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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’anniversaire du Putsch – devant les gauleiters nazis réunis à
Munich, le général Jodl n’était pas allé aussi loin. Mais le tableau qu’il
peignit de la situation telle qu’elle se présentait au début de la cinquième
année de la guerre était suffisamment inquiétant :
    Ce qui pèse le plus lourdement sur le pays et, en
conséquence – par réaction – sur le front (avait-il dit), ce sont les raids de
terreur de l’ennemi sur nos foyers, sur nos femmes et nos enfants. A cet égard…
la guerre a pris par la seule faute de l’Angleterre un caractère que l’on ne
croyait plus possible depuis le temps des guerres raciales et des guerres de
religion.
    L’effet psychologique, moral et matériel de ces raids de
terreur est tel qu’il faut absolument les enrayer si on ne peut totalement les
empêcher.
    Le moral des Allemands à la suite des défaites et des
bombardements massifs de 1943 est décrit d’une manière très vivante par cette
même source digne de foi et qui, en cette occasion, parlait au nom du Führer :
    Le démon de la subversion circule dans le pays entier. Les
lâches cherchent un moyen d’en sortir ou, ainsi qu’ils le prétendent, une
solution politique. Ils disent que nous devons négocier pendant que nous avons
encore quelque chose en main [233] …
    Ce n’était pas seulement les « lâches ». Le docteur Gœbbels lui-même, le plus loyal et le plus fidèle, le plus
fanatique aussi des partisans d’Hitler, cherchait, ainsi que nous l’apprend son
journal, une porte de sortie, et cela dès avant la fin de l’année 1943. Il se
torturait l’esprit, non pas pour savoir si l’Allemagne devait négocier la paix,
mais avec qui … La Russie ou l’Occident ? Il ne parlait pas dans le
dos d’Hitler de la nécessité de conclure la paix, comme certains avaient
commencé à le faire : il était courageux et suffisamment honnête pour dire
ce qu’il pensait à son chef. Le 10 septembre 1943 alors qu’il se trouvait
au grand quartier général de Rastenburg, où il avait été
appelé au sujet de la capitulation de l’Italie, Gœbbels parla
pour la première fois dans son journal de négociations de paix :
    La question commence à se poser de savoir de quel côté nous
devrions nous tourner en premier : les Moscovites ou les Anglo-Américains.
D’une manière ou d’une autre, nous devons comprendre qu’il sera très difficile
de faire la guerre, avec succès, des deux côtés à la fois.
    Il trouvait Hitler « assez inquiet » à la perspective
d’une invasion alliée à l’Ouest et soucieux de la situation « critique »
qui se développait sur le front russe.
    Ce qui est déprimant, c’est que nous n’avons pas la moindre
idée des réserves dont Staline dispose encore. Je doute fort que, dans ces
conditions, nous soyons en mesure d’enlever à l’Est des divisions pour les
envoyer sur les autres théâtres d’opération en Europe.
    Après avoir ainsi confié à son journal secret certaines de ses idées
personnelles – qui auraient semblé quelques mois plus tôt criminellement
défaitistes – Gœbbels aborda la question avec le Führer.
    J’ai demandé au Führer si l’on ne devrait pas tenter tôt ou
tard quelque chose du côté de Staline. Il m’a répondu que le moment n’était pas
venu… De toute façon, le Führer croit qu’il serait plus facile de conclure un
accord avec les Anglais qu’avec les Soviets. A un moment donné, pense le Führer,
les Anglais vont retrouver leurs esprits… Je serais plutôt tenté de croire que
Staline serait plus facile à approcher, car c’est un politicien à l’esprit plus
pratique que Churchill. Churchill est un aventurier romanesque avec lequel on
ne peut parler raisonnablement.
    C’est à ce sombre moment de son histoire qu’Hitler et ses
lieutenants s’accrochèrent à une lueur d’espoir ; les Alliés allaient se
brouiller, l’Angleterre et l’Amérique s’effrayer à la perspective des Armées
Rouges déferlant sur l’Europe, et finalement se joindre à l’Allemagne pour
protéger le vieux continent du bolchévisme. Hitler avait envisagé cette
possibilité lors d’un entretien qu’il avait eu en août avec l’amiral Dœnitz et
voici qu’en septembre il en discutait avec Gœbbels.
    Les Anglais (ajoutait Gœbbels dans son journal) ne veulent
en aucun cas d’une Europe bolchévique… Une fois qu’ils auront compris qu’ils n’ont
pas d’autre alternative qu’accepter le

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