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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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rôle décisif. Ce
fut aussi le seul dont l’O. K. W. traça le plan et assura la coordination des
trois armes. En fait, le haut commandement de l’armée et son grand état-major
ne furent même pas consultés, à leur grande contrariété, et Gœring ne fut
averti qu’au dernier moment – manque d’égards qui mit en fureur le corpulent
chef de la Luftwaffe.
    La marine allemande avait depuis longtemps les yeux tournés vers
le Nord. L’Allemagne n’avait pas d’accès direct sur le large océan, un fait
géographique qui s’était gravé dans les esprits de ses officiers de marine au
cours de la première guerre mondiale. Un filet anglais tendu à travers l’étroite
mer du Nord, des îles Shetland jusqu’à la côte de Norvège, constitué par un
barrage de mines et un dispositif de patrouilles permanentes, avait embouteillé
la puissante marine impériale, sérieusement entravé les tentatives des sous-marins
pour s’échapper dans l’Atlantique nord, et interdit les mers à la marine
marchande allemande. La flotte de haute mer allemande n’atteignit jamais la
haute mer. Le blocus naval anglais étouffa l’Allemagne impériale pendant la
première guerre.
    Entre les deux guerres, la poignée d’officiers de marine
allemands qui commandaient la modeste marine de leur pays méditèrent sur cette
expérience et sur ce fait géographique ; ils en vinrent à la conclusion
que, dans une guerre future avec l’Angleterre, l’Allemagne devrait essayer d’obtenir
des bases en Norvège, qui briseraient la ligne du blocus anglais en mer du Nord,
ouvriraient le large océan aux navires de surface et aux sous-marins allemands,
et en réalité donneraient au Reich la possibilité de
renverser les rôles et. d’organiser un blocus efficace des Iles Britanniques.
    Tout logiquement, donc, dès le début de la guerre, l’amiral Rolf Carls, troisième officier en grade de la marine allemande
et personnalité puissante, commençait à harceler l’amiral Raeder – comme
celui-ci le nota dans son journal et en témoigna à Nuremberg – de lettres
attirant son attention sur « l’importance d’une occupation de la côte
norvégienne par l’Allemagne (1) ». Raeder avait besoin d’être un peu
stimulé, et le 3 octobre, à la fin de la campagne polonaise, il envoya un
questionnaire confidentiel à l’état-major de la marine, lui demandant d’affirmer
la possibilité d’obtenir « des bases en Norvège sous la pression combinée
de la Russie et de l’Allemagne ». Ribbentrop fut consulté sur l’attitude
de Moscou et il répondit qu’un « très large appui pouvait être espéré »
de ce côté. Raeder dit à son état-major qu’il fallait sans tarder informer
Hitler de ces « possibilités (2) ».
    Le 10 octobre, au cours d’un très long rapport au Führer, Raeder souligna l’importance du gain de ces bases
navales en Norvège, avec l’aide de la Russie au besoin. C’était, du moins à en
croire les rapports confidentiels, la première fois que la marine attirait
directement l’attention d’Hitler sur ce sujet. Raeder dit que le Führer « saisit tout de suite la portée du problème norvégien ». Il
lui demanda de laisser ses notes sur la question et promit d’y réfléchir. Mais
à ce moment le Seigneur de la Guerre était préoccupé par le déclenchement de
son attaque à l’Ouest, par l’obligation de vaincre les hésitations de ses
généraux [36] .
Apparemment la Norvège lui sortit de l’esprit (3).
    Mais elle y revint en l’espace de deux mois – pour trois raisons.
    L’une était l’arrivée de l’hiver. L’existence même de l’Allemagne
dépendait des importations de minerai de fer suédois. Pour la première année de
guerre, les Allemands comptaient sur 11 millions de tonnes importées pour une
consommation totale de 15 millions de tonnes. Pendant les mois chauds, ce
minerai était transporté depuis la Suède du Nord le long du golfe de Bothnie et
par la Baltique jusqu’en Allemagne, voie qui ne présentait aucun problème, même
en temps de guerre, puisque la Baltique était effectivement interdite aux
sous-marins et navires de surface anglais.
    Mais, pendant l’hiver, cet itinéraire ne pouvait être suivi en
raison de la glace épaisse. Pendant les mois froids, le minerai suédois devait
être acheminé par voie ferrée à Narvik, port norvégien le plus proche, et par
bateau le long de la côte norvégienne jusqu’en Allemagne. Pendant presque

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