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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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S. et qui cherchait à évincer l’amiral
Canaris pour mettre la main sur son Abwehr.
    Au cours de l’automne 1942, un homme d’affaires munichois du nom
de Schmidthuber avait été arrêté pour avoir fait passer frauduleusement des
devises en Suisse. C’était un agent de l’Abwehr et l’argent que, depuis
longtemps déjà, il faisait passer de l’autre côté de la frontière était destiné
à un groupe de Juifs réfugiés en Suisse. Or, sous le Troisième Reich, il n’était
pas de pire crime pour un Allemand, fût-il un agent de l’Abwehr. Quand il
comprit que l’amiral Canaris n’était pas en mesure de le protéger, Schmidthuber
se mit à table et raconta à la Gestapo tout ce qu’il savait au sujet de l’Abwehr.
    Il mit en cause Hans von Dohnanyi qui, avec le colonel Oster, avait
fait partie du cercle des conspirateurs. Il parla aux sbires d’Himmler de la
mission remplie par le docteur Josef Mueller auprès du Vatican, en 1940, pour
établir un contact avec les Anglais par l’intermédiaire du pape. Il révéla la
visite faite à Stockholm, en 1942, par le pasteur Bonhœffer à l’évêque de
Chichester grâce à un faux passeport établi par l’Abwehr. Il fit allusion aux
divers complots tramés par Oster pour se débarrasser d’Hitler.
    Après des mois d’enquêtes, la Gestapo agit. Dohnanyi, Mueller et
Bonhœffer furent arrêtés le 5 avril 1943, et Oster qui, entretemps, était
parvenu à détruire la plupart des papiers compromettants, fut contraint à
démissionner de l’Abwehr en décembre et mis aux arrêts à Leipzig [247] .
    C’était un coup terrible porté à la conspiration. Oster –
« un homme tel que Dieu voulait que fussent les hommes, à l’esprit lucide
et serein, d’un calme inaltérable dans le danger », disait de lui
Schlabrendorff – avait été depuis 1938 une des figures centrales de la
conspiration dirigée contre Hitler, et Dohnanyi, juriste de profession, un de
ses adjoints les plus éminents. Bonhœffer, le protestant, et Mueller, le
catholique, avaient non seulement apporté à la résistance une grande force
spirituelle, mais ils avaient également donné à tous un exemple de courage
individuel dans les diverses missions qu’ils avaient accomplies à l’étranger – courage
qu’ils devaient encore montrer en refusant, même sous les tortures qui
suivirent leur arrestation, de trahir leurs camarades.
    Le résultat le plus grave fut qu’avec la dissolution de l’Abwehr
les conspirateurs perdirent leur « couverture » et leurs principaux
moyens de communiquer entre eux, avec les généraux hésitants et avec leurs amis
occidentaux.
    En quelques mois, de nouvelles découvertes faites par les sbires
d’Himmler mirent l’Abwehr et son chef, l’amiral Canaris, hors de jeu.
    Une de ces découvertes eut pour origine ce qui fut bientôt connu
dans les cercles nazis sous le nom de « Thé de Frau Solf », une
réunion qui eut lieu le 10 septembre 1943. Frau Anna Solf, veuve d’un
ancien ministre des Colonies sous Guillaume II, qui avait été également
ambassadeur d’Allemagne au Japon sous la République de Weimar, tenait depuis
longtemps déjà un salon antinazi à Berlin.
    On y rencontrait des hôtes distingués comme la comtesse Hanna
von Bredow, petite-fille de Bismarck, le comte Albrecht von Bernstorff, neveu
de l’ambassadeur allemand aux États-Unis au cours de la première guerre
mondiale, le père Erxleben, jésuite très connu, Otto Kiep, haut fonctionnaire
au ministère des Affaires étrangères, qui avait été démis de ses fonctions de
consul général à New York pour avoir assisté à un déjeuner officiel donné en l’honneur
du professeur Einstein, puis réintégré dans le service diplomatique, et
Elisabeth von Thadden, une femme brillante et profondément religieuse qui
dirigeait une école réputée à Weiblingen, près de Heidelberg.
    Le 10 septembre 1943, Fräulein von Thadden amena chez Frau
Solf un séduisant médecin suisse, le docteur Reckse, qui travaillait à l’hôpital
de la Charité, à Berlin, sous les ordres du professeur Sauerbruch. Comme la
majorité des Suisses, le docteur Reckse exprima de vifs sentiments antinazis ;
les autres personnes présentes firent aussitôt chorus avec lui, en particulier
Kiep. Avant la fin de la réunion, le bon docteur avait déjà proposé de se
charger de toutes les lettres que Frau Solf ou ses invités désireraient faire
parvenir à leurs amis installés en Suisse

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