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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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tout
le voyage, les bateaux allemands chargés de minerai pouvaient naviguer dans les
eaux territoriales norvégiennes et échapper ainsi à la destruction par les
navires de guerre ou les bombardiers anglais.
    Donc, comme Hitler le fit ressortir à la marine, une Norvège
neutre avait ses avantages. Cela permettait à l’Allemagne d’obtenir le minerai
de fer vital sans intervention de l’Angleterre.
    A Londres, Churchill, alors premier lord de l’Amirauté, s’en
rendit compte tout de suite. Dès les premières semaines de guerre, il essaya d’obtenir
du cabinet l’autorisation de mouiller des mines dans les eaux territoriales
norvégiennes, de façon à entraver les transports allemands. Mais Chamberlain et
Halifax répugnaient fortement à violer la neutralité de la Norvège, et la
proposition fut momentanément abandonnée (4).
    L’attaque de la Finlande par la Russie le 30 novembre 1939
changea radicalement la situation, augmentant immensément l’importance
stratégique de la Scandinavie, à la fois pour les Alliés occidentaux et pour l’Allemagne.
La France et l’Angleterre organisèrent en Écosse un corps expéditionnaire pour
venir au secours des courageux Finnois qui, défiant toutes les prédictions, résistaient
avec opiniâtreté aux assauts de l’Armée Rouge.
    Mais il ne pouvait atteindre la Finlande qu’en traversant la
Norvège et la Suède, et les Allemands virent tout de suite que, si des troupes
alliées avaient l’autorisation, ou la prenaient, de transiter dans la partie
septentrionale des deux États Scandinaves, on en laisserait assez, sous
prétexte de maintenir les communications, pour couper complètement l’approvisionnement
allemand en minerai de fer suédois [37] .
De plus, les Alliés occidentaux déborderaient le Reich au nord. L’amiral Raeder
n’avait pas tort de rappeler ces menaces à Hitler.
    Le chef de la marine allemande avait maintenant trouvé en
Norvège même un allié précieux pour ses desseins, en la personne du major
Vidkun Abraham Lauritz Quisling, dont le nom allait bientôt devenir, dans
presque toutes les langues, synonyme de traître.

VIDKUN QUISLING APPARAIT
    Quisling avait débuté assez honorablement dans la vie. Né en
1887, de souche paysanne, il était sorti premier de sa promotion de l’académie
militaire norvégienne et, encore avant d’avoir atteint la trentaine, avait été
envoyé à Petrograd comme attaché militaire. Il s’était occupé des intérêts
britanniques après la rupture des relations diplomatiques de l’Angleterre avec
le gouvernement bolchevik et, pour le récompenser, la Grande-Bretagne lui avait
décerné le C. B. E. (commandeur dans l’ordre du British Empire). A cette époque,
il était tout à la fois pro-anglais et pro-bolchevik. Il resta quelque temps en
Russie soviétique comme assistant de Fridtjof Nansen, le grand explorateur et
philanthrope norvégien, dans le service russe d’entraide.
    Le jeune officier de l’armée norvégienne avait été tellement
impressionné par le succès des communistes en Russie qu’à son retour à Oslo il
offrit ses services au parti travailliste, à l’époque membre du Komintern. Il
proposa d’établir une « Garde Rouge », mais le parti se méfiait de
lui et l’expulsa. Il vira alors à l’opposition extrême. Après avoir été
ministre de la Défense, de 1931 à 1933, il fonda en mai de cette année un parti
fasciste appelé Nasjonal Samling – Union nationale – adoptant l’idéologie
et la tactique des nazis qui venaient d’arriver au pouvoir en Allemagne. Mais
le nazisme ne prospéra pas sur le sol traditionnellement démocratique de la
Norvège. Quisling fut même incapable de se faire élire au parlement. Battu par
les voix de son propre peuple, il se tourna vers l’Allemagne nazie.
    Là, il entra en relation avec Alfred Rosenberg, le philosophe
officiel du mouvement nazi. Cet exalté, entre autres emplois, occupait celui de
chef des Services du parti pour les Affaires étrangères. Ce Balte ennuyeux, l’un
des premiers mentors d’Hitler, crut deviner des possibilités chez l’officier
norvégien, car l’une des chimères favorites de Rosenberg était l’établissement
d’un grand Empire nordique dont les Juifs et autres races « impures »
seraient exclus et qui pourrait éventuellement dominer le monde sous la
direction nazie allemande. Depuis 1933, il restait en contact avec Quisling, afin
de le bourrer de sa philosophie et de sa folle

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