Le vétéran
d'avoir tué les wasichu jusqu'au dernier. Cette fois, il n'y aurait pas de quartier.
Comme le nuage de poussière disparaissait à mesure que les trois compagnies de Reno s'éloignaient le long de la rivière, Custer décida de laisser sur place les chariots contenant le fourniment, sous la garde d'une des six compagnies restantes. H entraîna les autres - la E, la C, la L, la I et la F - en direction du nord. Les collines empêchaient les Indiens de le voir, mais elles les dissimulaient également à sa vue. H lança alors au prévôt :
- Emmenez le prisonnier. qu'il voie un peu le sort que le 7e régiment réserve à ses amis.
Sur ce, il partit au trot vers le nord. Les cinq compagnies lui emboîtèrent le pas - un total de deux cent cinquante hommes. Craig se rendait compte qu'il ne percevait toujours pas le danger, car il faisait suivre trois civils pour les faire profiter du spectacle. Parmi eux se trouvait le journaliste Mark Kellog, un homme frêle au nez chaussé de lunettes. Plus grave, il entraînait avec lui deux de ses jeunes parents, dont il aurait d˚
se sentir responsable : le benjamin de ses frères, Boston Custer, ‚gé de dix-neuf ans, et un neveu de seize ans, Autie Rééd.
Les hommes allaient au trot, deux de front, sur une colonne d'un demi-mile environ. Derrière Custer venaient son adjudant-chef, le capitaine Cooke, et son ordonnance du jour, le soldat John Martin, qui était par ailleurs le clairon du régiment. Il s'appelait en réalité Giuseppe Martine. Immigré
italien, cet ancien
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clairon de Garibaldi ne maîtrisait qu'imparfaitement la langue anglaise.
Dix mètres derrière Custer chevauchaient le sergent Lewis et Ben Craig, toujours attaché à son cheval.
Comme ils s'enfonçaient au milieu des collines, prenant soin de ne pas cheminer sur la crête, ils se retournèrent sur leur selle pour voir le major Reno et ses troupes franchir la Little Bighorn afin d'attaquer par le sud. ¿ ce moment-là, Custer, voyant la mine lugubre des éclaireurs crows et rees, les invita à faire demi-tour. Ds ne se le firent pas dire deux fois.
Et ceux-là eurent la vie sauve.
Ils progressèrent ainsi pendant trois miles, puis ils montèrent sur la crête à leur gauche pour plonger enfin leur regard dans la vallée. Craig entendit se bloquer la respiration du grand sergent qui tenait la bride de son cheval, et il le surprit à murmurer ´ Doux Jésus ª. La berge opposée de la rivière n'était qu'une marée de tipis. Malgré la distance, Craig distinguait la forme des tentes et la couleur des décorations, qui permettaient d'identifier les tribus. H y avait là six villages c˚fférents.
quand ils voyageaient, les Indiens des Plaines se déplaçaient en colonne, tribu après tribu. Et lorsqu'ils dressaient un campement, ils formaient des villages séparés. Le campement était donc étroit et tout en longueur : six villages échelonnés sur la rive de l'autre côté du cours d'eau.
Lorsqu'ils s'étaient arrêtés quelques jours auparavant, ils se dirigeaient vers le nord. L'honneur de décider de la halte était revenu aux Cheyennes du Nord, et leur village se trouvait donc le plus au nord. Près d'eux s'étaient installés leurs plus s˚rs alliés, les Sioux Oglalas. Ils avaient pour voisins les Sioux Sans-Arcs et les Pieds-Noirs. Le second village en partant du sud était celui des Minneconjous, tandis que les Hunkpapas, attaqués par le major Reno, occupaient l'extrémité sud du village. La tribu avait pour chef et grand sorcier le fameux Sitting Bull. D'autres tribus étaient représentées, les Sioux Santees, Br˚lés et Assiniboins qui avaient planté leurs tentes près de leurs plus proches parents. Ce que les collines cachaient à présent au 7e régiment, c'est que l'offensive menée au sud par le major Reno contre les Hunkpapas de Sitting Bull avait tourné à la catastrophe. Une nuée d'Indiens avaient en effet surgi des tentes pour contre-attaquer. La plupart étaient à cheval et portaient des armes.
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H était presque deux heures de l'après-midi. Sur leur gauche, les hommes de Reno avaient été facilement et adroitement débordés par des guerriers à dos de poney, qui les avaient encerclés sur la prairie. Ils avaient été forcés de faire demi-tour et de battre en retraite dans un bosquet de peupliers de Virginie, près de la rivière qu'ils venaient de traverser. Bon nombre d'entre eux avaient mis pied à terre sous les arbres, d'autres avaient perdu le
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