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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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où les soldats d’Hitler
avaient remporté leurs premières victoires au cours de l’été 1941.
    Ce n’était pas tout.
    Cette même année, Hitler connut deux autres revers qui, eux
aussi, indiquèrent que la roue tournait : la perte de la Bataille de l’Atlantique
et l’intensification de la guerre aérienne qui, nuit et jour, dévastait l’Allemagne
elle-même.
    En 1942, ainsi que nous l’avons vu, les sous-marins allemands
avaient coulé 6 250 000 tonnes de bâtiments alliés, la plupart en
route pour l’Angleterre ou la Méditerranée, tonnage dépassant de beaucoup la
capacité des chantiers navals des Occidentaux. Mais, vers le début de 1943, les
Alliés reprirent l’avantage, grâce à l’amélioration de leur technique dans l’emploi
des avions à longue portée et des porte-avions, grâce surtout aux progrès
réalises dans l’équipement de leurs bâtiments de surface, à bord desquels
avaient été installés des radars qui repéraient les sous-marins allemands avant
même que ces derniers pussent les apercevoir.
    Dœnitz, le nouveau chef de la marine allemande et le meilleur
spécialiste de la guerre sous-marine, soupçonna tout d’abord une trahison, devant
le nombre considérable de sous-marins allemands attirés dans des embuscades et
détruits avant même d’avoir pu approcher les convois alliés. Il ne tarda pas à
comprendre que ce n’était pas la trahison, mais le radar qui était responsable
de ces pertes désastreuses. En trois mois (février, mars et avril), celles-ci s’élevaient
exactement à 50 bâtiments ; dans le courant du seul mois de mai, 37
U-boote avaient été coulés. C’était là un pourcentage de pertes que la marine
allemande n’était pas en mesure de soutenir longtemps, et, avant la fin du mois
de mai, Dœnitz, de sa propre autorité, retira tous les sous-marins de l’Atlantique
nord.
    Ils y retournèrent en septembre, mais, au cours des quatre
derniers mois de cette année, ils ne coulèrent que 67 bâtiments alliés, au prix
de la perte de 64 sous-marins – proportion qui hâta la fin de la guerre
sous-marine et décida définitivement de la bataille de l’Atlantique. En 1917, au
cours de la première guerre mondiale, alors que les armées allemandes étaient
enlisées, les sous-marins allemands avaient presque amené les Anglais à
capituler. En 1942, ils avaient fait peser cette menace lorsque les armées d’Hitler
en Russie et en Afrique du Nord étaient, elles aussi, arrêtées, et que les
États-Unis et la Grande-Bretagne s’épuisaient non seulement à juguler l’avance
japonaise dans le sud-est asiatique, mais à rassembler les hommes et l’approvisionnement
nécessaires en vue de l’invasion de l’Empire européen d’Hitler à l’Ouest.
    L’échec des sous-marins à bouleverser sérieusement les voies
maritimes au cours de l’année 1943 fut un désastre dont on ne réalisa pas toute
l’ampleur au quartier général d’Hitler, bien que ces nouvelles y eussent fait
une pénible impression [231] .
Car ce fut au cours des douze mois de cette année décisive que de vastes stocks
d’armes et de fournitures furent acheminés, pour ainsi dire sans encombre, à
travers l’Atlantique, ce qui allait permettre aux Alliés de donner l’assaut à
la forteresse européenne au cours de l’année suivante.
    Ce fut également au cours de cette période que les horreurs de
la guerre moderne vinrent frapper à son tour le peuple allemand – le frapper
chez lui, au seuil même de ses demeures. Le public ne savait pas grand-chose de
l’activité des sous-marins. Et, bien que les nouvelles venant de Russie, de la
Méditerranée et de l’Italie fussent de plus en plus alarmantes, il s’agissait
là, après tout, d’événements qui se déroulaient à des centaines ou à des
milliers de kilomètres de la patrie. Mais voici que les bombes anglaises, la
nuit, et les bombes américaines, le jour, commençaient à détruire les foyers
des Allemands, les bureaux ou les usines où ils travaillaient…
    Hitler lui-même refusa toujours d’aller visiter une ville
ravagée par les bombes ; c’était un devoir qui lui paraissait trop pénible
à remplir. Gœbbels en était fort ennuyé, et se plaignait d’être inondé de
lettres « demandant pourquoi le Führer ne rendait pas visite aux secteurs
bombardés et pourquoi l’on ne voyait Gœring nulle part ». Le ministre de
la Propagande a décrit dans son journal les dommages croissants

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