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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d’anciens collaborateurs politiques du Führer qui, en voyant les revers s’accumuler, commençaient à nourrir des idées
de trahison, idées qui, en juillet 1944, se traduiraient par un acte plus
violent mais moins couronné de succès que celui qui avait été dirigé contre
Mussolini.
    Parmi les mesures prises par Hitler pour étouffer dans l’œuf
toute tentative de trahison, il y eut le limogeage de tous les princes
allemands. Le prince Philippe de Hesse, ancien messager du Führer, i celui qu’il envoyait toujours à Mussolini et qui
rôdait perpétuellement autour des quartiers généraux, fut arrêté et confié à la
Gestapo. Sa femme, la princesse Mafalda, fille du roi d’Italie,
fut ; également arrêtée avec son mari et enfermée dans un camp de
concentration. Le roi d’Italie (de même que les rois de Norvège et de Grèce) ayant
échappé aux griffes d’Hitler, celui-ci se vengeait comme il pouvait en arrêtant
sa fille [225] .
    Pendant plusieurs semaines, les conférences militaires
quotidiennes du Führer tournèrent fréquemment autour du
problème qui tourmentait Hitler : la libération de Mussolini. « Opération
Chêne », tel était, on s’en souvient, le nom code de ce plan, et, dans les
rapports des conférences qui se tenaient au quartier général, il est toujours
fait mention de Mussolini comme de l’ « objet précieux ». La plupart
des généraux, et Gœbbels lui-même, doutaient fort que l’ancien Duce fût
désormais un objet précieux, mais Hitler, lui, le croyait et insistait pour qu’on
le délivrât.
    Non seulement il voulait faire une faveur à son vieil ami, pour
lequel il nourrissait encore une affection personnelle, mais il voulait
également placer Mussolini à la tête d’un nouveau gouvernement fasciste
installé dans le nord de l’Italie, ce qui soulagerait les Allemands, qui ainsi
n’auraient plus à administrer ce territoire, et les aiderait à protéger leurs
trop longues lignes de communications contre une population inamicale d’où
commençaient à émerger des partisans agités.
    Le 1er août, l’amiral Dœnitz informait Hitler que la marine
croyait avoir repéré Mussolini sur l’île de Ventotene. Vers le milieu du mois, les
limiers d’Hitler se déclarèrent certains qu’il était sur une autre île, Maddalena,
près de la pointe nord de la Sardaigne. Aussitôt, on élabora des plans
compliqués pour investir l’île à l’aide de destroyers et de parachutistes, mais,
avant même qu’on pût les appliquer, Mussolini fut transféré ailleurs. Conformément
à une clause secrète de l’armistice, on devait le remettre aux mains des Alliés,
mais Badoglio retarda l’exécution de cette manœuvre et, au début de septembre, l’
« objet précieux » était relégué dans un hôtel perché au sommet du
Gran Sasso, le massif le plus élevé des Apennins des Abruzzes, que l’on ne
pouvait atteindre que par un funiculaire.
    Les Allemands découvrirent bientôt le nouveau lieu de sa
détention et, après avoir fait une reconnaissance aérienne de cette crête, ils
décidèrent que des troupes aéroportées pourraient sans doute y atterrir à l’aide
de planeurs, maîtriser les carabinieri de garde et enlever le Duce à
bord d’un petit avion Fieseler-Storch. Ce plan hardi fut mis à exécution le 13 septembre,
sous la conduite d’un autre aventurier S. S. d’Himmler, un Autrichien nommé
Otto Skorzeny, que nous retrouverons à la fin de ce récit à l’occasion d’un
autre exploit follement téméraire [226] .
    Skorzeny atterrit avec son groupe aéroporté à une centaine de
mètres de l’hôtel situé sur la crête. De là, il aperçut le Duce regardant d’un
air abattu par une fenêtre du second étage. A la vue des troupes allemandes, la
plupart des carabinieri s’enfuirent dans les montagnes. Skorzeny et
Mussolini dissuadèrent ceux, peu nombreux, qui n’avaient pas suivi cet exemple,
de faire usage de leurs armes ; le chef S. S. leur cria de ne pas tirer
sur un général italien – il poussait son captif devant ses hommes – tandis que
de sa fenêtre le Duce répétait (selon un témoin) : « Ne tuez personne !
Ne versez pas de sang ! » En effet, pas une goutte de sang ne fut
répandue.
    En quelques minutes, le Duce, qui avait juré de se tuer plutôt
que de tomber entre les mains des Alliés et d’être exhibé, comme il devait l’écrire,
dans Madison Square Garden à New York [227] ,
fut embarqué dans un

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