Le Troisième Reich, T2
allemande
établirent des ordres détaillés de « Supercherie et Camouflage pour l’Invasion
de la Norvège (35) ».
Ultra-secret.
Conduite pendant l’entrée au port.
Tous feux éteints… Garder le plus longtemps possible l’apparence
de bâtiments anglais. Répondre en anglais à toutes les sommations en morse
émises par les bateaux norvégiens. Une réponse dans le genre de ce qui suit
sera adoptée :
« Escale à Bergen pour une courte visite. Pas d’intentions
hostiles. »
… Répondre aux sommations par des noms de bateaux de guerre
britanniques :
Köln – H. M. S. Le Caire.
Kœnigsberg – H. M. S. Calcutta, etc.
Prendre les dispositions nécessaires pour éclairer les
pavillons de guerre britanniques.
Pour Bergen… Ce qui suit doit servir de principe directeur
au cas où une de nos unités serait contrainte de répondre à la sommation du
bâtiment croisé.
A la sommation : (pour le Köln : H. M. S. Le
Caire).
A l’ordre de stopper : 1° Prière de répéter le dernier
signal. 2° Impossible de comprendre votre signal.
En cas de coup de semonce : « Cessez le feu. Bateau
anglais. Ami. »
En cas de question sur la destination et le but :
« Allons Bergen. Poursuivons bateaux allemands [45] . »
Ainsi, le 9 avril 1940, à 5 h 20 précises
(4 h 20 au Danemark), une heure avant l’aube, les envoyés allemands à
Copenhague et à Oslo, ayant tiré du lit, exactement 20 minutes auparavant, les
ministres des Affaires étrangères respectifs (Ribbentrop avait insisté sur un
horaire strict en coordination avec l’arrivée des troupes allemandes à la même
heure), présentaient aux gouvernements danois et norvégien un ultimatum leur
enjoignant d’accepter sur-le-champ et sans résistance la « protection du
Reich ». L’ultimatum était peut-être le document le plus impudent composé
jusqu’ici par Hitler et Ribbentrop, pourtant orfèvres en la matière et donc
rompus à la duplicité diplomatique (37).
Après avoir déclaré que le Reich était venu en aide au Danemark
et à la Norvège pour les protéger contre une occupation anglo-française, le
mémorandum affirmait :
Les troupes allemandes, par conséquent, ne mettent pas le
pied sur le sol norvégien en ennemies. Le haut commandement allemand n’a pas l’intention
d’utiliser les points occupés par ses troupes comme bases d’opérations contre l’Angleterre…
tant qu’il n’y sera pas contraint… Au contraire, le but des opérations
militaires allemandes est exclusivement de protéger le Nord contre l’occupation
des bases norvégiennes projetée par les forces anglo-françaises…
… Dans l’esprit des bonnes relations qui ont existé jusqu’ici
entre l’Allemagne et la Norvège, le gouvernement du Reich déclare au
gouvernement royal de Norvège que l’Allemagne n’a nulle intention de porter
atteinte par ces mesures à l’intégrité territoriale et à l’indépendance
politique du royaume de Norvège dans le présent ou dans l’avenir…
En conséquence, le gouvernement du Reich espère que le
gouvernement et le peuple norvégiens ne lui opposeront aucune résistance. Toute
résistance devrait être, et serait, brisée par tous les moyens possibles… et ne
conduirait donc qu’à une effusion de sang absolument inutile…
Les espérances allemandes se trouvèrent justifiées en ce qui
regardait le Danemark, mais pas la Norvège. La Wilhelmstrasse l’apprit à la
réception des premiers messages urgents des ministres respectifs de ces pays. L’envoyé
allemand à Copenhague télégraphia à Ribbentrop à huit heures trente-quatre que
les Danois avaient « accepté toutes nos demandes (bien que) élevant une
protestation ». Le ministre Curt Bräuer à Oslo avait à donner une nouvelle
toute différente. A cinq heures cinquante-deux, juste trente-deux minutes après
avoir transmis l’ultimatum, il télégraphia à Berlin la breve réponse du gouvernement norvégien : « Nous ne nous soumettrons
pas : la lutte est déjà engagée (38). »
L’arrogant Ribbentrop était hors de lui [46] .
A dix heures cinquante-cinq, il adressa à Bräuer un télégramme « des plus
urgents » : « Vous devez une fois de plus faire sentir au
gouvernement que la résistance norvégienne est tout à fait insensée. »
Cet ordre, l’infortuné envoyé allemand ne pouvait plus l’exécuter.
Le roi de Norvège, le gouvernement et les membres du parlement s’étaient déjà
enfuis
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