Le Troisième Reich, T2
immédiate et caractéristique. Les Allemands n’avaient
pas réussi, d’abord, à s’emparer du roi et des membres du gouvernement, ensuite
à les persuader de se rendre. A présent, ils allaient essayer de les tuer. Tard
le 11 avril, la Luftwaffe fut envoyée sur le village de Nybergsund pour
lui faire subir « le traitement maximum ».
Les avions nazis le détruisirent avec des bombes incendiaires et
explosives, puis mitraillèrent tous ceux qui tentaient de s’échapper des ruines
en flammes. Apparemment, les Allemands crurent tout d’abord avoir réussi à
massacrer le roi et les membres du gouvernement. Le journal d’un aviateur
allemand, fait prisonnier plus tard dans le nord de la Norvège, portait le 11 avril :
« Nybergsund. Oslo Regierung. Alles vernichtet . » (Gouvernement
d’Oslo. Complètement anéanti.)
Le village l’était, mais ni le roi ni le gouvernement. A l’approche
des bombardiers nazis, ils avaient cherché refuge dans un bois tout proche. Debout,
avec de la neige jusqu’aux genoux, ils avaient vu la Luftwaffe réduire en
cendres les modestes maisons du hameau. Ils avaient maintenant à choisir :
ou se rendre à la proche frontière suédoise et chercher asile dans la Suède
neutre, ou pousser au nord dans leurs propres montagnes, couvertes encore de
neige printanière.
Ils décidèrent de se rendre dans l’âpre vallée de Gudbrands, qui
menait, au-delà d’Hamar et de Lillehammer et à travers les montagnes, à
Andalsnes, sur la côte nord-ouest, à 160 kilomètres au sud-ouest de Trondhjem. Le
long du chemin ils pourraient organiser les forces norvégiennes encore
éberluées et dispersées pour poursuivre la résistance. Et il y avait quelque
espoir que les troupes anglaises pourraient éventuellement venir les aider.
BATAILLES POUR LA NORVÈGE
Dans l’extrême Nord, à Narvik, la marine britannique avait déjà
violemment réagi à l’occupation surprise allemande. Elle avait été, comme l’admit
Churchill qui en était chargé, « complètement dépassée » par les
Allemands. Maintenant, tout au moins dans le Nord, hors de portée des
bombardiers allemands basés à terre, elle passa à l’offensive. Le 10 avril
au matin, vingt-quatre heures après que 10 contre-torpilleurs allemands eurent
pris Narvik et débarqué les troupes de Dietl, une force de 5 contre-torpilleurs
anglais entra dans le port de Narvik, détruisit 2 des 5 contre-torpilleurs
allemands alors au port, endommagea les 3 autres et coula tous les cargos
allemands sauf un.
Au cours de cette action, le contre-amiral Bonte, commandant
naval allemand, fut tué. En quittant le port, cependant, les vaisseaux anglais
tombèrent sur les 5 contre-torpilleurs allemands restants qui sortaient des
fjords voisins. L’artillerie des bâtiments allemands, plus lourde, coula un
contre-torpilleur anglais, obligea un autre à s’échouer, dont le commandant, le
capitaine Warburton-Lee, fut mortellement blessé, et endommagea un troisième. Trois
des 5 destroyers anglais purent gagner le large où, en se retirant, ils
coulèrent un gros cargo allemand chargé de munitions, qui approchait du port.
Le 13 avril à midi, les Britanniques, cette fois avec le
cuirassé Warspite , un vétéran de la bataille du Jutland, en tête d’une
flottille de contre-torpilleurs, revinrent à Narvik et détruisirent les bateaux
de guerre allemands qui restaient. L’officier qui commandait, vice-amiral W. J.
Whitworth, en rendant compte de l’action à l’Amirauté par sans-fil, insista, puisque
les troupes allemandes à terre avaient été surprises et désorganisées – Dietl
et ses hommes avaient en effet gagné les collines, – pour que Narvik fût occupé
sur-le-champ « par la principale force de débarquement ».
Malheureusement pour les alliés, le général de division, P. J. Mackesy,
commandant de l’armée britannique, était un officier excessivement prudent qui,
arrivant le lendemain même avec une avant-garde de trois bataillons d’infanterie,
décida de ne pas risquer un débarquement à Narvik, mais de débarquer ses
troupes à Harstad, à 55 kilomètres au nord, qui était aux mains des Norvégiens.
Ce fut une erreur coûteuse.
Les Anglais avaient préparé un petit corps expéditionnaire pour
la Norvège, mais ils faisaient preuve d’une lenteur inconcevable à mettre leurs
troupes en route. Dans l’après-midi du 8 avril, après avoir appris que la
flotte allemande rejoignait la côte
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