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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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cimetière. Celle de sa maman ?
    - Non. Il a pas de parents. Il les a perdus quand il était petit. C'est un orphelin, il a été élevé à l'institut Barnardo. Vous parlez sans doute de sa tante May. C'était sa marraine à l'orphelinat.
    Burns se représenta un petit garçon malheureux et abandonné, et une gentille dame qui essayait de recoller les morceaux d'une existence brisée.
    Vingt ans après sa disparition, il venait encore fleurir sa tombe pour son anniversaire. Dix-huit jours auparavant, ce geste lui avait été fatal.
    - Et ce Peter, vous l'avez rencontré o˘ ?
    - Au club.
    - Au club ?
    - Oui, au bureau de la Sécu. On s'asseyait ensemble, toutes les semaines.
    On nous donnait des sièges. Moi à cause de mon arthrite, lui à cause de sa patte folle.
    Burns les imagina assis tous les deux dans le hall de la Sécurité sociale, attendant que la foule des demandeurs soit moins dense.
    - Et quand vous restiez assis à attendre, il vous arrivait de bavarder ?
    - Oui, un petit peu.
    - Mais vous ne lui avez jamais demandé son nom de famille ?
    - Non, et il m'a pas non plus demandé le mien, pas vrai ?
    - Vous veniez pour votre retraite ? Et lui, il venait pour quoi?
    - Pour sa pension d'invalidité. Invalide à trente pour cent.
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    - ¿ cause de sa jambe. H vous a dit comment il s'était fait ça?
    - Bien s˚r. H était dans l'armée, dans les paras. H a fait un saut de nuit.
    Le vent l'a poussé et il s'est écrasé sur des rochers. Dans sa chute, il a été traîné sur huit cents mètres. quand ses copains l'ont trouvé, il avait la jambe droite en miettes.
    - Il était sans emploi ? Nobby prit un air dédaigneux.
    - Peter ? Jamais de la vie. H aurait jamais accepté un sou qui était pas à

    lui. Il travaillait comme veilleur de nuit.
    Bien s˚r... Il vivait seul, travaillait seul... Il n'y avait donc personne pour signaler sa disparition. Et il y avait de fortes chances pour que la société qui l'employait soit fermée pendant le mois d'ao˚t. Saleté de mois d'ao˚t.
    - Comment avez-vous appris son décès ?
    - Par le journal. C'était dans le Standard.
    - Mais ça remonte à neuf jours. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
    - Le mois d'ao˚t. Tous les ans au mois d'ao˚t, je vais passer quinze jours chez ma fille, sur l'île de Wight. Je suis rentré hier soir. «a fait du bien de retrouver les gaz d'échappement. Sans blague, avec ce vent marin, j'ai bien failli attraper la mort.
    H se racla la gorge avant d'allumer une nouvelle cigarette.
    - Et comment êtes-vous tombé sur un numéro vieux de neuf jours ?
    - Les patates.
    - Les patates ?
    - Oui, les pommes de terre, expliqua patiemment Nobby.
    - Je sais ce qu'est une patate, Nobby. Mais quel rapport avec la victime ?
    En guise de réponse, il extirpa d'une poche de sa veste une feuille de journal déchirée et jaunie. C'était la première page d'un numéro de VEvening Standard datant de neuf jours.
    - Ce matin, je suis allé chez l'épicier chercher quelques patates pour mon bouillon. Je suis rentré chez moi, j'ai déballé mes patates, et voilà-t-y pas qu'il me regardait depuis la table de la cuisine.
    Un épicier à l'ancienne, qui enveloppait les pommes de terre dans de vieux journaux. Sur le papier maculé de terre, le boiteux 79
    l'avait dévisagé. Au verso, sur la page deux, figurait l'encadré avec tous les détails, ainsi que le nom de Jack Burns, du poste de Dover Street.
    - Du coup, je suis venu vous voir tout de suite, pas vrai ?
    - Vous voulez qu'on vous raccompagne chez vous, Nobby ? Le visage du retraité s'éclaira.
    - «a fait quarante ans que je suis pas monté dans une voiture de police. Je vous jure, ajouta-t-il gentiment, on avait des flics de choc à cette époque.
    Burns appela Luke Skinner et lui demanda d'aller chercher la clé attachée à
    un ruban qu'on avait retrouvée dans la poche de la victime, et d'amener ensuite la voiture devant l'entrée. Après s'être renseignés sur l'adresse des bureaux de la Sécu, ils déposèrent Nobby devant son foyer-résidence et se rendirent sur les lieux. Les bureaux allaient bientôt fermer et les employés étaient disponibles. Brandissant sa carte, Burns demanda à voir le chef de service.
    - Je recherche quelqu'un. Prénom Peter, nom de famille inconnu. Taille et corpulence moyennes, cheveux gris, dans les cinquante, cinquante-cinq ans.
    Il souffrait d'une claudication prononcée, et il touchait une pension d'invalidité à trente pour cent. D'habitude, il

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