Le Troisième Reich, T2
fut
finalement rectifiée juste à temps. Le général Himer dit que les bombardiers « ronflant
au-dessus de la capitale danoise ne manquèrent pas de faire leur effet : le
gouvernement accepta les exigences allemandes ».
Il ne fut pas facile de trouver le moyen de radiodiffuser aux
troupes danoises la capitulation du gouvernement, parce que les stations de
radio locales n’étaient pas encore en service à une heure aussi matinale. On
résolut la question en émettant sur la longueur d’onde danoise par le
transmetteur que le bataillon allemand avait apporté avec lui et pour lequel le
général Himer, prévoyant, avait déniché un camion afin de pouvoir le traîner
jusqu’à la citadelle.
A quatorze heures, ce même jour, le général Himer, accompagné de
l’ambassadeur d’Allemagne, Cecil von Renthe-Fink, se rendit auprès du roi de
Danemark, qui n’était plus roi mais ne l’avait pas encore compris. Himer a
laissé un compte rendu de l’entrevue dans les archives secrètes de l’armée.
Le roi, âgé de soixante-dix ans, paraissait brisé
moralement, bien qu’il sauvegardât parfaitement, pendant l’audience, les
apparences extérieures et qu’il conservât une dignité absolue. Tout son corps
tremblait. Il déclara que lui et son gouvernement feraient tout le possible
pour maintenir la paix et l’ordre dans le pays et éviter tout heurt entre les
troupes allemandes et la nation. Il souhaitait épargner à son pays un surcroît
de malheur et de souffrances.
Le général Himer répondit que, personnellement, il
regrettait beaucoup de se présenter devant le roi avec une telle mission, mais
qu’il ne faisait que son devoir de soldat… Nous sommes venus en amis, etc. Quand
le roi demanda s’il pourrait conserver ses gardes du corps, le général Himer
répliqua… que le Führer lui permettrait certainement de les garder. Il n’en
doutait pas.
Le roi fut visiblement soulagé en entendant cela. Au cours
de l’audience… le roi se détendit et à la fin il s’adressa au général Himer en
ces termes : « Général, puis-je, en vieux soldat, vous dire quelque
chose ? De soldat à soldat ? Vous, Allemands, avez une fois de plus
accompli l’incroyable ! Il faut admettre que c’est un travail magnifique ! »
Pendant près de quatre années, jusqu’au moment où le cours de la
guerre se modifia… le roi du Danemark et son peuple, race d’un bon naturel, civilisée
et insouciante, ne causèrent pas beaucoup d’ennuis aux Allemands. Le Danemark
était connu comme le « protectorat modèle ». Le monarque, le
gouvernement, la cour, même le parlement et la presse reçurent tout d’abord de
leurs conquérants une quantité surprenante de libertés. Même les 7 000
Juifs du Danemark ne furent pas molestés – pour un temps.
Mais les Danois, plus tardivement que la plupart des autres
peuples conquis, en vinrent finalement à comprendre qu’il était impossible de
pousser plus loin ce qu’ils appelaient une « coopération loyale »
avec leurs tyrans teutons, dont la brutalité augmentait avec les années et la
mauvaise fortune des armes, s’ils voulaient conserver une parcelle de dignité
et d’honneur. Ils commencèrent aussi à voir que, après tout, l’Allemagne pouvait
ne pas gagner la guerre, et que le petit Danemark n’était pas inexorablement
condamné, comme tant l’avaient cru tout d’abord, à être un État vassal dans l’indicible
ordre nouveau d’Hitler. Alors la résistance commença.
LES NORVÉGIENS RÉSISTENT
La résistance commença en Norvège dès le début, quoique
certainement pas partout. A Narvik, port et point de départ du minerai de fer
suédois, le colonel Konrad Sundlo, commandant de la garnison locale, qui, comme
nous l’avons vu, était un partisan fanatique de Quisling, se rendit aux
Allemands sans tirer un coup de feu. Le chef naval était d’une autre envergure.
A l’approche de 10 destroyers allemands à l’entrée du long fjord, le Eidsvold ,
l’un des deux antiques cuirassés qui étaient au port, tira le coup de semonce
et signala aux destroyers de faire connaître leur nationalité.
Le contre-amiral Fritz Bonte, commandant la flottille de
destroyers allemands, répondit en expédiant un officier dans une vedette au
vaisseau norvégien pour lui sommer de se rendre. Ici se place un exemple de la
traîtrise allemande, bien que les officiers de marine allemands s’en soient
défendus plus tard en alléguant qu’à la
Weitere Kostenlose Bücher