Le Troisième Reich, T2
causés aux
villes et aux industries allemandes par l’aviation alliée :
16 mai 1943 … Les raids de jour exécutés par les
bombardiers américains créent des difficultés considérables… A Kiel… très
sérieux dégâts aux installations militaires et techniques de la marine… Si cela
continue nous aurons à affronter des conséquences très graves qui, à la longue,
pourraient se révéler intolérables…
25 mai … Le raid nocturne des Anglais sur
Dortmund a été d’une violence extraordinaire ; c’est probablement le pire
qui ait été dirigé contre une ville allemande… Les rapports venant de Dortmund
sont terribles… Les usines et les fabriques de munitions ont été sérieusement
touchées… De 85 à 100 000 habitants environ sont sans abri… Dans les
régions ouest de l’Allemagne, les gens commencent peu à peu à perdre courage. Un
enfer pareil est dur à supporter… Dans la soirée, j’ai reçu un (nouveau) rapport
sur Dortmund. La destruction est pratiquement totale. Il reste à peine une
maison habitable.
26 juillet . Au cours de la nuit, raid important
sur Hambourg… très graves conséquences à la fois pour la population civile et
pour la production des armements… c’est une réelle catastrophe…
29 juillet . Au cours de la nuit, nous avons
subi le raid le plus sérieux dont Hambourg ait jusqu’ici été l’objet… de 800 à 1 000
bombardiers… Kaufmann (le Gauleiter local) m’a fait son premier rapport… Il
parle d’une catastrophe dont l’étendue dépasse l’imagination. Une cité d’un
million d’habitants vient d’être détruite d’une manière sans précédent dans l’histoire.
Nous nous trouvons devant des problèmes pour ainsi dire sans solution. Il faut
procurer des vivres à 1 000 000 d’habitants, des abris. Il convient d’évacuer
la population aussi loin que possible. Il faut fournir des vêtements ; en
bref, nous nous trouvons devant des problèmes dont nous n’avions pas la moindre
idée voici seulement quelques semaines… Kaufmann parle d’environ 800 000
personnes sans abri, qui errent le long des rues sans savoir que faire…
Malgré les dégâts considérables subis par les usines de guerre
allemandes, en particulier par celles qui fabriquaient des avions de combat, des
roulements à billes, des bâtiments de guerre, de l’acier, du carburant pour les
nouveaux chasseurs à réaction, ainsi que par la station expérimentale de Peenemunde où l’on essayait les fusées sur lesquelles Hitler
avait fondé tant d’espoir [232] ,
malgré le fait aussi que les chemins de fer et les canaux étaient
continuellement coupés, l’ensemble de la production ne fut pas sensiblement
réduit pendant la période des bombardements intensifs anglo-américains de 1943.
Cela était dû en partie à l’augmentation de la production des usines dans les
régions occupées – principalement en Tchécoslovaquie, en France, en Belgique et
en Italie du Nord, qui n’étaient pas soumises à ces bombardements.
Ainsi qu’il ressort clairement du journal de Gœbbels, c’était au
moral et aux habitations du peuple allemand que l’aviation anglo-américaine
infligeait les dommages les plus sérieux. Pendant les premières années de la
guerre, les Allemands avaient été soutenus par les récits sinistres des dégâts
causés par la Luftwaffe aux ennemis, en particulier aux
Anglais. Ils étaient certains que ces exploits allaient amener la fin rapide et
victorieuse de la guerre. En 1943, ils commencèrent, eux aussi, à subir les
terribles ravages d’une guerre aérienne infiniment plus dévastatrice que celle
que la Luftwaffe avait infligée aux autres – même à la population de Londres en
1940-1941.
Le peuple allemand la supporta avec autant de courage et de
stoïcisme que le peuple anglais ; mais, au bout de quatre années de guerre,
c’était une dure épreuve et il n’est pas surprenant qu’à la fin de 1943, en
voyant tous ses espoirs s’évanouir en Russie, en Afrique du Nord et en Italie, en
voyant ses villes d’un bout à l’autre du pays pulvérisées par les bombes, le
peuple allemand ait commencé à désespérer et à comprendre que c’était le
commencement de la fin.
Vers la fin de 1943 (devait écrire le général Halder, alors
sans fonction) il était devenu évident que la guerre était perdue sur le plan
militaire (9).
Dans un sombre exposé de la situation qu’il faisait le 7 novembre
– veille de
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