Le Troisième Reich, T2
d’Espagne,
demanda l’armistice aux Allemands [60] .
Hitler répondit le même jour qu’il voulait d’abord consulter son allié
Mussolini. Car ce guerrier paradeur, après s’être assuré que les armées
françaises étaient battues sans espoir, était intervenu dans la lutte le 10 juin,
pour essayer d’arracher sa part de butin.
LA FRANCE POIGNARDÉE DANS LE DOS
Malgré ses préoccupations concernant l’évolution de la bataille
de l’Ouest, Hitler avait trouvé le temps d’écrire à Mussolini à des intervalles
dont la fréquence est surprenante, afin de le tenir informé des victoires
allemandes.
Après une première lettre du 7 mai, apprenant au Duce qu’il
attaquait la Belgique et la Hollande « pour assurer leur neutralité »
et qu’il tiendrait son ami au courant de ses progrès pour que le Duce puisse
prendre ses propres décisions à temps, il y en eut d’autres les 13,18 et 25, plus
détaillées et plus enthousiastes les unes que les autres (22). Les généraux, comme
le confirme le journal d’Halder, ne se souciaient guère de ce que ferait l’Italie,
mais le Führer avait quelque raison d’attacher de l’importance
à l’intervention italienne. Dès que les Pays-Bas et la Belgique eurent capitulé,
que les armées françaises du Nord eurent été écrasées et les troupes britanniques
embarquées à Dunkerque, Mussolini décida de
participer à la guerre. Le 30 mai, il avertit Hitler par lettre que la
date était fixée au 5 juin. Hitler répondit immédiatement qu’il en était « très
profondément ému ».
Si une chose encore pouvait renforcer mon inébranlable foi
en l’issue victorieuse de cette guerre (écrivait Hitler le 31 mai), c’est
votre déclaration… Le simple fait de votre entrée en guerre est capable de
porter un coup fatal à nos ennemis.
Le Führer demandait à son allié, cependant,
de reculer de trois jours son intervention : il voulait mettre hors de
combat le restant de l’aviation française, dit-il, et Mussolini eut l’obligeance
de reporter son action au 10 juin. Les hostilités, dit le Duce, commenceraient
le lendemain.
Elles se réduisirent à peu de chose. Le 18 juin, quand
Hitler convoqua son partenaire à Munich pour discuter de l’armistice avec la
France, quelque 32 divisions italiennes, après une semaine de « combat »,
avaient été incapables de faire bouger 6 divisions françaises sur le front des
Alpes et plus au sud, en bordure de la Méditerranée, bien que les défenseurs
fussent à présent menacés d’un assaut à l’arrière par les Allemands qui
descendaient rapidement la vallée du Rhône [61] .
Le 21 juin, Ciano notait dans son journal :
Mussolini est très humilié parce que nos troupes n’ont pas
fait un pas en avant. Même aujourd’hui, elles n’ont pas encore réussi à avancer
et se sont arrêtées devant la première fortification française qui opposa
quelque résistance (23).
La fragilité de la puissance militaire vantée par Mussolini fut
ainsi révélée dès le début. Le dictateur italien était d’humeur peu
démonstrative quand Ciano et lui prirent le train, le 17 juin au soir, pour
aller conférer avec Hitler sur l’armistice avec la France.
Mussolini mécontent (écrit Ciano dans son journal). Cette
paix subite l’inquiète. Tout au long du voyage, nous avons discuté des
conditions d’armistice qui seraient faites à la France. Le Duce voudrait, aller
jusqu’à l’occupation totale du territoire français et demander la reddition de
la flotte française. Mais il a conscience que son opinion n’a qu’une valeur
consultative. La guerre a été gagnée par Hitler sans aucune participation
active de l’Italie, et c’est Hitler qui aura le dernier mot. Naturellement, cela
tracasse et attriste Mussolini.
La clémence du « dernier mot » du Führer fut un choc pour les Italiens pendant leur conférence avec le Seigneur
de la Guerre, à la Führerhaus de Munich, là où Chamberlain et Daladier, moins
de deux ans plus tôt, avaient été si accommodants pour les deux dictateurs au
sujet de la Tchécoslovaquie. Le mémorandum secret allemand de la rencontre (24)
montre bien qu’Hitler était par-dessus tout déterminé à éviter que la flotte
française ne tombât aux mains des Britanniques. Il craignait aussi que le
gouvernement français ne s’enfuît en Afrique du Nord ou à Londres et ne
continuât la guerre.
Pour cette raison, les conditions d’armistice – les
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