Le vétéran

Linda Pickett. H ne tarda pas à lui répondre.
    quatre jours plus tard, elle reçut au courrier une coupure de presse datant du début de l'été. Mr et Mrs Michael Pickett, Mr et Mrs William Braddock avaient la joie d'annoncer les fiançailles de leurs enfants, Linda et Kevin. Charlotte siffla en haussant les sourcils. Pas étonnant que la fille n'ait pas tenu à rompre !
    - Ce doit être le fils de Big Bill Braddock, dit-elle à Craig. Vous savez, le roi du bifteck ? L'éclaireur fit non de la tête.
    - Bien s˚r, fit Charlie d'un air résigné. Vous, vous attrapez vous-même votre viande. Sans permis de chasse. Ben, le père est 5q8
    vraiment très riche. Il habite une grande propriété un peu plus au nord, pas loin de la Yellowstone. Vous connaissez la rivière ? Craig hocha la tête. Il avait parcouru toute la rive sud avec le général Gibbon, de Fort Ellis jusqu'au confluent avec la Tongue River, bien loin à l'est de la Rosebud, o˘ ils avaient rebroussé chemin.
    - Charlie, vous pourriez savoir la date du mariage ?
    - Vous vous rappelez votre promesse ?
    - Oui, je laisse tomber Linda Pickett.
    - C'est ça. qu'est-ce que vous avez derrière la tête ? Une petite surprise ?
    - Ouais...
    Charlie passa un autre coup de fil. Bien qu'on entr‚t dans le mois d'octobre, le temps restait doux et ensoleillé. Les prévisions météo à long terme annonçaient un véritable été de la Saint-Martin, avec un beau soleil jusqu'à la fin du mois. Le 10, un numéro de la Billings Gazette arriva avec le bus des touristes. En raison de la rentrée des classes, le flot de visiteurs se tarissait rapidement. Dans le journal que lui avait envoyé son ami, Charlie découvrit un article d'une colonne signé par le chroniqueur mondain. Elle en fit la lecture à Craig. Dans un style exalté, le journaliste évoquait le prochain mariage de Kevin Braddock et Linda Pickett. La cérémonie aurait lieu le 20 octobre au magnifique Bar-T Ranch, au sud de Laurel Town. En raison du beau temps persistant, le mariage serait célébré sur les vastes pelouses du domaine, à deux heures de l'après-midi, en présence d'un groupe d'invités rassemblant la bonne société et l'élite financière du Montana.
    Charlie continua jusqu'à la fin de la page. Ben Craig enregistrait les informations en hochant la tête.
    Le lendemain, le commandant du poste leur fit un discours sur le terrain de manouvre. L'expérience menée pendant l'été à Fort Héritage allait être suspendue pour l'hiver dès le 21 octobre. Elle avait remporté un succès remarquable et des messages de félicitations lui parvenaient de partout, émanant d'enseignants et d'hommes politiques.
    - Nous allons avoir fort à faire pendant les quatre derniers jours, dit le professeur à sa jeune équipe. Les salaires seront versés la veille de la fermeture. Avant de partir, il nous faut net-309
    toyer les locaux, tout ranger et tout préparer pour les grands froids de l'hiver.
    Charlie prit Ben Craig à part.
    - Ben, l'expérience touche à sa fin. Dès qu'elle sera terminée, nous pourrons remettre nos vêtements habituels. Oh, mais je suppose que c'est ça vos vêtements habituels. Mais vous allez recevoir un paquet de dollars. On pourrait aller à Billings et vous acheter des tennis, un jean, un lot de chemisettes et une paire d'anoraks pour l'hiver. Ensuite, je veux que vous veniez à Boze-man avec moi. Je vous trouverai un logement agréable et je vous présenterai à des gens susceptibles de vous aider.
    - Très bien, Charlie.
    Ce soir-là, Ben frappa à la porte du professeur. John Ingles était assis à
    son bureau. Un poêle à bois ventru rougeoyait dans un angle de la pièce, s'efforçant de réchauffer l'atmosphère vespérale. Le professeur accueillit chaleureusement son visiteur vêtu de peau de daim. Il avait été
    impressionné par ce garçon, par sa connaissance de la vie sauvage et de la Frontière, par sa façon de coller parfaitement à son rôle. Avec ses connaissances et un diplôme universitaire, le professeur aurait pu lui trouver une place sur le campus.
    - Ben, mon garçon, que puis-je faire pour vous ? fl sentait le moment venu de lui prodiguer quelques conseils paternels pour le futur.
    - Vous auriez une carte, major ?
    - Une carte ? Grands dieux, je dois bien avoir ça. De quelle région ?
    - Du fort o˘ nous sommes jusqu'au nord de la Yellowstone, s'il vous plaît, major.
    - Bonne idée. C'est toujours utile de connaître l'endroit o˘ l'on se trouve et