acharné, s’est emparé du gouvernement. »
Ce fut l’une des dernières fois qu’Hitler réagit à ces nouvelles
avec le sang-froid, la clarté de jugement avec lesquels il affrontait les
crises à l’époque de ses succès. Quand le général Jodl le pressa d’attendre des
rapports plus complets venant de Rome, il lui coupa brusquement la parole.
Certainement (dit-il), mais cela n’empêche pas qu’il nous
faille dresser des plans. Sans nul doute, dans leur traîtrise, ils vont proclamer
qu’ils resteront loyaux envers nous, mais ce sera encore une traîtrise. Il est
bien évident qu’ils ne resteront pas loyaux… Bienqu’Untel (Badoglio) ait
déclaré son intention de poursuivre la guerre, cela n’y changera rien. Ils sont
bien obligés de le dire, mais cela n’en reste pas moins une traîtrise. Nous
allons jouer leur jeu, tout en faisant le nécessaire pour prendre toute l’équipe
d’un seul coup de filet et capturer toute cette racaille.
Telle fut la première pensée d’Hitler : s’emparer de ceux qui
avaient renversé Mussolini et restituer le pouvoir au Duce.
Dès demain (poursuivit-il), je vais envoyer un homme là-bas
avec des ordres à remettre au commandant de la 3e Division de Panzer-Grenadiers,
lui enjoignant de se diriger sur Rome à la tête d’un détachement spécial et d’arrêter
tout le gouvernement. Le roi, le prince héritier et toute la bande, immédiatement,
puis Badoglio et son équipe. Ensuite, on les laissera mijoter, et, d’ici deux
ou trois jours, il y aura un autre coup.
Hitler se tourna vers le chef des opérations de l’O. K. W.
Hitler : Jodl,
préparez les ordres… leur enjoignant de se diriger sur Rome avec leurs canons d’assaut…
et d’arrêter le gouvernement, le roi et toute l’équipe. Avant tout, je veux le
prince héritier.
Keitel : Il
est plus important que le vieux.
Bodenschatz ( général
d’aviation ) : Tout est organisé pour les embarquer en avion.
Hitler : C’est
ça ! Tout droit à l’avion et en route !
Bodenschatz :
Ne laissez pas le bambino s’égarer sur le terrain d’aviation…
Lors d’une dernière conférence qui eut lieu peu après minuit, on
souleva la question de savoir ce qu’il convenait de faire au sujet du Vatican. Hitler
trancha (4) :
Je pénétrerai au Vatican. Croyez-vous que le Vatican m’intimide ?
Nous allons nous en emparer… Tout le corps diplomatique s’y trouve… Cette
racaille… Nous sortirons de là cette bande de salauds… Plus tard, nous
présenterons des excuses…
Cette même nuit, Hitler donna l’ordre de s’assurer des passages
des Alpes, entre l’Italie et l’Allemagne et entre l’Italie et la France. Quelque
8 divisions allemandes venant de France et du sud de l’Allemagne furent
rassemblées dans ce dessein. Devenues le groupe d’armées B, elles furent
placées sous le commandement de l’énergique Rommel. Si, ainsi
que le notait Gœbbels dans son journal, les Italiens avaient fait sauter les
tunnels et les ponts alpins, les forces
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