Le Troisième Reich, T2
s’apprêtaient
à lancer une opération de grande envergure sur les côtes françaises de la
Manche ; en Italie, la résistance allemande s’effondrait sous les coups
portés par les forces alliées placées sous le commandement d’Alexander. S’ils
voulaient obtenir une paix quelconque, qui épargnerait à l’Allemagne un
écrasement et une ruine totale, il leur fallait se débarrasser au plus vite d’Hitler
et du régime nazi.
A Berlin, Stauffenberg et ses conjurés avaient enfin mis leurs
plans au point. Ils les avaient réunis sous le nom conventionnel de « Walkyrie »
– terme approprié, les Walkyries étant selon la mythologie nordique des jeunes
filles belles mais terribles, planant au-dessus des champs de bataille pour
désigner ceux qui devaient mourir. En l’occurrence, c’était Adolf Hitler qui devait disparaître. Assez ironiquement, c’était l’amiral
Canaris qui, avant sa disgrâce, avait donné au Führer l’idée
d’un plan « Walkyrie » destiné à faire assurer par l’armée de l’intérieur
la sécurité de Berlin et des autres grandes villes, dans le cas d’une révolte
des millions de travailleurs étrangers peinant dans ces centres.
Une telle révolte était hautement improbable – et en fait
impossible – car les travailleurs n’étaient ni armés, ni organisés, mais le Führer soupçonneux voyait à cette époque le danger rôder partout
et, comme presque tous les soldats valides étaient absents du pays, soit sur le
front, soit occupés à contenir la population dans les vastes territoires
occupés, il accepta facilement l’idée que l’armée de l’intérieur avait besoin
de préparer des plans en vue d’assurer la sécurité intérieure du Reich contre les hordes de ces forçats rétifs. Ainsi la Walkyrie devint une
parfaite couverture pour les conspirateurs militaires, elle leur permit d’élaborer
presque au grand jour des plans pour que l’armée de l’intérieur investisse la
capitale et des villes telles que Vienne, Munich et Cologne aussitôt qu’Hitler
aurait été assassiné.
A Berlin, la difficulté principale résidait pour eux dans le
fait qu’ils disposaient de très peu de troupes et que les formations S. S. étaient
beaucoup plus nombreuses. Il y avait également un nombre considérable d’unités
de la Luftwaffe, à l’intérieur même de la ville et dans
les alentours, qui armaient les défenses antiaériennes. Ces troupes, à moins que
l’armée n’agît rapidement, resteraient fidèles à Gœring et sans aucun doute
lutteraient pour sauver le régime nazi et le placer sous l’autorité de leur
chef, même si Hitler était mort. Ces unités pourraient utiliser les canons
antiaériens contre les détachements de l’armée. D’un autre côté, les forces de
police de Berlin avaient été gagnées en la personne de leur chef, le comte von Helldorf, qui s’était joint à la conspiration.
Étant donné la force des S. S. et des troupes de l’aviation, Stauffenberg
comptait beaucoup sur la rapidité des opérations pour s’assurer le contrôle de
la capitale. Les deux premières heures seraient les plus critiques. Dans ce
bref laps de temps, les troupes de l’armée devraient occuper et défendre le
bureau central de la radio nationale et les deux émetteurs de la ville, les
centrales télégraphiques et téléphoniques, la Chancellerie du Reich, les
ministères et les quartiers généraux de la Gestapo. Gœbbels, seul haut
dignitaire nazi à ne quitter que rarement Berlin, devrait être arrêté avec les
officiers S. S.
Dès qu’Hitler aurait été tué, son quartier général de Rastenburg
serait isolé du reste de l’Allemagne afin que ni Gœring, ni Himmler, ni aucun
des généraux nazis tels que Keitel et Jodl ne pût en prendre le commandement et
tenter de rallier la police ou les troupes à un régime nazi dont le chef seul
aurait changé. Le général Fellgiebel, chef des Transmissions, dont les bureaux
se trouvaient au quartier général, se chargea de cette mission.
Ces opérations réalisées au cours des deux premières heures, on
pourrait alors envoyer les messages – qui étaient déjà rédigés – par radio, téléphone
et télégraphe aux commandants de l’armée de l’intérieur en poste dans d’autres
villes et aux généraux supérieurs, commandant les troupes sur le front et dans
les zones occupées, pour leur annoncer qu’Hitler était mort et qu’un nouveau
gouvernement antinazi venait
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