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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’établissement de
bases pour les troupes et les aviateurs soviétiques dans les trois États baltes
(pour être éventuellement utilisées contre qui, sinon l’Allemagne ?). Staline
l’aidait à surmonter le blocus anglais. Mais, surtout, Staline lui offrait
encore la possibilité de mener une guerre sur un front unique et de concentrer
toute sa force militaire à l’Ouest pour mettre la France et l’Angleterre hors
de combat et envahir la Belgique et la Hollande, après quoi – eh bien, Hitler
avait déjà dit à ses généraux ce qu’il avait dans la tête.
    Dès le 17 octobre 1939, la campagne polonaise à peine
terminée, il avait rappelé à Keitel que « le territoire polonais est
important pour nous du point de vue militaire en tant que ligne de départ
avancée et concentration stratégique de troupes. A cette fin les voies ferrées,
les routes et les canaux de communication doivent être entretenus (56) ».
    Alors que cette année critique 1939 approchait de sa fin, Hitler
se rendait compte, comme il l’avait dit à ses généraux dans son mémorandum du 9 octobre,
qu’on ne pouvait compter indéfiniment sur la neutralité des Soviets. Dans huit
mois ou un an, avait-il dit, les choses pouvaient changer. Et dans la harangue
qu’il leur adressa le 23 novembre, il avait insisté : « nous ne
pourrons nous opposer à la Russie que lorsque nous serons libres à l’Ouest ».
C’était une pensée toujours présente à son esprit inquiet.
    L’année fatale s’achevait, dans une atmosphère bizarre et même
fantastique. Bien qu’il y eût une guerre mondiale, il n’y avait pas de combat
sur terre, et dans le ciel les gros bombardiers ne transportaient que des
tracts de propagande, et bien mal écrits encore. Sur mer seulement, la guerre
était réelle. Les sous-marins allemands continuaient à faire des ravages chez les
Anglais et parfois parmi les bateaux neutres dans le cruel Atlantique nord.
    Dans l’Atlantique sud, le Graf Spee ,
l’un des trois cuirassés de poche allemands, était sorti de son mouillage et en
trois mois avait coulé neuf cargos anglais de 50 000 tonnes au total. Puis,
deux semaines avant le premier Noël de guerre, le 14 décembre 1939, le
public allemand fut électrisé par la nouvelle étalée en titres flambants, et
passée en flash à la radio, d’une grande victoire sur mer.
    Le Graf Spee , disait-on, avait attaqué
la veille trois croiseurs britanniques à 100 milles au large de Montevideo et
les avait mis hors de combat. Mais l’exaltation tourna bientôt à la perplexité.
Trois jours après, en effet, la presse annonçait que le cuirassé de poche s’était
sabordé dans l’estuaire du Rio de la Plata, juste en face de la capitale de l’Uruguay.
C’était donc cela, la belle victoire ? Le 21 décembre, l’amirauté
annonça que le commandant du Graf Spee, le
capitaine Hans Langsdorff, avait « suivi son bateau
et, ainsi, avait répondu en combattant et en héros aux espoirs de son Führer, du peuple allemand et de la marine ».
    Le pauvre peuple allemand ne sut jamais que le Graf Spee avait été sérieusement endommagé par les trois croiseurs
britanniques qui avaient mis ses canons hors de combat [35] …,
qu’il avait dû rester à Montevideo pour être réparé, que le gouvernement
uruguayen, conformément à la loi internationale, ne l’avait autorisé à rester
que soixante-douze heures, ce qui n’était pas suffisant, que l’ « héroïque »
capitaine Langsdorff, plutôt que de risquer un autre combat contre les Anglais
avec son bateau avarié, l’avait donc sabordé, et que lui-même, au lieu de
couler avec son navire, s’était tué deux jours après dans une chambre d’hôtel
isolée de Buenos Aires. On ne lui dit pas davantage, naturellement, comme le
nota le général Jodl dans son journal le 18 décembre, que le Führer était « furieux »
du sabordage du Graf Spee sans avoir combattu, qu’il manda l’amiral
Raeder et le gratifia d’un beau savon (57).
    Le 12 décembre, Hitler rédigea une autre directive
ultra-secrète qui retardait l’attaque à l’Ouest, annonçant qu’aucune nouvelle
décision ne serait prise avant le 27 décembre, et précisait que la date la
plus rapprochée du « Jour J » serait le 1er janvier 1940. Il
disait que les permissions de Noël pouvaient donc être accordées. D’après mon
journal, Noël, le sommet de l’année pour les Allemands, fut un triste Noël à
Berlin cet

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