Le Troisième Reich, T2
hiver, avec de rares cadeaux, une nourriture Spartiate, les hommes
au loin, le black-out des rues, les persiennes et les rideaux soigneusement
tirés, et tout le monde pestant contre la guerre, la nourriture et le froid.
Il y eut un échange de compliments de Noël entre Hitler et
Staline.
Meilleurs vœux (télégraphia Hitler) pour votre bonheur
personnel ainsi que pour la prospérité future des peuples de l’amicale Union
Soviétique.
A quoi Staline répliqua :
L’amitié des peuples de l’Allemagne et de l’Union
Soviétique, cimentée par le sang, a toute raison d’être durable et solide.
A Berlin, l’ambassadeur von Hassell passa les vacances à
conférer avec les autres membres de la conspiration, Popitz, Gœrdeler et le
général Beck, et le 30 décembre il notait dans son journal le dernier plan.
C’était :
… d’avoir un nombre de divisions arrêtées à Berlin « en
transit de l’Ouest à l’Est ». Alors, Witzleben apparaîtrait à Berlin et
dissoudrait les S. S. Sur la base de cette action, Beck irait à Zossen et
retirerait le commandement suprême des mains de Brauchitsch. Un docteur
déclarerait Hitler incapable de rester en fonction, sur quoi on l’arrêterait. Puis
un appel serait lancé au peuple selon ces directives : prévenir d’autres
atrocités S. S., restaurer la décence et la moralité chrétiennes, continuer la
guerre, mais être prêts à conclure une paix sur des bases raisonnables…
Mais tout cela était irréel – des mots, rien que des mots. Et
les « conjurés » étaient si embarrassés qu’Hassell consacra une
longue tirade de son journal à se demander s’ils devaient ou non garder Gœring !
Gœring comme Hitler, Himmler, Gœbbels, Ley et
autres chefs du parti profitèrent du Jour de l’an pour lancer de grandioses
proclamations. Ley dit : « Le Führer a toujours raison ! Obéissez au Führer ! » Le Führer proclama
que ce n’était pas lui mais « les Juifs et les profiteurs de guerre
capitalistes » qui avaient déclenché la guerre et il poursuivit :
Unis à l’intérieur du pays, préparés économiquement et
armés militairement au plus haut degré, nous entrons dans l’année la plus
décisive de l’histoire de l’Allemagne… Que l’année 1940 apporte la décision. Elle
sera, quoi qu’il arrive, notre victoire.
Le 27 décembre, il retarda une fois de plus l’attaque à l’Ouest
« pour au moins quinze jours. » Le 10 janvier, il ordonna qu’elle
soit définitivement prête pour le 17 janvier « quinze minutes avant
le lever du soleil – à 8 h 16 ». L’aviation devait commencer son
attaque le 14 janvier, trois jours avant, sa tâche était de détruire les
terrains ennemis en France, mais ni en Belgique ni en Hollande. Les deux petits
pays neutres devaient rester dans l’incertitude de leur sort jusqu’au dernier
moment.
Mais, le 13 janvier, le Seigneur de la Guerre, soudain, repoussa
une fois de plus l’assaut « en raison de la situation météorologique ».
Le dossier saisi de l’O. K. W. sur le Jour J à l’Ouest est ensuite silencieux jusqu’au
7 mai. Le temps peut avoir joué un rôle dans le contrordre de l’attaque du
13 janvier. Mais à présent nous savons que deux autres événements en
furent principalement responsables : un malheureux atterrissage forcé, en
Belgique, d’un avion militaire allemand très spécial, le 10 janvier, et
une nouvelle opportunité qui apparaissait maintenant au Nord.
Le jour même, 10 janvier, où Hitler avait ordonné que l’attaque
par la Belgique et la Hollande commencerait le 17, un avion militaire allemand
allant de Munster à Cologne se perdit dans les nuages au-dessus de la Belgique
et fut forcé d’atterrir près de Mechelen-sur-Meuse. Il y avait à bord le major
Helmut Reinberger, officier supérieur de l’état-major de la Luftwaffe, et dans
son porte-documents étaient les plans allemands, complétés par des cartes, de l’attaque
à l’Ouest.
Quand les soldats belges s’approchèrent, le major se dirigea
vers des buissons tout proches, et mit le feu au contenu de son porte-documents.
Intrigués par cet intéressant phénomène, les soldats belges éteignirent les
flammes et retirèrent ce qui restait. Emmené au poste militaire voisin, Reinberger,
dans un geste désespéré, s’empara des papiers en partie brûlés qu’un officier
belge avait posés sur une table, et les lança dans un poêle allumé. L’officier
belge les
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