Le Troisième Reich, T2
jusqu’à l’océan
Arctique, étaient aux mains des Allemands. Ils avaient été pris par une poignée
de troupes convoyées par une marine grandement inférieure à celle des
Britanniques. Audace, fourberie et surprise avaient donné à Hitler une
retentissante victoire à un faible prix.
Mais à Oslo, la proie principale, ses forces militaires et sa
diplomatie se trouvèrent aux prises avec des désagréments inattendus.
Pendant toute la nuit glaciale du 8 au 9 avril, un joyeux
groupe de la légation allemande, conduit par le capitaine Schreiber, attaché
naval, et rejoint de temps en temps par l’actif docteur Bräuer, le ministre, resta
sur le quai du port d’Oslo à attendre l’arrivée de la flotte allemande et des
transports de troupes pour leur souhaiter la bienvenue. Un jeune attaché naval
allemand parcourait la baie à bord d’un bateau à moteur, en attendant de
piloter la flotte, conduite par le cuirassé de poche Lützow (son nom, Deutschland ,
avait été changé parce qu’Hitler ne voulait pas courir le risque de perdre un
bateau portant ce nom) et le croiseur lourd flambant neuf Blücher , vaisseau
amiral de l’escadre.
Ils attendirent en vain. Les gros bateaux n’arrivèrent jamais. Ils
avaient été arrêtés à l’entrée du fjord d’Oslo, d’une longueur de 80 kilomètres,
par le mouilleur de mines norvégien Olav Trygverson , qui coula un
torpilleur allemand et endommagea le croiseur léger Emden . Après avoir
débarqué une petite troupe pour réduire les batteries côtières, l’escadre
allemande, toutefois, poursuivit sa route dans le fjord. A environ 25
kilomètres au sud d’Oslo, là où les eaux n’ont plus que 25 kilomètres de
largeur, un autre ennui survint. Ici s’élevait l’ancienne forteresse d’Oskarsborg,
dont les défenseurs étaient plus vigilants que les Allemands ne le supposaient.
Juste avant l’aube, dans le fort, les canons Krupp de 280
millimètres ouvrirent le feu sur le Lützow et sur le Blücher , et
des torpilles furent également lancées depuis le rivage. Les 10 000 tonnes
du Blücher , en feu et déchiré par l’explosion de ses munitions, s’enfoncèrent,
avec 1 600 hommes dont quelques officiels de l’administration et de la
Gestapo (et tous leurs papiers) qui devaient arrêter le roi et les membres du
gouvernement et prendre en main l’administration de la capitale. Le Lützow fut aussi endommagé, toutefois sans être mis complètement hors de combat.
Le contre-amiral Oskar Kummetz, commandant l’escadre, et le
général Engelbrecht, commandant la 163e division d’infanterie, qui étaient sur
le Blücher , purent nager jusqu’au rivage, où ils furent faits
prisonniers par les Norvégiens. Là-dessus, la flotte allemande, estropiée, fit
demi-tour pour l’instant et alla lécher ses plaies. Elle avait échoué dans sa
mission de s’emparer de l’objectif principal allemand : la capitale de la
Norvège. Elle n’y parvint pas avant le lendemain.
Oslo, en fait, ne parut guère plus qu’un fantôme aux troupes
allemandes lâchées du ciel sur l’aérodrome local, non défendu. Les nouvelles
catastrophiques des autres ports et le pilonnage des canons, 25 kilomètres plus
bas dans le fjord d’Oslo, avaient fait fuir la famille royale, le gouvernement
et les membres du parlement. Ils s’étaient rendus par train spécial, à neuf
heures trente, à Hamar, 130 kilomètres plus au nord. Vingt camions chargés de l’or
de la Banque de Norvège et trois autres des papiers secrets des Affaires
étrangères partirent à la même heure. Ainsi la vaillante action de la garnison
de Oskarsborg avait fait échouer les plans d’Hitler de tenir entre ses mains le
roi de Norvège, le gouvernement et l’or.
Mais Oslo avait été laissé dans une confusion complète. Il y
avait bien quelques troupes norvégiennes, mais elles n’étaient pas en état de
se défendre. Surtout, on ne s’était pas soucié de bloquer l’aéroport à
proximité de Fornebu, ce qu’on aurait pu faire avec quelques vieilles voitures
parquées le long de la piste et sur le terrain. Tard dans la nuit précédente, le
capitaine Spiller, attaché de l’Air allemand à Oslo, s’était posté là pour
accueillir les troupes aéroportées, qui devaient entrer dans la ville après la
marine. Puisque les bateaux n’arrivaient pas, un frénétique message radio fut
envoyé à Berlin par la légation pour prévenir de la situation malencontreuse et
inattendue.
La
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