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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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bien avec le scénario habituel. Le hippie servait de compère, il avait tout à fait le physique de l'emploi. Pendant ce temps, le respectable homme d'affaires transportait la marchandise. Plutôt malin, comme idée, sauf que cette fois, gr‚ce à un bon citoyen insomniaque et fouineur qui n'avait pas les yeux dans sa poche, la ruse allait être déjouée.
    Deux cents personnes étaient déjà rassemblées devant le tapis roulant numéro 6, o˘ l'on attendait les bagages du vol de Bangkok. La plupart d'entre elles étaient allées chercher un chariot à l'autre bout du hall. Mr Seymour se tenait parmi les voyageurs. Sa valise rigide en cuir véritable était arrivée avant lui, avec les premiers bagages. Les autres passagers de première étaient déjà partis. La valise de cuir avait déjà fait une vingtaine de tours, mais il ne posait pas les yeux sur elle, le regard rivé
    sur l'orifice par lequel sortaient les bagages. Dix mètres plus loin, le hippie attendait toujours son gros sac à dos noir. Mr Higgins, son épouse et leur fille s'approchèrent du tapis roulant, poussant deux chariots au lieu d'un. Pour son premier voyage à l'étranger, Julie avait voulu un chariot rien qu'à elle pour transporter son unique valise et Pooky.
    Un par un, les bagages qui circulaient sur le tapis furent 212
    repérés par leur propriétaire, soulevés et déposés sur les chariots. Une longue colonne de voyageurs se dirigea d'un pas traînant vers la file ´
    Rien à déclarer ª, encore grossie par les passagers de deux jets - des Américains et quelques Anglais qui rentraient des CaraÔbes par Miami. Une douzaine d'hommes en uniforme, l'air faussement désouvré, faisaient le guet dans la file et près des tapis roulants.
    - La voilà, papa !
    Plusieurs personnes se retournèrent avec un sourire bienveillant. Pas moyen de manquer la valise de Julie. Une Samsonite de taille moyenne, couverte d'autocollants bariolés à l'effigie de ses héros de dessins animés favoris.
    Scoubidou, le Coyote et Tom et Jerry. Les deux grosses valises de ses parents apparurent au même moment. Toujours aussi minutieux, John Higgins les superposa avec soin pour qu'elles ne tombent pas du chariot. Repérant son sac à dos, le hippie dédaigna les chariots et le chargea sur ses épaules avant de s'éloigner vers la file verte. Après avoir enfin récupéré
    sa valise, qu'il posa sur un chariot, Mr Seymour lui emboîta le pas.
    Derrière le miroir sans tain des douanes, Bill Buder observait la procession matinale des voyageurs, semblable à un mille-pattes fatigué.
    Dans le hall de livraison des bagages, un porteur encore libre se pencha vers sa manche en lui glissant quelques mots.
    - Le hippie arrive en premier, juste maintenant. Le type au costume en soie suit dix mètres derrière.
    Le hippie n'alla pas bien loin. Il s'apprêtait à rejoindre la file verte pour gagner la sortie tant espérée, lorsque deux douaniers en uniforme lui barrèrent la route. En restant polis, bien entendu. D'une politesse irréprochable.
    - Pardon, monsieur. Vous voulez bien nous suivre ? Le Canadien explosa de colère.
    - Bon Dieu, qu'est-ce que ça veut dire ?
    - Nous vous demandons simplement de nous accompagner. Le hippie se mit alors à vociférer.
    - Une petite minute, bordel de merde ! Je viens de me taper treize heures d'avion et j'ai pas envie d'être emmerdé, c'est compris ?

    Comme pétrifiés, les gens qui attendaient derrière lui s'immobilisèrent.
    Ils s'empressèrent de détourner la tête en feignant de 213
    n'avoir rien vu, comme le font toujours les Anglais en cas d'esclandre, et poursuivirent leur laborieuse progression. Hugo Sey-mour se trouvait parmi eux.
    Toujours hurlant et protestant, le Canadien, qu'on avait délesté de ses deux sacs, fut poussé dans un bureau pour subir une fouille. La file d'attente recommença à avancer. L'homme d'affaires en costume crème était presque au niveau du portique de sortie lorsqu'il fut abordé à son tour.
    Deux douaniers se mirent en travers de son chemin tandis que deux autres se plaçaient derrière lui. Il n'eut pas l'air de comprendre immédiatement de quoi il retournait. Sous le bronzage, son visage ne tarda pas à perdre ses couleurs.
    - Je ne comprends pas. H y aurait un problème ?
    - Voulez-vous avoir l'obligeance de nous suivre ?
    Ils l'entraînèrent à son tour vers un des bureaux.
    Derrière le miroir sans tain, Bill Buder poussa un soupir. Le plus gros restait à faire. Mettre fin à

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