Le Troisième Reich, T2
guerre nécessité ne connaît pas de loi.
Quand l’officier de la vedette eut signalé à l’amiral allemand que les Norvégiens
allaient résister, Bonte attendit simplement que sa vedette soit hors de portée,
puis, promptement, torpilla le Eidsvold . Le second cuirassé norvégien, le Norge , ouvrit alors le feu mais fut rapidement détruit ; 300 marins
norvégiens, la quasi-totalité de l’équipage des deux navires, périrent.
A huit heures, Narvik était aux mains des Allemands, amenés par
10 destroyers qui s’étaient glissés à travers une formidable flotte britannique,
et occupé par deux seuls bataillons nazis sous le commandement du général de
brigade Eduard Dietl, un vieux compagnon bavarois d’Hitler depuis les jours du
Putsch de la Brasserie. Dietl se révéla un commandant courageux et plein de
ressources quand l’avance sur Narvik devint dure, c’est-à-dire dès le jour
suivant.
Trondhjem, au milieu de la longue côte occidentale de la Norvège,
fut prise presque aussi facilement. Les batteries du port ne tirèrent pas sur
les navires de guerre allemands, conduits par le croiseur lourd Hipper , comme
ils remontaient le grand fjord, et les troupes à bord de ce bateau et de 4
destroyers débarquèrent sur les jetées de la ville sans intervention. Certains
forts tinrent quelques heures et le proche aérodrome de Vaernes, deux jours ;
mais cette résistance n’empêcha pas l’occupation d’un beau port convenant aux
plus grands navires de guerre aussi bien qu’aux sous-marins, tête de ligne d’une
voie ferrée qui allait en Suède par le nord de la Norvège, et par laquelle, les
Allemands avaient raison de l’espérer, ils seraient ravitaillés si les Anglais
les coupaient de toute communication par mer.
Bergen, second port et seconde ville de Norvège, situé à quelque
500 kilomètres au sud de Trondhjem et relié par voie ferrée à Oslo, la capitale,
offrit quelque résistance. Les batteries gardant le port endommagèrent
sérieusement le croiseur Kœnigsberg et un bateau auxiliaire, mais d’autres
navires débarquèrent des troupes sans incident et occupèrent la ville avant
midi. C’est à Bergen qu’arriva la première aide directe des Britanniques aux
Norvégiens abasourdis. Dans l’après-midi, 15 bombardiers de la marine piquèrent
sur le Kœnigsberg et le firent sauter, premier bateau de cette taille
détruit par une attaque aérienne.
Au-delà du port, les Britanniques avaient une flotte puissante
de 4 croiseurs et 7 contre-torpilleurs qui aurait pu écraser la marine
allemande plus faible. Elle était sur le point de pénétrer dans le port quand
elle reçut ordre de l’amirauté d’annuler l’attaque à cause des risques de mines
et de bombardement aérien, décision que Churchill, qui y avait pris part, regretta
plus tard. C’était le premier signe de cette prudence et de ces demi-mesures
qui allaient coûter si cher aux Britanniques dans les jours cruciaux à venir.
L’aérodrome de Sola, près du port de Stavanger sur la côte
sud-ouest, fut pris par les parachutistes allemands après que les emplacements
de l’artillerie norvégienne – il n’y avait pas de réelle protection
anti-aérienne – eurent été réduits au silence. C’était le plus vaste terrain d’aviation
de Norvège et il était de la plus haute importance stratégique pour la
Luftwaffe, car de là les bombardiers étaient à portée d’action non seulement
contre la flotte anglaise le long de la côte norvégienne, mais contre les
principales bases navales anglaises du nord de la Grande-Bretagne. Ses dimensions
donnèrent tout de suite aux Allemands la supériorité de l’air en Norvège et
vouèrent à l’échec toute tentative des Anglais de débarquer des forces d’une
certaine importance.
Kristiansand, sur la côte sud, opposa une résistance
considérable aux Allemands, et ses batteries côtières repoussèrent par deux
fois une flotte allemande conduite par le croiseur léger Karlsruhe . Mais
les forts furent vite réduits par le bombardement de la Luftwaffe et le port
occupé au milieu de l’après-midi. Toutefois le Karlsruhe , en quittant le
port ce soir-là, fut torpillé par un sous-marin anglais et si gravement
endommagé qu’il dut être coulé.
A midi, donc, ou peu après, les cinq villes et ports norvégiens
principaux et le seul grand terrain d’aviation sur les côtes ouest et sud, qui
s’étendent sur 2 500 kilomètres depuis le Skagerrak
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